Logo

Comment « hate follower » sans se faire du mal

Le bon « hate follow » est un peu sadique. Le mauvais est masochiste.

Par
Pierre-Luc Racine
Publicité

Les médias sociaux nous mettent en contact avec une variété de personnes. Avec le temps, la définition d’« amis » a changé sur Facebook. On a fini par accepter dans notre fil d’actualité le tata du secondaire, la fatigante du bureau ou une ancienne flamme qui a mal viré. On a même donné des « J’aime » sur des personnalités qu’on n’aime pas juste pour les suivre. À la longue, certaines personnes nous divertissent par leur insignifiance ou leur stupidité. On a fini par faire du hate follow.

Le hate follow consiste à surveiller les activités d’une personne qu’on aime de moyen à pas du tout. Ça peut se faire passivement : on est abonné à cette personne et ses statuts défilent devant nous. Ça se peut se faire activement : on stalke notre cible de temps à autre pour pouvoir rire d’elle.

On aime les médire dans notre tête. Ça arrive même qu’on se partage leurs statuts dans une discussion entre amis pour hate follower en groupe. Le hate follow n’est pas noble, on le sait, mais il est difficile d’y résister. Tant qu’à y succomber, autant se demander : comment distinguer le bon hate follow de celui qui va nous faire du mal?

Publicité

Le bon hate follow

Les Allemands ont le mot schadenfreude : plaisir qu’on retire du malheur des autres. Nous en sommes tous coupables. Après tout, c’est l’émotion qu’on vit lorsqu’on visionne des vidéos de gens qui tombent sur internet.

Le hate follow repose sur le schadenfreude. On se moque du creux de leur propos ou de la banalité de leurs publications. On les a tous dans nos réseaux : ceux qui tombent en amour aux deux semaines, ceux qui annoncent qu’ils démarrent toujours de nouveaux projets qui ne voient jamais le jour, ceux qui sont surpris qu’il neige en hiver…

La célébrité la plus hate followée serait Kim Kardashian. Personnellement, mon hate follow préféré est Éric Duhaime. Il me fait rire de bon cœur par ses exagérations insensées. Les détours qu’il prend pour se victimiser pour ensuite trouver un coupable imaginaire m’émerveillent.

Publicité

Le mauvais hate follow

Le mauvais hate follow provient aussi du même désir d’observer des absurdités. Toutefois, on devient les dindons de la farce. Les statuts de ces personnes qu’on n’aime pas viennent profondément nous chercher. On a l’impression qu’ils viennent nous frotter leurs succès au visage. On dirait qu’ils nous envoient un sous-texte assassin : « As-tu remarqué à quel point je voyage grâce à mon travail qui me paye beaucoup plus que le tien? »

À ces questions, on se justifie avec des réponses amères qui commencent toujours par « On sait ben. » Par exemple : « On sait ben. T’es le fils du patron ».

Les conséquences du mauvais hate follow

Dans le bon hate follow, t’as l’impression de rire de la personne. Dans le mauvais hate follow, t’as l’impression que la personne rit de toi. Qu’elle publie uniquement dans le but de te piquer. Tu finis par nourrir une rancœur et une amertume malsaine face à une personne qui ne fait que vivre sa vie.

Publicité

Si la vie est une course, on a l’impression d’être injustement en retard et loin derrière ces gens. Le hate following se transforme en late following. Ils nous rappellent ce qu’on n’aime pas à propos de nous-mêmes : leurs succès deviennent le reflet de nos échecs.

Le bon hate follow est un peu sadique. Le mauvais est masochiste.

Le bon hate follow est un peu sadique. Le mauvais est masochiste. On finit par se faire mal à force de cultiver des sentiments de jalousie et d’envie. Tout cela découle deux facteurs principaux : 1 — on suit des gens qu’on n’aime pas. 2— on a trop de temps de lousse. Personne s’appliquant sérieusement dans un marathon ne prend le temps de se comparer aux autres. On circule tous sur la même piste, mais on court nos propres courses.

J’ai cessé le mauvais hate follow. J’ai aussi ralenti sur le bénin. Je suis revenu à l’origine de l’expression « amis » Facebook. J’essaie très fort de ne suivre que des gens que j’aime. Ça m’a vraiment fait du bien. Je vous le recommande. J’ai fait du hate unfollow.

Publicité