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Combien ça gagne, un skateboarder professionnel?
Dès qu’on rejoint les bancs d’école, on apprend le salaire annuel des médecins, puis celui des enseignants et des avocats. Rien d’étonnant à ça : ce sont des métiers ultra conventionnels que la plupart des parents voudraient nous voir pratiquer. Mais pour certains emplois « atypiques », c’est différent.
Aucun enfant de ce monde ne saurait dire combien de zéros se trouvent sur le chèque d’un skateboarder professionnel.
Eh oui! Aucun enfant de ce monde ne saurait dire combien de 0 se trouvent sur le chèque de paye d’une tireuse de tarot, d’un huissier, d’un musicien ou encore d’un skateboarder professionnel pour la simple et bonne raison qu’on ne trouve pas ce genre de métiers dans les stands de la Foire de l’emploi.
Reste qu’on était curieux de savoir quel était le salaire d’un skateboarder professionnel. On est donc allé discuter avec Jessy Jean Bart, un pro de ce sport qui partage son temps entre le Canada et les États-Unis.
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Photo : Oliviero Fontana
La journée où nous avons rencontré l’athlète, il se préparait justement à partir pour Las Vegas. C’est que Jessy Jean Bart a un contrat de brand manager et de commandite avec UNDZ, une compagnie montréalaise qui se dédie entre autres à la création de boxers et de shorts. Son programme à Vegas : faire du networking, shooter les nouveaux produits pour les saisons à venir et, évidemment, faire du skate un peu partout!
Le skate professionnel, une job de travailleur autonome
Contrairement à ce que bien des gens seraient portés à penser, la job de skateboarder professionnel ne consiste pas seulement à faire des tricks ou à rider dans les rues. Grosso modo, c’est différents contrats de commandite et de brand manager qui permettent à ces athlètes de vivre de leur passion. Les contrats peuvent varier, parfois ça peut être de voyager pour tourner des vidéos promotionnelles tandis que dans d’autres cas, ça peut demander de faire de la prévention auprès des adolescents. Comme nous l’explique Jessy Jean Bart : « Je fais partie du collectif Vivace. On fait tous les skatefests et événements du Québec pour la prévention du tabac chez les jeunes de 11 à 17 ans. » L’objectif de Vivace : aller chercher ces jeunes avant qu’ils ne commencent à fumer. On est loin de l’image du skateboarder qu’on se fait en regardant Lords Of Dogtown, mettons!
On est loin de l’image du skateboarder qu’on se fait en regardant Lords Of Dogtown, mettons!
Dans tous les cas, c’est du travail autonome : c’est Jessy qui trouve les contrats ou qui se fait approcher et qui s’occupe ensuite de filtrer ce qui l’intéresse selon ce qu’il veut représenter. L’athlète fait donc beaucoup de contrats au Canada en plus de voyager à l’international. Ses revenus proviennent de diverses sources, entre autres de Outlaw Skateshop et d’incentive, lorsqu’il fait des photos dans les magazines et qu’on y voit des logos de ses commanditaires.
Les compétitions : un gagne-pain lucratif… pour ceux qui ont du talent!
Une autre manière de payer son loyer est évidemment de participer aux compétitions et différents événements sportifs. « Je me fais inviter dans les événements à faire des démonstrations, des ateliers avec les jeunes et à participer aux compétitions pour les motiver, dit Jessy Jean Bart. Pour moi, c’est une façon de gagner de l’argent et de donner le bon exemple aux jeunes. »
Mais combien les skateboarders professionnels gagnent-ils lors d’une compétition? En fait, les prix varient d’une compétition à l’autre. Pour le Empire Open, par exemple, où des athlètes professionnels viennent de partout dans le monde pour compétitionner, c’est des cash prizes de 10 000$ et plus, rien de moins! Il y a toutefois des compétitions dont le prix est un peu plus petit, mais qui n’en demeurent pas moins prestigieuses pour les athlètes qu’elles attirent comme les Pan American Games en Colombie, des préliminaires pour les Jeux olympiques dont le grand prix était d’environ 5000$. Jessy a eu la chance d’y participer.
Ça ressemble à quoi, le salaire d’un skateboarder professionnel?
Dur à dire. Mais selon une affirmation de Danielle Bostick, cofondatrice de la World Cup Skateboarding, n’importe quel skateboarder professionnel peut faire « à partir de 1000 à 10 000$ par mois », une affirmation qui a bien du sens d’après Jessy Jean Bart. « Tu peux te faire un 500 piasses, même un 700 piasses en deux heures, dépendant des contrats. Parfois, tu peux même en faire 2 à 3 en une journée, selon la demande. »
Une job avec date d’expiration
Bien que la job de skateboarder professionnel soit payante, cela reste un emploi physique et les risques de blessures sont élevés. Jessy Jean Bart en est conscient et ça fait partie intégrante de sa job. Celui qui a grandi en faisant des arts martiaux – cinq styles différents! – a appris à bien tomber au fil des ans. Malgré tout, force est de constater que peu d’athlètes peuvent pratiquer leur sport jusqu’à 63 ans, l’âge moyen de la retraite au Canada. Disons que contrairement à certains domaines d’emploi, celui-ci n’est pas saturé par les baby-boomers.
« Oui, c’est cool faire du skate et de faire ce qu’on aime, mais y’a toujours le côté plus business qu’on doit viser en même temps, qui est un peu plus un “travail”. »
Mais Jessy ne semble pas inquiet pour autant. « Je crois que c’est ton mode de vie qui va contribuer à ta carrière […] En même temps, avec tous les contrats que je fais, j’ai plein d’offres de compagnies. Donc même si je me blesse et que je ne peux plus skater, les contacts et connaissances que j’ai vont faire que je n’aurai pas de misère à me trouver un emploi. Ça, c’est quelque chose qui est vraiment important : oui, c’est cool faire du skate et de faire ce qu’on aime, mais y’a toujours le côté plus business qu’on doit viser en même temps, qui est un peu plus un “travail” : c’est le plan B, c’est qu’est-ce qu’on va faire après le skate. » Il semblerait que Jessy se soit déjà trouvé un plan B, et tant mieux pour lui, car c’est dans l’univers du skateboard!