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Combien ça gagne un pompier?

Par
James Lynch
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Quand j’avais 14 ans, j’imaginais qu’à l’âge de 30 ans je serais journaliste pour l’émission Flash. J’avais des étoiles dans les yeux, car je venais de faire un stage d’un jour à TQS et je me voyais déjà comme le prochain Herby.

La même année, j’ai eu la chance de rencontrer un de mes meilleurs chums, David. Il avait aussi une bonne idée de ce qu’il voulait faire à 30 ans: pompier.

Flash forward en 2020, TQS n’existe même plus, et ma carrière de journaliste culturel n’est jamais devenue réalité. Par contre, le rêve d’enfance de mon ami, lui, s’est réalisé! Il est pompier depuis maintenant 11 ans et vit son rêve tous les jours.

Il gagne d’ailleurs très bien sa vie et a décidé de se confier sur son métier.

Avoir la flamme depuis l’âge de 5 ans

Rares sont ceux et celles qui font la job qu’ils voulaient faire quand ils avaient 5 ans. David est l’un des rares qui a gardé le cap sur son objectif professionnel.

«Y a pas personne dans ma famille qui fait ça, mais moi ç’a toujours été mon but.»

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«Mon souvenir le plus lointain, j’avais 5 ans pis j’ai vu des pompiers sur un feu, pis à partir de là, j’ai eu le déclic. Y a pas personne dans ma famille qui fait ça, mais moi ç’a toujours été mon but.»

Ainsi, après le secondaire, il a entrepris les démarches pour atteindre son objectif.

«J’ai commencé comme pompier en 2008 sur la Rive-Nord, à temps partiel, après trois années d’études [un DEP suivi d’un DEC]. Au début, j’étais sur appel sur pagette, et je devais rester à la maison ou à proximité de la caserne en attendant un appel. J’avais essayé en 2009 de rentrer à la Ville de Montréal, mais je ne m’étais pas rendu au bout du processus d’embauche», raconte-t-il.

Même s’il avait des aspirations d’en faire une carrière à temps plein, il a dû se trouver une autre job pour payer ses comptes, comme la majorité des pompiers qui sortent de l’école.

Pompier-ambulancier

«Quand je suis rentré à temps partiel, c’était pas facile, avec des paies de 15 à 20 heures par semaine. Donc comme beaucoup d’autres pompiers à l’époque, j’avais une deuxième job. J’ai travaillé comme ambulancier pendant près de trois ans. Je suis allé faire une AEC en technique ambulancière de 10 mois. Donc j’étais pompier à temps partiel le jour et de soir je faisais mes cours. J’étais payé à taux unique d’environ 22$ de l’heure comme pompier. Quand j’étais de garde chez nous, si mettons je prenais un call de 20 minutes, j’étais payé trois heures même si je retournais chez nous après», explique-t-il.

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D’ailleurs, David se rappelle très bien de son premier «gros» feu, gracieuseté de p’tits bums qui avaient mis le feu à une poubelle. «Mon premier vrai feu, au bout de deux ou trois mois de service, c’était un feu de poubelle qui a pris de l’ampleur et qui s’est propagé sur le mur d’un bâtiment juste à côté d’un réservoir de propane. J’étais ben à l’aise et je n’ai jamais figé.»

Après quelques années, il a enfin réussi à rentrer à la Ville de Montréal à temps plein, en 2013. Il a aussi conservé son poste à temps partiel dans sa municipalité de la Rive-Nord.

«Pendant mes jours de congé, je peux travailler ailleurs comme pompier, parce que j’aime ça.»

«Mon emploi principal c’est à Montréal, mais comme on fait du 42 heures par semaine en moyenne, on travaille sur rotation de jour et de soir. Donc pendant mes jours de congé, je peux travailler ailleurs comme pompier, parce que j’aime ça», dit-il.

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L’expérience de la grande ville

Après son embauche à la Ville de Montréal, un pompier doit faire trois semaines d’intégration pour apprendre les méthodes montréalaises. Par la suite, il est envoyé en caserne, généralement aux extrémités de la ville dans des casernes relativement tranquilles. Après quelques années d’ancienneté, il peut ensuite appliquer dans des secteurs plus occupés comme le centre-ville ou le Plateau.

« Ça prend environ 8 à 10 ans d’expérience pour avoir ces postes-là. Y a plus d’action, la qualité des appels est meilleure, c’est vraiment le fun!», dit David.

En effet, il y a des appels de «moindre» qualité…

«Depuis 2007, les pompiers sont considérés comme premiers répondants. Ils reçoivent donc des appels de nature médicale. Mais parfois, c’est pour des trucs genre la diarrhée, si la personne a appelé au 911.»

Pour ceux qui se demande ce que fait un pompier quand il n’est pas sur un appel de **diarrhée**, ou sur un feu: non il n’est pas en train de travailler sur un calendrier de photos en chest.

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«Pour un shift de jour, on commence à 7h, j’arrive vers 6h45. J’installe mon équipement sur le véhicule, je teste mon appareil respiratoire, ensuite je me mets en uniforme. Après, on déjeune en gang, vers 8h on commence le ménage, inventaire des véhicules, vérification mécanique et entretien des équipements. Vers 11h, on commence le dîner, et en après-midi on fait des visites de prévention ou de la formation. Vers 16h on peut faire de la musculation ou du cardio dans la salle de gym. On finit à 17h, et parfois on fait de l’overtime si on prend un appel vers cette heure-là. Faut pas oublier qu’on peut être appelé n’importe quand durant le quart de travail», explique David.

Jouer avec le feu, c’est payant

«Je suis rendu au sommet de l’échelon salarial, à 37$ de l’heure, avec parfois la possibilité de faire de l’overtime. Si je deviens lieutenant, c’est 10% de plus, et capitaine un autre 10% de plus là-dessus. J’ai une convention collective, un bon fonds de pension, des assurances collectives, vacances, congés payés, etc.»

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Gravir l’échelle professionnelle

En plus, de son emploi à temps partiel sur la Rive-Nord et d’élever une famille, David est encore aux études!

«Je pourrais être pompier 30 ans pis je serais vraiment satisfait!»

«En ce moment je suis en train de faire mes cours d’officier, à temps partiel, et c’est sur mon temps personnel, mais les cours sont remboursés par mon employeur. Je n’ai pas nécessairement le but absolu de devenir lieutenant ou capitaine. Je pourrais être pompier 30 ans pis je serais vraiment satisfait! Souvent les gens qui veulent monter de grade, c’est qu’ils cherchent des nouveaux défis. La job de lieutenant ou de capitaine c’est plus au niveau de l’analytique et de la gestion, ce n’est pas eux qui vont exécuter la job de bras.»

Bref, dans une caserne, il y a des niveaux professionnels comme dans une job de bureau: pompier, lieutenant, capitaine et cadre! Évidemment, les salaires évoluent avec le type de poste.

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«En vieillissant, vu que le corps suit moins, beaucoup de pompiers vont finir leurs dernières années de service dans des casernes plus tranquilles avant de toucher leur pension. Par contre, moi ce n’est pas ça qui m’attire tellement. Rendu là, j’espère être encore dans le feu de l’action!», conclut David.