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Combien ça gagne, un quilleur professionnel?

À 28 ans, le quilleur québécois François Lavoie compétitionne avec les meilleurs joueurs au monde.

Par
Billy Eff
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Le Québec est bien connu sur la scène internationale comme terreau fertile pour des athlètes de haut niveau. Hockey, football, MMA… Eh bien, on peut maintenant ajouter le bowling à cette liste.

Le quilleur François Lavoie, 28 ans, a en effet remporté à la mi-avril le tournoi PBA Super Slam en Floride (et le prix en argent de 100 000$ qui vient avec le titre). Et quelques mois plus tôt, en février, il a remporté le PBA Tournament of Champions, et empoché un autre chèque du même montant.

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Mais est-ce que c’est possible de vivre de son amour du bowling? J’ai appelé François pour en jaser.

Salut François! Peux-tu nous expliquer comment tu es devenu un joueur professionnel?

Mes parents me disent que j’ai commencé à jouer aux quilles quand j’avais deux ans! Mon père jouait dans une ligue, à Québec où j’ai grandi, et plutôt que de trouver une gardienne, il faisait ouvrir une allée à côté pour que je puisse lancer des balles.

En 2011, je suis arrivé au Kansas, où je demeure aujourd’hui. J’ai étudié en gestion d’entreprises à Wichita State University, qui a l’un des meilleurs programmes universitaires en bowling. Et de là, ça a déboulé assez vite!

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Est-ce que c’était un choix évident pour toi, de décider de faire ça à temps plein?

Pour ce que je voulais accomplir, oui, parce que c’est mon rêve depuis que je suis jeune. Pour me rendre là par contre, ça a pris beaucoup de travail. J’ai fait beaucoup de sacrifices, en déménageant ici pour aller à l’université.

«Les tournois majeurs offrent donc en général 100 000$ au gagnant, puis les tournois réguliers c’est habituellement 30 000$.»

Quand en 2010 je me suis qualifié pour l’équipe junior du Canada, à 16 ans, j’ai été à ma première compétition internationale et ç’a été mon premier gros tournoi. Après ça, je me suis dit que c’est vraiment ce que je voulais faire. Il faut aussi dire que j’ai eu ma première médaille de bronze, à cette compétition, donc ça ajoute au bon souvenir!

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De là j’ai entamé toutes les démarches pour trouver une université ici, en sports-études, et j’ai essayé de m’améliorer du mieux que je pouvais.

Quelle est la somme moyenne qu’il est possible de gagner par compétition?

Les tournois majeurs offrent donc en général 100 000$ au gagnant, puis les tournois réguliers c’est habituellement 30 000$. Quelqu’un qui a deux ou trois bons tournois par année devrait être capable d’être rentable et vivre confortablement. Si t’as une très bonne année, comme celle que j’ai en ce moment, c’est certain que ça aide beaucoup et qu’on se débarrasse un peu plus du stress financier!

Est-ce que c’est facile, vivre de ce sport?

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Non, c’est pas évident. On ne gagne pas autant d’argent qu’au tennis, au golf ou au hockey. Nos tournois sont structurés un peu de la même façon qu’un tournoi de golf, et le montant qu’on gagne dépend d’où on se place dans le tournoi. Mais nos bourses ont un peu moins de zéros que celles de golf!

«Ce que je gagne en compétition, ça c’est vraiment mon argent.»

Si on est dans le top 35 ou 40, dans le circuit professionnel, il y a moyen de se faire une vie avec ça. Les joueurs qui sont un peu en bas de ce niveau ont souvent des jobs à temps partiel, ou travaillent dans une pro shop dans leur ville.

Est-ce que ça fonctionne comme les autres sports, où tu as une grosse structure qui t’aide, ou un coach qui t’accompagne?

Pas vraiment. Dans mon cas, je suis commandité par la compagnie Storm, qui conçoit des boules de quilles. Sur les tournées, on a un représentant de la compagnie qui nous accompagne et qui nous aide à choisir les bons équipements, avec notre jeu physique et notre technique. Ce n’est pas quotidien, mais on travaille ensemble beaucoup sur la route. Je vais aussi parfois chez l’un d’entre eux, entre les compétitions, pour parfaire ma technique et trouver des réponses à ce qui cloche, quand ça va mal.

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Et quelles sont les autres sources de revenus? Reçois-tu un salaire de ton commanditaire?

Exact, je reçois un salaire mensuel de mon commanditaire, mais il ne paie pas nos frais de voyages ou quoi que ce soit. Moi, j’utilise l’argent que mes commanditaires me donnent pour payer tous mes frais. Ce que je gagne en compétition, ça c’est vraiment mon argent.

«Lorsque le temps des impôts arrive, on doit tout payer one-shot au mois d’avril.»

Ce qui est unique avec notre sport, c’est que personne n’a d’agent, ou quoi que ce soit. Tout le monde devient son propre gérant, doit booker ses déplacements et ses hôtels. C’est moi qui vais sur les sites de réservation et qui m’occupe de ma carrière moi-même, même le processus d’inscription. Il y a aussi des frais d’inscription, généralement 500$ par tournoi, et en plus de ça je dois payer l’hôtel, les voitures de location, les vols. En bout de ligne, je dois prévoir entre 1000 et 1500$ de dépenses par tournoi.

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Tu as aussi un bac en gestion d’entreprises. Est-ce que tu crois que ça t’aide avec ta carrière, vu que tu dois tout faire toi-même?

Oui! J’ai toujours été assez orienté vers l’argent, la comptabilité; ça a toujours «cliqué», pour moi. Donc j’ai mes tableaux Excel dans mon ordinateur, je garde une trace de toutes mes dépenses, etc. Il faut aussi le faire, car lorsque le temps des impôts arrive, on doit tout payer one-shot au mois d’avril.

Donc il faut être prévoyant et mettre de l’argent de côté pour ça. Parce que si tu dépenses tout au fur et à mesure que tu gagnes, t’es pas en mesure de payer tes impôts quand le gros bill arrive, et là t’es dans le trouble!