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Comment mes voisins ont dû me trouver franchement terrifiant

par inadvertance

Par
Charles Beauchesne
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Il y a vraiment des jours où j’ai l’impression d’être poursuivi par une malédiction. Tout d’abord, il serait intéressant de mentionner que je ne croise quasi jamais les autres locataires de mon bloc appartement, et ce, pour deux raisons:

  1. Je suis un ermite en pyjama qui travaille à partir de la maison.
  2. Les rares fois où je sors de chez nous pour m’alimenter, c’est parce que je suis en spectacle (oui, outre être auteur de fables de dépression pour URBANIA, je suis également un illustre humoriste pas connu), donc la seule fenêtre temporelle où ils ont une chance de m’apercevoir c’est à 19h quand je quitte en me parlant à voix haute pour mémoriser mes textes et vers 2h30 du matin quand je rentre en me parlant à voix haute parce que je suis en criss pour cause d’absence totale de relations sexuelles.

En fait, j’ai récemment fait le bilan pour réaliser avec un certain amusement que la plupart des fois où la grande roue du destin a bien voulu me faire croiser un autre locataire, c’est exactement au moment où je m’adonnais à une activité somme toute très libre à interprétation, si par “libre à interprétation” on entend bien sûr : “Le voisin est un individu à tenir le plus loin possible de nos familles, je crois qu’il mange d’autres êtres humains.”

Je dérogerai donc à ma formule habituelle pour vous présenter, pas une, mais bien vingt-cinq mini anecdotes en format collation Kraft, de ces fois où j’ai, bien malgré moi, donné envie à des gens de déménager :

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  1. Cette fois où j’ai décidé de sortir les ordures en chest parce qu’il faisait 30 degrés alors que j’écoutais un film sur Jack l’Éventreur et que j’ai malencontreusement marmonné beaucoup trop fort en barrant ma porte : “Bon, vite, avant qu’on passe à la prochaine pute.”

Voilà qui en était terminé pour toujours avec ma voisine qui sortait faire chier son pug…

  1. Cette fois où, pour me faire plaisir, ma mère m’avait offert un crâne de mammifère africain pour Noël et que j’ai décidé de le transporter jusqu’à chez nous en utilisant ma tête comme point d’appui. Je vais m’avancer en théorisant que la fille saoule dans l’ascenseur ne l’avait pas nécessairement vu venir celle-là.
  1. Détail intéressant, l’aile du bâtiment face à ma fenêtre accueille des bureaux de je-ne-sais-trop-quoi où des gens travaillent parfois jusqu’à des heures avancées. Que les choses soient bien claires, ma fenêtre est très grande, je ne ferme pratiquement jamais les rideaux, on peut voir TOUT ce qui se passe chez nous… Donc, cette fois où je suis tombé dans la lune en nettoyant des couteaux, et que j’ai réalisé que je fixais sans le savoir un gars sorti fumer, directement dans les yeux depuis cinq minutes.
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  1. Continuons avec les employés du bureau adjacent, toutes ces fois où ils ont eu la chance de voir jouer chez moi, en même temps, de la pornographie sur mon ordinateur et des films d’archives sur l’Allemagne nazie (J’aime ça les documentaires, bon!).
  1. Dans un ordre d’idées similaire, la fois où deux filles dans l’ascenseur m’ont demandé la signification d’un tatouage que j’ai sur le bras, et que je me suis trouvé vraiment rigolo de répondre : “Ça représente la suprématie de la race blanche.”

Deux potentielles amies directement à l’incinérateur…

  1. Toutes ces fois où il a été possible de m’entendre crier à travers ma porte : “Qu’est ce que j’ai dit à propos des chats sur les comptoirs!” ainsi que “Qui a mangé ma viande? MA VIANDE!”
  1. Cette fois où, lors de mon déménagement, un gars est sorti promener ses chiens exactement au moment où je mentionnais à ma mère au téléphone: “Dans quelle boîte on a rangé… Tsé mes photos d’humains avec des têtes d’animaux?”
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  1. Cette fois où je venais de faire l’acquisition d’un mannequin de vitrine à rabais (Oui oui, la décoration est weird chez nous…) et qu’un homme est descendu porter son recyclage dans le bac, pile à l’instant où je savonnais un torse de femme en plastique.
  1. Toutes ces fois où en ouvrant la porte de mon appartement le thème de Darth Vader joue super fort sur mon système de son.
  1. La fois où mon chat Nestor s’est sauvé et que j’ai eu la géniale idée d’aller le chercher en serviette parce que “ça va être une affaire de deux secondes”. Ce fut une affaire de vingt minutes, et oui, j’ai dû confronter quelques humains en tant que “gars tout nu qui essaie d’attraper un chat”.
  1. Parce qu’en été, j’ai l’air de ça:
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  1. La fois où j’avais mangé des biscuits au pot avec une amie, qu’il y a eu une alarme d’incendie à 3h AM et qu’on s’est retrouvés bloqués dans un ascenseur avec un gars qui a dû endurer un bon dix minutes de : “Faut s’enfuir! Faut s’enfuir! Faut s’enfuir! C’est crissement pas nous autres promis!”
  1. Il m’arrive souvent de fredonner la toune de “Ma petite pouliche” dans les couloirs.
  1. La fois où une voisine est venue m’emprunter un tire-bouchon et que j’ai aléatoirement répondu “Quel modèle?” Je vous jure que j’ai juste un modèle de tire bouchon à la maison, néanmoins elle a dû se dire que j’avais un champ d’expertise vraiment étroit.
  1. La fois où un gars nettoyait les vitres de l’édifice alors que je découpais des femmes dans une revue de mode (pour un projet…).
  1. Ce jour où j’ai décidé d’amener tous les objets tranchants de la maison chez l’aiguiseur, en les transportant dans mes mains…
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  1. La fois où un renard s’est infiltré dans le bloc, qu’une voisine a crié en l’apercevant, et que l’explication que j’ai donnée à son chum qui se sortait la tête du cadre de porte pour voir ce qui se passe fut : “C’est pas moi, c’est un renard!”
  1. La fois où j’accueillais temporairement un troisième chat à la maison, qu’un soir je rentrais avec une fille, qu’ils se sont tous sauvés en même temps quand j’ai ouvert la porte, et que tout ce que j’ai trouvé à lui dire c’est: “Je te promets que ce n’est pas tous les miens…”
  1. La fois où j’ai reçu mon ami et collègue Alex Douville à la maison et que j’ai évidemment dû spécifier à des gens le lendemain que ce n’était pas un deal de drogue entre skinheads…
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  1. La fois où, pour cause de mauvais timing de party d’Halloween, plusieurs résidents des environs ont pu apercevoir à divers moments de la journée un gigantesque hot dog qui fume des cigarettes en ayant l’air d’attendre quelqu’un.
  1. Cette fois où je suis revenu d’une journée en tant que comédien de maison hantée, sans sourcils, le visage barbouillé de sang en sifflant comme si de rien n’était.
  1. Le jour de mon déménagement, j’avais cru amusant d’écrire sur une de mes boîtes : “pornographie hautement complexe”.

Évidemment, c’est cette boîte qui est restée dans le couloir le plus longtemps.

  1. Un jour j’ai déjà ouvert la porte au facteur d’un énergique : “Ah! mes souliers du Moyen Âge! Enfin!”
  1. Un jour, pour un contrat d’animation, je faisais du covoiturage avec deux collègues qui avaient préalablement pris le temps de se maquiller pour gagner du temps. D’un oeil extérieur, plusieurs locataires ont eu droit à deux clowns de cirque qui viennent cogner à ma porte avant que je ne les suive dans une voiture…
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  1. Et finalement, cet épisode mémorable où je pratiquais un numéro de drag queen à 11h du soir, que mon voisin du dessous est venu cogner pour se plaindre du bruit des talons hauts et que la seule chose à laquelle il eut droit fut une voix d’homme à travers la porte qui disait : “OK, OK, je vais me coucher!”

***

Pour lire un texte sur la nostalgie du bon voisinage: Les voisins.

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