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Comment la ville de Saguenay est devenue la mecque du court-métrage

Récit rempli de gratitude d'une actrice qui a vécu l'expérience du Festival REGARD sur le court-métrage.

Par
Ines Talbi
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URBANIA et le Festival REGARD sur le court-métrage s’unissent pour vous parler de la ville la plus chaleureuse au Québec et du festival qui l’allume chaque année depuis 23 ans.

Je suis une actrice. J’adoooore les courts-métrages. J’adore mon Québec et ses régions.

Mais, fouille-moi pourquoi, je ne suis jamais allée au Festival REGARD.

Ce festival, créé y a 23 ans par Sébastien Pilote et Éric Bachand est un projet de jeunes créateurs qui ont eu la folle idée de créer un monstre artistique dans leur contrée. Je suis toujours séduite par ces folies décentralisées de Montréal. Faire de l’art partout pour tout le monde. Bravo.

Je sais, je sais, je vous entends crier que c’est absurde et farfelu.

En 23 ans d’existence de ce délicieux festival, moi, comme une grande nouille, je restais évachée dans mon divan montréalais sans me rendre compte de l’échec de mes choix.

C’est pourquoi quand on a demandé à mon fessier bordé de nouilles d’aller couvrir ce super évènement dans sa région grandiose, comme une folle dans une poche, j’ai dis oui. Oui à tout. Le train qui part de Montréal tôt pour rouler 12 heures jusqu’à Jonquière avec 30 inconnus. Oui à 160 films présentés. Oui aux multiples 5 à 7. Oui aux microbrasseries, aux sandwichs de l’Érudit, au Tempo et à l’Hôtel Chicoutimi qui nous enivrent jusqu’au lever de soleil, aux vieux amis de la grande ville, mais surtout, oui aux nouvelles rencontres.

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RENDRE LE CINÉMA PLUS ACCESSIBLE AUX JEUNES

On m’avait beaucoup parlé du travail de Marilou Desbiens et de Sylvie Poisson qui mettent en lumière le court-métrage jeunesse et qui organisent, en lien avec le festival, des rencontres avec les étudiants de la ville.

Jean-Carl Boucher, qu’on peut juste aimer, a été à la rencontre de jeunes Saguenéens pour parler cinéma, court-métrage et art. Ces initiatives sont là pour créer une rencontre avec la jeunesse, mais aussi pour créer une pérennité et faire de cet art un médium concret et démocratique.

UNE PREMIÈRE PLEINE D’ÉMOTIONS

Le soir de la première, Melissa Bouchard, qui est la directrice de programmation (et que je voudrais comme amie) a commencé la soirée en félicitant l’immense travail et de la survie de ce festival grâce à l’équipe qui l’entoure. Que c’est ensemble collectivement qu’on arrive à créer l’impossible beauté. Ce moment qu’elle avait pour s’auto louanger de son travail à elle et de sa programmation de feu, elle l’a pris la parole pour souligner le soutient indispensable et la rigueur de sa gang de REGARD. Une femme monoparentale qui fait de la direction de programmation, c’est dans l’ordre de l’héroïsme. Elle a levé son chapeau à cette équipe et j’ai eu des frissons. Je dirais que les mille personnes dans la salle avaient la larme à l’œil. Le féministe et l’humanisme venaient de faire un grand pas. Sans flafla. Sans Kodak. C’était juste, puissant et beau. Comme ce festival.

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Après cette élocution et ce premier programme de courts-métrages en compétition qui m’a fait pleurer comme un bébé-lala (Brotherhood de Meryam Joobeur) et qui m’a donné le goût d’aimer sur la Lune (Lunar Orbit Rendezvous de Mélanie Charbonneau), la nuit REGARD m’a fait comprendre que le sommeil, c’est pour les peureux et qu’à Saguenay, la vie, ça se fête.

SAGUENAY PÈTE LE FEU

Les bars sont pleins, les hôtels deviennent des pistes de danse et des discussions incroyables avec des centaines de créateurs de partout dans le monde. Un voyage au bout de la nuit qui annonce une fin de semaine épique. Je vais me coucher avec un sourire gros comme le fjord.

Le vendredi matin, avec des traces d’oreillers dans le visage, j’accours à l’activité qui m’excite ben trop. On s’en va jouer au Curling. Oui, oui. Une trentaine d’humains qui viennent de partout dans le monde et qui se partagent des acétaminophènes et du café, prêts à s’affaler sur de la glace. C’était parfait. On se fait accueillir par Gaétan qui nous explique les rouages de ce sport et qui remarque que la moyenne d’âge de l’aréna vient de dropper de 72 ans à 40 ans. Il est ben content de ça. L’art et le curling sont des passions qu’il espère ne jamais voir s’éteindre. Je coche curling dans ma liste d’affaires à faire avant de mourir et je repars dans l’aventure REGARD. Des films, des fêtes et des amis.

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Le temps passe comme une fusée. Les films se font voir par plus de 20 mille personnes. On a plus de 200 bénévoles qui nous amènent de Chicoutimi à Jonquière, qui nous abreuvent, qui nous dirigent, nous aident. Ils ont entre 18 et 70 ans. Ils sont contents de nous recevoir dans leur nid.

UN HÉRITAGE FORT

Finalement, le samedi avant de retourner dans ma métropole, j’ai une rencontre avec Rémy Girard, Marie Elaine Riou et Sophie Beauparlant. Les trois sont super généreux. Contents d’être là et que le festival ne dérougisse pas d’intérêt. Rémy Girard est le porte-parole de cette édition. C’est un petit gars du boutte. Il en est fier. On parle de ses premières compagnies de théâtre et d’impros dans le coin.

Des anecdotes des Arlequins de Jonquière et des spectacles avec Marie Tifo et Ghyslain Tremblay. De son professeur Michel Dumont. Visiblement, le théâtre québécois a plusieurs talents saguenéens. Marie Elaine et Sophie me parlent avec enthousiasme de leur festival. C’est une montagne qu’elles soulèvent 365 jours par année. C’est plus de 3000 films visionnés d’une cinquantaine de pays. Moi, j’ai gouté au dessert, à la pointe de l’iceberg.

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Je suis partie avec ma navette pour aller au bus. Alain, le chauffeur, m’a raconté qu’après le festival, il allait au Costa Rica pour construire des maisons. Il est à la retraite. Il aime aider et faire du bien. J’ai eu le goût de l’embrasser pis de pleurer mon admiration, mais bon, j’ai slaqué l’intensité pis je l’ai simplement remercié.

Je quitte Saguenay, tristounette, mais remplie de films et splendeur. Je suis maintenant addict de REGARD. Je vais devoir harceler Sébastien Pilotte et tous ses amis réalisateurs pour jouer dans un court qui sera sélectionné pour l’Édition 2020. Sorry les potes.

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Pour en savoir plus sur le Festival REGARD 2019, c’est par ici! En attendant, on vous dit à l’année prochaine pour une 24e édition