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Combien ça gagne, une agente de bord?
Quand j’étais au primaire, j’arrivais souvent en classe à moitié endormi. Non, je n’avais pas viré une brosse au Sunny D, j’étais juste allé chercher ma mère à l’aéroport de Mirabel avec mon père. Ou encore, j’étais en décalage horaire, car je venais de passer le week-end à Paris. WHAT? C’est simple, ma mère est agente de bord.
Souvent, mes profs me servaient le classique : « Ouin, moi aussi j’aimerais ça être payé à servir des drinks pour aller en vacances en Europe… », mais la réalité est tout autre.
Être agente de bord, c’est beaucoup plus qu’être une « waitress » des airs.
Être agente de bord, c’est beaucoup plus qu’être une « waitress » des airs. Il y a beaucoup de sacrifices à faire sur le plan familial et monétaire.
À l’aube de ses 30 années de carrière, je me suis donc entretenu avec ma mère afin de mieux comprendre la réalité de son métier et de finalement lui poser la grande question : « Combien ça gagne, une agente de bord? »
Laval, Paris, avec escale
« Le 4 juin 1990, j’ai commencé ma carrière. Je venais d’avoir 23 ans, toi t’en avais trois. Ton père avait vu l’affichage du poste dans les annonces classées », m’explique-t-elle afin de mettre la table.
« J’ai toujours eu une facilité avec le public. J’avais un secondaire 5 et j’avais pas mal fait le tour du monde de la restauration, mais pas du monde! »
Ce métier lui offrait de meilleures conditions que son emploi de serveuse dans un resto de Laval et, bien entendu, la possibilité d’être bien payée pour jouer à la touriste de temps en temps! (Elle, qui adorait voyager!) J’imagine aussi que ça devait être une belle excuse pour prendre un petit break de mes crises d’enfant de trois ans.
« Pour devenir agent de bord aujourd’hui, ce sont les mêmes exigences qu’en 90. »
« Pour devenir agent de bord aujourd’hui, ce sont les mêmes exigences qu’en 90. Une bonne gestion du stress, le bilinguisme, un souci du détail et bien sûr un secondaire 5. Il est aussi important d’avoir une certaine expérience avec le public. Enfin, il faut aussi accepter d’être relocalisé selon la demande. Je suis passé par là pis ça n’a pas été facile. »
À ses débuts, elle a dû quitter le Québec pour s’établir à Toronto puisqu’il n’y avait pas de postes de disponibles dans la province. Après trois mois à s’ennuyer de mon père et moi, elle a démissionné. Par chance, l’entreprise l’a rappelée quelques mois plus tard pour un poste à temps plein au départ de Mirabel.
L’aventure commençait pour vrai cette fois!
Les différents rôles de l’agent de bord
« Ce que j’aime de mon métier, c’est que je ne dois pas juste servir les clients, mais aussi m’assurer qu’ils puissent le plus souvent possible se sentir déjà en vacances dès qu’ils entrent dans l’avion. »
Drôlement (ou pas), c’est pas tout le monde qui a de la facilité à relaxer en vacances…
« J’ai souvent été témoin de chicanes pour savoir qui obtiendrait un certain siège. La dernière fois que ça s’est produit, un couple avait acheté des sièges séparés, mais voulait s’asseoir ensemble. La personne assise à côté de la femme ne voulait pas bouger et commençait à être impatiente. J’ai donc dû intervenir en demandant à la personne à côté du monsieur si elle était prête à changer de place. Elle a dit oui et je lui ai offert un verre gratuit pour la remercier. »
« Je dois aussi utiliser mes super pouvoirs de mère avec les enfants qui pleurent et les passagers trop pompettes! »
« Je dois aussi utiliser mes super pouvoirs de mère avec les enfants qui pleurent, mais je les utilise encore plus souvent avec les passagers trop pompettes! »
Il faut avoir les nerfs solides et être en mesure de s’improviser médiateur ou encore psychologue lorsqu’une situation anxiogène se présente. Atterrissage d’urgence, dépressurisation de la cabine, un couple qui baise dans les toilettes…
Le 9 à 5 n’existe pas dans un 747
Même si c’est une profession qui peut avoir l’air glamour. Petite fin semaine à Paris, par-ci, deux-trois jours à Rome par là. Les horaires de travail peuvent être assez difficiles.
« On doit travailler 65 heures par mois au minimum et environ 80 heures, au maximum. On a 10 jours de congé par mois à la maison. » Ce qui semble être, à première vue, peu d’heures, cache un élément assez important à prendre en considération pour celles et ceux qui n’aiment pas passer trop de temps à l’extérieur de la maison!
« Je peux faire des aller-retour de 24 heures, mais je peux aussi devoir rester pendant une semaine dans un autre pays. »
« Je peux faire des aller-retour de 24 heures, mais je peux aussi devoir rester pendant une semaine dans un autre pays. À ce moment-là, je ne suis pas payée, mais j’ai quand même droit à un per diem d’environ 40$ par jour et ma chambre d’hôtel est fournie par la compagnie. Quand même un bon deal! »
« En plus, grâce à mon ancienneté, j’ai une grande latitude avec mon horaire et je peux choisir les destinations et les dates. »
Et pour répondre à la grande question, ma mère m’explique aussi que le salaire moyen d’une nouvelle recrue est d’environ 25 000$ par année (sans compter les heures supplémentaires et les per diem). Après six mois en poste, un agent de bord ambitieux peut commencer à gravir les échelons pour devenir directeur de vol et augmenter son salaire annuel. Après 30 ans de carrière, le salaire tournerait autour de 60 000$.
À 52 ans, ma mère aime toujours sa job et n’est pas prête à prendre sa retraite. Si la santé lui permet, elle pourrait continuer à travailler jusqu’à 72 ans, comme l’une de ses collègues!
Bref, sky’s the limit!