Comment parler des élections au Québec

Les élections approchent. Sois prêt! Come on, je te dis comment. 3, 2, 1, GO!

Commence par dire que tous les partis sont poches. Rajoute que, cependant, tu vas faire un effort pour voter pour le moins pire, juste pour dire que tu exerces ta responsabilité de voter dans une société démocratique.

Chiale que ton bureau de vote est trop loin, trop petit, trop grand, ou dans une église en ruines avec des tuyaux pétés qui coulent du plafond.

Sois en criss contre ton boss qui est fru que tu manques de la job. Sois content que ton université soit fermée.

Stresse sur le fait que tu n’as pas encore reçu ton petit papier qui te dit où voter. Stresse sur le fait que tu as reçu ton papier qui te dit où voter mais que ton nom n’est pas dessus. Blâme le PQ de vouloir t’empêcher de voter. Appuie ton argument avec l’exemple d’un gars qui vit dans l’ouest du Québec pis que ça fait 40 ans qu’il est inscrit sur la liste électorale mais pas cette élection-ci, maudit PQ. Insurge-toi contre le fait que tu es domicilié au Québec pour tes études mais que tu ne peux pas voter parce que la seule preuve de résidence que tu as c’est un bail décoloré sur lequel le chat de ta coloc a pissé.

Commence une phrase par “si Option Nationale était au pouvoir”.

Dis à tout le monde qui veulent voter pour les Libéraux qu’ils ont la mémoire courte. Frappe sur une casserole au besoin. Dis à tout le monde qui veulent voter pour le PQ qu’ils ont la mémoire courte. Laisse un grand silence passer.

Parle-nous de comment tu trouves Françoise David cute et que tu voudrais que ce soit ta mère, ta tante, ta femme, ou la madame qui te vend tes graines de chia au Rachelle-Béry.

Pars un Tumblr avec Legault qui regarde amoureusement des tomates de serre, Marois qui flatte un poney nain, Couillard qui verse une larme dans le St-Laurent par une journée venteuse sur le deck d’un bateau de croisière. Demande-toi où est passé Amir Khadir.

Extrapole sur les potentiels candidats-artistes, envouèye, vas-y, lâche-toi lousse: Marie Carmen, Carmen du Rapido, Carmen Campagne, tout ce que tu veux.

Vois des conspirations partout, particulièrement avec Québécor, PKP et le fantôme de JFK. Prépare tes chapeaux d’aluminium pis appelle Mel Gibson. Si au moins, comme les Californiens, on avait Arnold comme député pour nous protéger.

Parle de ton opinion sur la Charte. Appuie tes arguments en parlant de ton identité nationale, de ta grandeur d’esprit, ou ben de la fois où un symbole religieux t’a brûlé les yeux.

En pensant à l’hypothétique victoire du parti que tu détestes, menace de déménager dans un endroit chaud où le printemps arrive vraiment au mois de mars, ou pire, menace de déménager quelque part dans le ROC. Dis que si ce parti-là gagne, tu vas écrire un statut Facebook plein de majuscules, tu vas prendre un selfie avec une baboune par en bas, tu vas envoyer un Snapchat de toi qui vomit sur une pancarte électorale du candidat qui a gagné dans ta circonscription.

Rappelle-nous à quel point on est en train de perdre de l’argent avec « ces maudites élections-là». Avec tout cet argent là, toi, tu pourrais créer une nouvelle équipe de hockey, construire 4 nouveaux ponts, financer une suite pour Les Filles de Caleb.

Répète tout ça dans l’ordre ou dans le désordre, rajoute des arguments, enlève des arguments, fais ça jusqu’au 7 avril, vote, au pire ferme les yeux pis coche une case. Toute va ben aller. Ou pas, on verra.