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Comment les «streamers» de jeux vidéo sont-ils rémunérés?
URBANIA et L’ONF s’unissent pour vous faire découvrir une toute nouvelle façon de voir les jeux vidéo.
Si vous suivez le monde des jeux vidéo ne serait-ce qu’un minimum, vous savez que depuis peu, on a assisté à la montée d’un tout nouveau pan du monde du jeu: le streaming.
Depuis l’explosion de Twitch, des millions de personnes s’agglutinent chaque jour pour voir leurs joueurs préférés faire une partie de leur jeu favori.
Évidemment, cette explosion fulgurante a créé une espèce de ruée vers l’or, où tout le monde veut sa part du nouvel El Dorado.
Quand on regarde Ninja, ce streamer de Fortnite qui a battu tous les records de Twitch, dont les revenus sont estimés se situer quelque part entre 500 000$ et 1,7 millions $US par MOIS, on comprend l’engouement.
Mais être streamer au Québec, est-ce aussi payant? Et comment ils font leur argent, les streamers?
Un plus petit marché
«Je ne connaissais pas beaucoup la plateforme, je ne pensais pas du tout à l’argent. Je streamais dans le but de me faire reconnaitre comme une bonne joueuse de Hearthstone».
«Les seuls streamers au Québec qui vivent de ça, ils sont suivis en France» nous dit Alban Quénoi, journaliste e-sports chez RDS Jeux vidéo. L’ennui, comme pour pas mal tous les artisans du web au Québec, c’est que malgré notre voracité pour le divertissement, nous avons une population peu nombreuse.
Même chez les streamers les plus populaires, difficile d’en vivre, donc. Ce n’est pas demain qu’un streamer avec l’accent d’Elvis Gratton va menacer les 14 millions d’abonnés de Ninja.
Est-ce que ça veut dire pour autant qu’il n’y pas d’argent à faire ici, si on refuse de prendre l’accent de Natasha St-Pier ou de parler la langue de Captain America?
Pas du tout.
Une streameuse-type
J’ai discuté d’argent avec la streameuse québécoise PiinkiSamiii, qui a généreusement accepté de m’ouvrir ses livres.
PiinkiSamiii est un bon exemple de streamers à l’échelle du Québec. Sans faire partie des rares exceptions de joueurs qui connaissent un grand succès à l’international comme Steelhorse et Aikiliou, elle est en ce moment sur une belle lancée: après un an à streamer, elle a rejoint l’équipe Livid comme joueuse de Hearthstone en plus de rejoindre l’équipe de Pèse sur Start du Journal de Montréal (FYI, les équipes d’e-sports recrutent les joueurs prometteurs et leurs fournissent, en échange d’un pourcentage sur les gains des joueurs, des services qui peuvent varier selon l’équipe: équipement, entraînement, parfois même un salaire).
«Je ne connaissais pas beaucoup la plateforme, je ne pensais pas du tout à l’argent. Je streamais dans le but de me faire reconnaitre comme une bonne joueuse de Hearthstone».
Son jeu de choix, Hearthstone, est un jeu de cartes extrêmement populaire ressemblant à Magic (elle joue aussi à Magic the Gathering, d’ailleurs), mais qui se joue uniquement sur ordinateur. Le jeu, à la base, est gratuit, mais vous pouvez évidemment débourser pour avoir la chance d’obtenir de meilleures cartes.
C’est lors de ses études en informatique que ses collègues (surtout masculins) lui font découvrir le jeu. Elle tombe en amour avec le jeu, et décide d’y jouer sur sa scène, après que ses amis l’aient taquinée en lui disant qu’elle aurait du succès puisqu’elle est une fille.
Ce n’est surtout pas l’argent qui l’a motivée au départ: «Je ne connaissais pas beaucoup la plateforme, je ne pensais pas du tout à l’argent. Je streamais dans le but de me faire reconnaitre comme une bonne joueuse de Hearthstone».
Par contre, streamer c’est beaucoup de travail: «il y a beaucoup de préparation derrière un live, et ça peut être difficile mentalement et physiquement à long terme». Ça ne peut sembler qu’un jeu, mais il y a de la gestion à faire, il faut se préparer: il faut installer et entretenir l’équipement de diffusion, penser à des idées pour rendre le stream plus intéressant, planifier les diffusions, etc. Sans compter qu’on devient un peu le PDG de sa propre petite PME, dont il faut faire la promotion et gérer les réseaux sociaux.
Payant, streamer au Québec?
Je demande à PiinkiSamiii si elle gagne sa vie avec le streaming. « Non, j’ai mon travail 8 à 5. J’ai atteint un âge où c’est le temps de ramasser un fonds de pension».
Je demande à PiinkiSamiii si elle gagne sa vie avec le streaming. « Non, j’ai mon travail 8 à 5. J’ai atteint un âge où c’est le temps de ramasser un fonds de pension».
Les revenus proviennent de plusieurs sources. Sur Twitch, les spectateurs peuvent faire des dons s’ils apprécient le spectacle qui leur est offert. Twitch verse également une compensation aux streamers selon le nombre de leurs abonnés ainsi que le nombre de publicités vues grâce à leur stream.
Dans le cas particulier de PiinkiSamiii, ses collaborations à Pèse sur Start lui rapportent également un revenu.
Par curiosité, elle a décidé de calculer son revenu selon le nombre d’heures passées à diffuser. Résultat? « J’ai gagné environ 6$ de l’heure en live. [Et] on ne compte pas les heures pour la gestion et la préparation, pour alimenter nos réseaux sociaux, faire de la publicités, etc.»
Bref, on est bien loin du salaire minimum.
Heureusement, pour PiinkiSamiii, c’est avant tout une question de passion: «Aujourd’hui, c’est un besoin que j’ai de streamer. J’ai travaillé au public pendant mes longues années d’études, le streaming me permet de combler le manque d’interactions sociales de mon travail de programmeur-analyste».
Mais l’argent aide à compenser pour tout le travail que ça demande: «C’est quand on commence à faire des sacrifices pour avoir un horaire stable qu’on commence à voir ça comme un travail et qu’on espère en retirer un salaire. […] S’il n’y avait pas le côté lucratif de la chose, je streamerais très certainement encore, mais de façon beaucoup plus “casual”, moins fréquente».
Merci à PiinkiSamiii, dont vous pouvez suivre la chaîne ici.
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