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Comment les acteurs gèrent-ils la fin d’une série télé?
Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais Game of Thrones a diffusé son dernier épisode en mai dernier (LOL, excusez-moi ; fallait presque vivre sous une roche pour ne pas le savoir). Si ça a provoqué une micro-tempête de jasettes pleines de déni devant les machines à café, des larmes dans les chaumières et beaucoup trop de stories affligées dans nos vies, imaginez un peu dans celle des comédien. ne. s qui ont participé au projet.
Kit Harrington, notre fameux Jon Snow, aurait comme qui dirait pété un câble face à l’ampleur de la peine. Dépendance à la drogue et à l’alcool, cure de désintox… « La fin de la série l’a vraiment marqué » a même déclaré un « proche » au magazine à potins Page Six. Mine de rien, ça mène à des questions. Plus près de nous, est-ce que les comédien.ne.s mangent leurs bas quand un projet dit ciao bye? En gros, comment font-ils pour garder le sourire devant les kodaks malgré les deuils qui pullulent (carrément) dans le métier? J’ai pris le téléphone pour en avoir le cœur net.
It’s a wrap!
« Mickaël Gouin devait finir une journée plus tôt que le reste de l’équipe parce qu’il avait des engagements ailleurs. Quand on a dit “It’s a wrap pour Mickaël Gouin”, ça a été un moment très précieux dans mon cœur », lance un Guillaume Lambert, ému en repensant à la websérie L’âge adulte, qu’il a écrite et dans laquelle il jouait un des rôles principaux. Trois saisons tournées à la vitesse de l’éclair, souvent avec les moyens du bord. « Ça rapproche. On ne l’a pas échappée. »
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Les derniers jours et minutes d’un projet sont souvent chargés, presque irréels. Julianne Côté en sait quelque chose. « En tournant dans Le Chalet, je me suis fait des amis super importants. On savait que l’équipe visait cinq ans pour cette émission. On a pu se préparer… Mais la dernière saison, on disait à outrance que la fin approchait. “L’ultime clap, l’ultime répétition, l’ultime braillage…” Ça n’a pas empêché la dernière journée d’être hyper triste. C’était violent de voir le chalet se vider de nous, de nos énergies. Quand on a clappé pour la dernière fois, tout le monde s’est mis à pleurer. On a pris un verre de bulles, pis on était super saouls ben trop vite. »
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Après une décennie en tournée pour la pièce Incendies de Wajdi Mouawad, Richard Thériault a aussi trouvé la fin particulièrement brutale. « C’était une famille. On pleurait tellement en jouant la dernière représentation dans la ville de Champagne! On nous a apporté une excellente bouteille pour souligner la fin. Le champagne n’était même pas bon! C’est comme si la fin affectait tout le reste. » Ironie, quand tu nous tiens…
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« C’est après quelques semaines que ça a droppé » — Marc Paquet
La fin d’un projet, ça vient souvent avec une belle part de déni. Parce que les rôles marquants ne courent (tellement) pas les rues, ça a toutes les chances du monde d’être difficile quand une série télé/pièce de théâtre/film/name it se termine.
Déjà qu’un deuil en soi n’est pas easy breazy à prendre, le comédien Marc Paquet a dû dire adieu à trois projets à quelques semaines d’intervalle. « C’est ce qui est particulier dans mon cas. Belle-Baie, La Galère et Mauvais Karma se sont terminés d’un coup. Du jour au lendemain, tu tires la plug. Le vide est intense en tabarouette. Les premiers jours, j’étais encore sur une erre d’aller. C’est après quelques semaines que ça a droppé. Mixe ça à une crise de la quarantaine et hop. Ce n’était pas joli joli. »
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Marie-Andrée Lemieux, qui a décroché le rôle de Louise Tétrault dans Demain matin, Montréal m’attend avant même de finir sa formation en interprétation à l’École nationale du théâtre du Canada, a vécu le rêve. Après un an et demi de « pur bonheur, j’en ai te-lle-ment profité! » au sein de la populaire comédie musicale, l’artiste fait aujourd’hui face à son premier creux. « Ma peur, c’est que ce soit la première et la dernière fois que je vive un trip comme ça. Là, je te parle et je vais bien. Demain, tu pourrais m’appeler et je serai en larmes. C’est pas toujours facile. »
Comment faire pour dire bye à un projet le fun et ne pas virer complètement dingue devant l’incertitude de ce merveilleux — mais ô combien ingrat — métier? Maude Demers-Rivard, qui a connu un début de carrière intense en jouant dans la série à succès Le Monstre et dans la pièce ColoniséEs, a vécu son plus grand deuil… face à sa formation en jeu à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM. « Pendant des années, on ne faisait que jouer, jouer, jouer. Quand on sort dans le vrai monde, il y a des moments incroyables, mais aussi des énormes vides. J’ai dû consulter pour apprivoiser mon rapport au temps. Je sais qu’il va y avoir d’autres projets, mais c’est difficile. » Même son de cloche du côté de Marc Paquet. « [Suivre une thérapie] a été la meilleure décision de ma vie. Ça m’a permis de passer à autre chose. »
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Catherine Brunet, qui a aussi eu une grosse peine à la fin du Chalet, a vécu ses émotions au fur et à mesure. « Je ne suis pas du genre à linger. Mon chum (NDLR : Antoine Pilon, qui joue aussi dans la série) et moi, on est pareils. On s’est mis de la musique triste pour la dernière ride vers Saint-Donat. Ça a permis de mieux faire passer la pilule. »
Richard Thériault a aussi eu besoin de vivre pleinement sa tristesse. « J ’avais une pause de quelques semaines en Europe. Par un drôle de hasard, je me suis retrouvé sur le Chemin de Compostelle! Je l’ai fait pendant trois semaines. Ça a été super bénéfique. J’ai retrouvé mon équilibre. »
Et si c’était ça l’idée, en fait? Se lancer dans une autre aventure, qu’elle implique des bottes de marche ou pas? « C’est triste pour n’importe quelle gang qui se sépare après X nombre d’années. C’est comme le secondaire ou la fin d’une job. Quand je parle de la fin du Chalet, j’ai parfois l’impression de jaser de la Deuxième Guerre mondiale. J’essaie toujours de me ramener. La fin d’un projet, ça veut juste dire le début d’un autre! », lance Catherine Brunet.
Amen?