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Comme dans un (mauvais) film…

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Ou comment le cinéma de série Z des années 80 est passé de la fiction à la réalité…

Nous sommes à Miami, il est 19 h. La scène s’ouvre sur un tintement de clochettes. La porte d’un dépanneur de quartier de banlieue s’ouvre et un adolescent – noir – en sort. Les détails sont flous, mais on distingue « quelque chose » dans sa main.

Au même moment, un VUS circule tranquillement dans une rue avoisinante…

Le VUS rejoint l’adolescent. Le conducteur – mi-vingtaine, un américain « typique », histoire que les spectateurs se reconnaissent en lui – débarque et se jette sur l’adolescent. Les deux échangent des coups [Note au réalisateur : prière de ne pas chorégraphier une scène de kung-fu à la « The Matrix », le tout doit demeurer très « urbain »… et on n’a pas eu la subvention pour financer une telle scène, de toute façon…]

Puis, une détonation, gros plans sur les yeux écarquillés des deux combattants. Plan serré sur un canon de pistolet toujours fumant. L’adolescent s’écroule au sol et échappe sa cargaison : un sachet de Skittles et un thé glacé acheté à la hâte pour ne pas manquer le match étoile de la NBA qu’il regardait chez sa petite amie. Son nom est Trayvon Martin. Il n’avait que 17 ans.

Le bonhomme se relève. Il s’agit de George Zimmerman. À 26 ans, il est le capitaine de sa patrouille de quartier, son pistolet est enregistré et il a contacté la police plus d’une quarantaine de fois l’année dernière.

[Note au directeur photo : alors qu’il rengainera son fusil, il faudra tourner un gros zoom sur son visage alors qu’il lancera une phrase « punchée » à la « Justice est faite! », « C’était lui ou moi! » ou « Je suis la loi! »… tout dépendant de ce qui conviendra le mieux au t-shirt qu’on vendra avec le film]

Parce que les histoires d’originaux qui règlent leurs comptes à leur manière nous fascinent (on n’a qu’à penser à Mel Gibson dans Lethal Weapon, Arnold dans Commando ou Sylvester dans Rambo), la saga entourant le meurtre du jeune Martin fait couler beaucoup d’encre aux États-Unis. Alors que la famille de jeune Trayvon pleure toujours ce garçon sans histoire, Zimmerman, a été relâché. Bien que les circonstances demeurent nébuleuses et l’enquête, elle, sent l’opération bâclée, un fait demeure : le vigilantisme n’est vraiment plus l’affaire de héros costumés, ni de personnages clichés sortis du cinéma des années 80.

Pire encore, les lieux communs de ce cinéma oubliable s’appliquent aussi chez nous…

Comme plusieurs d’entre vous, j’ai sourcillé en apprenant que le SPVM et la Régie des alcools et des jeux du Québec tentent de limiter les lieux de diffusion de musique rap, jugeant que celle-ci est immédiatement synonyme de gangstérisme.

Hé ben! Si je peux me permettre…

Top cinq des raisons faisant que le rap n’est pas un vecteur de violence si privilégié que ça…

5- Sir Pathétik fait du rap…

4- L’ex-guitariste de Pantera, Dimebag Darell, ne s’est pas fait descendre pendant un concert de rap, mais bien pendant une prestation de son nouveau groupe heavy metal Damageplan…

3- Jasmin Roy fait du rap…

2 – Russell Simmons, un des fondateurs du label rap Def Jam, a offert au maire de New York de payer de sa poche les frais de nettoyage du parc Zucotti lors d’Occupy Wall Street afin d’éviter des affrontements entre policiers et occupants. Pas si mal pour un manufacturier de musique du ‘yab!

1 – Cette « chanson » pas rap du tout, mais qui, avouons-le, donnerait le goût de tuer à quiconque…

Pour revenir à notre sujet principal, je ne peux m’empêcher de rire jaune en lisant les journaux des dernières semaines : un organe de l’état qui s’attaque à un genre musical précis, un hurluberlu qui se fait sa propre justice et, bien sûr, une police brutale dégommant de jeunes idéalistes qui sont aussi jetés dans la boue par des personnages influents

C’est moi ou c’est maintenant difficile de faire la différence entre « la vraie vie » et le scénario de ce film de science-fiction pourri?

Qu’est-ce qui nous est arrivée entretemps, ma parole!?

[Fondu au noir alors que le générique débute. Glisser une chanson un peu rétro, qui s’applique au film et, surtout, qui s’écoulera bien sur iTunes pour l’accompagner.]

Pour en apprendre davantage sur l’affaire Martin, cliquez ici ou .

Pour suivre notre blogueur sur Twitter : @andredesorel

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