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Combien ça gagne, un policier?
Le métier de policier.ère en est un qui semble plutôt mystérieux. À moins de connaître quelqu’un qui l’exerce, on ne sait souvent de ces gens-là que ce qu’on voit dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Ou alors, peut-être vous êtes-vous déjà fait arrêter. Dans ce cas-là, je doute que vous gardiez des souvenirs très agréables de cette rencontre.
Mais derrière l’uniforme, il y a des humain.e.s qui gagnent leur vie, comme n’importe qui. Et n’ayant pas le droit de parler aux médias, il est rare qu’on l’aperçoive, l’humain.e sous l’uniforme. Heureusement pour vous, nous avons trouvé la perle rare: Ben*. Jeune policier de région, Ben a accepté de nous parler un petit peu plus de sa réalité.
COMMENCER en tant que policier.ÈRE
Ben a fait sa technique policière à Montréal il y a quelques années. Qu’est-ce qui pouvait bien l’attirer dans ce métier? « Je voulais aider les gens. Sinon, j’aimais la combinaison du côté bureau et terrain, et je ne voulais pas d’un travail routinier », raconte-t-il. Étant un grand amateur de sports, il cherchait un métier où le travail d’équipe était mis de l’avant. Pour lui donc, la technique policière semblait être une bonne option.
«Si tu appliques à la SQ, tu dois être prêt à aller travailler vraiment loin de chez toi pendant un moment.»
À la fin de trois années d’études, un choix s’offrait à lui : rester travailler pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ou aller en région travailler pour la Sûreté du Québec (SQ). « Si tu appliques à la SQ, tu dois être prêt à aller travailler vraiment loin de chez toi pendant un moment », explique le policier, qui ajoute cependant qu’après quatre ans, les policier.ère.s ont le choix d’aller travailler n’importe où au Québec. Pour sa part, il a été chanceux, puisqu’il a été affecté dans sa ville natale. Mais travailler avec les gens qui t’ont connu au primaire et au secondaire, on imagine bien que c’est pas si facile que ça!
Les salaires
Si Ben a choisi d’aller travailler en région, c’est notamment parce que le salaire y est plus élevé. En 2021, le salaire d’entrée en tant que policier.ère patrouilleur.euse au SPVM est de 46 109 $. À la SQ, il est de 48 386 $. Après 60 mois à la SQ, le salaire du même policier ou de la même policière est rendu à 84 366 $; au SPVM, il se situe à 78 298 $.
Mais la plus grosse différence, souligne Ben, c’est qu’« à Montréal, tu n’as pas l’opportunité de faire du temps supplémentaire. À la SQ, oui ». Alors en plus d’avoir un salaire de base plus élevé, le salaire total de Ben augmente de façon considérable plus il accepte de shifts supplémentaires. Selon Ben, la plupart des policiers de la SQ peuvent faire jusqu’à la moitié de leur salaire en temps supplémentaire. Disons que ça monte vite!
ET comme la plupart des postes gouvernementaux, les avantages sont nombreux.
C’est bien beau le cash, mais est-ce que c’est plus plate, travailler en région? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, pas toujours! « C’est sûr que Montréal, c’est connu pour avoir plus d’action. C’est le fun pour un nouveau policier, avoue Ben en riant. Par contre, en région, tu peux recevoir aussi des gros appels, mais tu as 100 fois moins de backup. » Il faut savoir courir!
Et comme la plupart des postes gouvernementaux, les avantages sont nombreux : de bonnes assurances, plus de facilité à demander des fonds à la banque, et… on peut prendre sa retraite après seulement 20 ans de service! Le montant de la rente sera par contre un peu moindre que si on attend de respecter les trois facteurs suivants : avoir au moins 25 années de service, avoir atteint le facteur 75 (âge + années de service pour l’admissibilité) et avoir 60 ans ou plus.
Ce dont on ne parle pas
Donc être policier.ère, c’est bien payé : les assurances sont bonnes, le régime de retraite aussi, mais parlons donc de l’éléphant dans la pièce. Être policier.ère, c’est être aux premières loges de situations difficiles, c’est voir des horreurs fréquemment. C’est aussi être victime de beaucoup d’accusations sans avoir le droit de répliquer, mentionne Ben : « Ne va pas dans la police si tu es susceptible. On se fait toujours juger, mais on n’a pas le droit de donner notre opinion. Il faut comprendre que c’est l’uniforme que les gens insultent, pas la personne. »
La question du soutien psychologique pour les employé.e.s se pose alors. Selon Ben, il y a eu beaucoup de suicides dans le corps policier ces dernières années. Les jeunes policier.ère.s sont donc très encouragé.e.s par les plus ancien.ne.s à parler et à aller consulter.
« Chaque appel a un code, et lorsque tu réponds à certains codes, tu as automatiquement une rétroaction avec tes supérieurs après », explique Ben, qui ajoute que tous les services psychologiques sont offerts gratuitement.
« Maintenant, on comprend qu’il ne faut pas niaiser avec ça. »
Au final, Ben aime ce qu’il fait. Il n’y a pas un jour qui ressemble à l’autre, les possibilités d’emplois sont infinies et il y a bel et bien beaucoup de travail d’équipe. C’est ce qui compte, non?
*Le nom est fictif pour conserver l’anonymat du policier.