Comment on fait pour rencontrer l’amour passé 30 ans?

J’ai été en couple pour la plus grosse partie de ma vingtaine. Quand j’ai commencé à sortir avec mon ex, les gens commençaient à peine à installer une app qui s’appelait Tinder. Bref, disons que c’était un autre monde.

Je voyais mes ami.e.s célibataires me parler du marché du célibat comme d’un enfer sur Terre, et pour être franc, ça me semblait exagéré… jusqu’à ce que je retourne moi-même au célibat.

Ils et elles n’avaient pas tort, finalement.

Et la discussion qui revient le plus souvent dans mon entourage, c’est : « Comment on fait pour rencontrer du nouveau monde passé 30 ans? » Dans la jeune vingtaine, c’est moins pire : on rencontre du monde au cégep, à l’université, en commençant un nouveau travail, et les partys sont nombreux.

Mais quand on a le même travail depuis des années (ou qu’on est travailleur.euse autonome), que nos ami.e.s commencent à avoir des enfants et que l’école est un lointain souvenir, c’est où qu’on rencontre du monde?

Je vous rassure : ce n’est pas mission impossible. J’ai parlé avec plusieurs personnes qui ont rencontré l’être cher à un âge où on sait c’est quoi un REER, et vous allez voir, les histoires sont variées.

Zoé a rencontré son amoureux dans le cadre de son travail. « Lors d’une projection de films à un événement Kino, il a présenté un film, raconte-t-elle. J’ai vu son film, et je me suis dit : ”Wow, sa parodie, c’est comme la mienne, faut que j’y parle, faut qu’on fasse des projets ensemble!” »

« Au début, c’était vraiment amical, je l’amenais voir des conférences, des panels de discussion que je trouvais intéressants, je voulais vraiment qu’on travaille ensemble. Les deux, on était en couple, alors je me disais : ”Parfait, il est cute, mais on se cruisera pas, c’est simple.” Mais il a fini par être célibataire, j’ai fini par être célibataire, et on se donnait des conseils sur nos histoires de dates. »

Curieusement, le fait de parler de leurs dates respectives les a rapprochés : « Apprendre à connaître quelqu’un sans se mettre la pression que ça soit une date potentielle, ça nous a permis d’être vraiment nous-mêmes. Les confidences que quelqu’un te fait sur ses problèmes de relation, ça t’en dit beaucoup sur lui aussi! »

Zoé et son ami ont fini par se rendre à l’évidence; ils étaient tombés amoureux l’un.e de l’autre. Et maintenant, ils ont même un enfant ensemble!

Visiblement, les apps de rencontre, c’est pas juste pour les jeunes fuckboys. Des gens de tous les âges y trouvent l’amour. C’est le cas de Mireille, qui a rencontré son nouvel amoureux sur Tinder.

« C’est un Montréalais nouvellement installé à Matane, donc nous avions tous les deux inscrit plus de 100 km [dans le rayon de recherche de profils]. T’sais, pour se donner une chance. » Le jeu en a valu la chandelle, parce que le coup de foudre a été presque instantané.

Il y a seulement quelques mois que cette fille du Bas-du-Fleuve a rencontré son Montréalais, mais leur relation est devenue sérieuse rapidement, tellement qu’ils habitent déjà ensemble.

Quand je demande à Mireille pendant combien de temps elle a été célibataire, elle me répond en riant : « Je dirais un gros cinq minutes… En vrai, quelques jours. Visiblement je suis une fille de couple! » C’est peut-être aussi les avantages de la maturité. « Je sais maintenant plus rapidement ce que je veux et ce que je ne veux pas », constate-t-elle.

Paul, qui est auteur, a rencontré sa blonde lors d’un lunch professionnel. « Elle travaillait pour un réseau télé et cherchait à rencontrer des auteurs ayant potentiellement des projets de comédies », relate-t-il. Même si le projet n’a finalement pas fonctionné, Paul, lui, s’en était trouvé un autre : l’après-midi même, il invitait sa future copine à une deuxième rencontre, mais pas dans un cadre professionnel cette fois.

« J’avais vraiment un coup de foudre et c’était réciproque », dit-il. Tellement réciproque que 20 ans plus tard, Paul et sa douce sont toujours en amour.

Quand je le remercie de m’avoir raconté son histoire, Paul m’émeut une dernière fois : « Fait plaisir, nous avons une belle histoire d’amour. »

Sylvain a une histoire unique : il a rencontré sa blonde au travail, mais elle n’était pas une collègue.

« Je travaillais dans un bar de jeux de société, je faisais des animations, explique-t-il. On voyait souvent des dates, des gens qui venaient jouer à des jeux de société pour voir si ça cliquait. »

Eh oui, sa blonde était sur une date… avec quelqu’un d’autre! « Deux personnes se sont présentées, un gars et une fille, et je suis allé leur expliquer un jeu, mais le gars était pas super agréable, il me coupait dans l’explication de mes règles. »

« Quand je n’avais rien à faire, je m’installais souvent dans le milieu de la salle, pour être disponible si quelqu’un avait besoin d’aide ou d’explications. J’entendais donc des bribes de leur conversation et le gars était super désagréable avec elle. Un moment donné, ils m’ont appelé à leur table pour une clarification de règles, parce qu’elle avait fait un super score, qu’il avait perdu et qu’il l’accusait d’avoir triché. Je me suis mis à faire des petites blagues à la fille pour essayer de compenser. »

Bref, Sylvain essayait d’être sympathique, pas pour flirter (ce qu’il me précise n’avoir jamais fait avec une cliente), mais bien parce qu’il voulait que tout le monde passe une bonne soirée dans l’établissement où il travaillait, même les personnes en date avec un douchebag qui n’accepte pas de perdre aux Colons de Catan.

Mais l’opération charme de Sylvain a fonctionné mieux qu’il ne le croyait. « Le lendemain, dans ma boite Messenger, j’avais un message de sa part, elle m’avait retracé sur Facebook grâce à la page du bar, se souvient-il. On s’est parlé toute la journée pis le soir même, on est allés prendre un verre. »

Comme quoi une mauvaise date peut parfois mener à une rencontre beaucoup plus agréable!

Avez-vous déjà entendu l’expression « l’amour rend aveugle »? C’est vrai pour Julee et son chum : « Il était dans mes amis Facebook, raconte-t-elle. Je ne l’avais jamais vraiment remarqué auparavant, mais lui, oui, depuis longtemps. »

Un jour, Julee a fait une publication pour dire qu’elle cherchait un ordinateur pour le travail, et son Roméo a sauté sur l’occasion. « Il a répondu qu’il en avait un pour moi. Il est venu chez moi le porter, mais il ne voulait pas que je le paie; il préférait un repas en ma compagnie. J’ai accepté même s’il était zéro attirant et semblait être du style à jouer au Scrabble le samedi soir. Bref, je me suis réellement trompée : c’était un gars très amusant, intelligent avec des superbes valeurs et des superbes qualités. Assez vite, j’ai oublié le côté physique et je suis tombée dingue de lui. »

Comme quoi l’amour, c’est parfois plus que de tripper sur la photo de quelqu’un!

À retenir de toutes ces histoires : l’amour peut frapper de façon inattendue, peu importe notre âge. Des fois, ça passe par les traditionnelles applications de rencontre, parfois, par le travail, et des fois, ça se passe par un post Facebook pour acheter un ordinateur usagé.

Bref, qu’on ait 20 ans, 30 ans ou 70 ans, l’amour, c’est souvent un accident.

Pis c’est ben correct comme ça.

*Prénoms fictifs