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Combien ça gagne, un livreur de bouffe à vélo?

Coup d'œil au portefeuille de ceux qui sauvent nos midis!

Par
Billy Eff
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Il est 11 h 43, votre estomac commence à réclamer de la nourriture. Vous aimeriez bien aller vous chercher un lunch, mais le travail s’empile et il neige juste un peu trop à votre goût. Vous sortez votre cellulaire, et en quelques coups de doigts sur l’écran, un repas fait son chemin vers vous.

Vous sortez rencontrer votre livreur, mais surprise, celui-ci n’est pas en voiture, mais plutôt à bicyclette. Vous vous sentez donc un peu mal que ce kid ait traversé la moitié de la ville dans un blizzard. Et, en mangeant votre bouffe un peu tiède à votre bureau, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander : « Combien ça gagne, un livreur de bouffe à vélo? »

Zack, 23 ans, étudie en linguistique à Montréal. Depuis quelques années, il fait de l’argent avec son vélo en tant que coursier et livreur, dans ses temps libres. Il nous a parlé de ce que ça implique, et surtout, de combien ça rapporte!

Zack, depuis combien de temps est-ce que tu livres de la bouffe à vélo?

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Cette job-là peut prendre plusieurs formes. Tu peux être coursier, ou travailler pour un resto en particulier. Et après, il y a les plateformes de livraison comme Uber, qui te permettent aussi de faire de la livraison de colis.

«Le plus important, c’est de garder son momentum. De le perdre peut te ralentir, et tu finis par perdre ton shift au complet.»

Ça fait environ trois ans que je fais ça dans mes temps libres. À ce jour, j’ai fait trois étés et un hiver! Je n’en ai pas fait depuis l’été dernier, mais je compte y retourner éventuellement. C’est vraiment une job où tu peux être ton propre patron et choisir tes horaires, les moments où tu te fais payer, etc.

Quels sont les avantages et désavantages de cette job-là?

C’est cool parce que tu fais vraiment ce que tu veux. Il n’y a personne qui t’observe, qui te dit quoi faire. Tu choisis tout, de ton horaire au moment où tu veux te faire payer.

«Les automobilistes ne sont pas particulièrement courtois avec toi quand t’es livreur à vélo.»

Par contre, tu te retrouves souvent seul. Si quelque chose t’arrive, tu tombes sur une boîte vocale automatisée, tu n’as pas vraiment de contact avec ton employeur. Par exemple, le sac de livraison, il faut l’acheter et il coûte assez cher. Une chose sur laquelle tout le monde s’entend, c’est qu’il devrait être gratuit, pour encourager les gens à s’inscrire.

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Sinon, il faut composer avec la pollution des voitures dans le centre-ville, et les automobilistes ne sont pas particulièrement courtois avec toi quand t’es livreur à vélo. Je suis passé proche d’avoir des accidents et de petites collisions quelques fois.

Globalement, comment est-ce que tu décrirais l’expérience?

Je trouve ça positif comme emploi, malgré ce qu’on peut penser. Entre autres, je trouve ça cool car ça permet à plusieurs nouveaux arrivants de faire de l’argent en apprenant à mieux connaître la ville. Ça leur plaît aussi parce que c’est idéal pour ceux qui ne parlent pas encore bien l’anglais ou le français, vu que les échanges avec les restos et les clients sont limités.

Tu peux avoir un assez bon salaire, quand tu finis par bien connaître la ville. Ça peut se situer entre 15 et 30 $ de l’heure.

De quoi a l’air un shift normal pour toi?

Tu as deux choix, soit celui du midi ou celui du soir. Le midi, c’est plutôt dans le centre-ville, pour les gens dans les tours à bureaux. Mais le midi, sur le Plateau par exemple, t’auras pas beaucoup de clients.

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Avant de partir de chez soi, il faut examiner son vélo, s’assurer que les pneus sont gonflés, que les freins fonctionnent bien, qu’on a assez de batterie dans son cellulaire, et se prévoir des chargeurs externes, parce que l’application tue la batterie assez vite.

«L’essentiel avec cette job-là, c’est que ça peut être un revenu d’appoint, il faut juste apprendre à monétiser son temps.»

Il faut se préparer d’avance, car aux alentours de 11 h, il faut déjà être soit dans Griffintown, ou autour de Peel. Il faut se préparer mentalement à beaucoup emprunter le boulevard René-Lévesque! Le plus important, c’est de garder son momentum. De le perdre peut te ralentir, et tu finis par perdre ton shift au complet. Le rush se termine autour de 14 h, mais si tu voulais continuer toute la journée, tu pourrais.

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L’essentiel avec cette job-là, c’est que ça peut être un revenu d’appoint, il faut juste apprendre à monétiser son temps.

Est-ce que ce sont les frais de livraison ou les pourboires qui finissent par rapporter plus?

Uber Eats a récemment changé les modalités de paiement, donc oui, en effet, maintenant, ce sont surtout les pourboires qui rapportent. Mais ça n’a pas toujours été le cas!

En gros, l’application calcule ton revenu en fonction de l’achalandage, qui est calculé par un algorithme, et qui va avoir une influence sur le total. Après il y a une certaine rémunération, calculée en kilomètres et en minutes.

Perso, je ne sors pas de chez moi faire un shift si je vois que la paie est à 1,1, ce qui est le facteur d’achalandage le plus bas. Je vais plutôt attendre qu’il monte à 1,5, entre 11 h et midi par exemple, ce qui fait qu’en plus de mon pourboire, la distance et les minutes sont payées 1,5 fois plus cher! C’est pensé pour motiver les coursiers à sortir de chez eux.

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Lors d’un quart de travail moyen, tu parcours combien de kilomètres?

«C’est très “demande-moi rien, je te demande rien” comme attitude. C’est le travail indépendant poussé à son paroxysme. »

Entre 60 et 70, je dirais. Ça peut être plus ou moins, dépendamment du vélo. Il y en a qui le font à scooter ou en vélo électrique, qui vont plus vite et demandent moins d’efforts. Après, il y a un phénomène qui est beaucoup plus gros que ce à quoi je m’attendais, et ce sont les gens qui le font à Bixi! Je sais pas s’il faut être soit vraiment dans la merde, soit très perdu pour faire ça.

Pour ma part, j’utilisais un Canondale road bike, que je ne devrais probablement pas utiliser pour cette job-là! (rires)

Est-ce que c’est chiant, parfois, de faire le tour de la ville à vélo?

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Pour mieux coordonner les livraisons, ils ont un système qui t’envoie deux ou trois commandes à la fois. Par contre, tu vois seulement où la première commande est, donc il se peut que les restos soient assez éloignés entre eux. Dans ces cas-là, les adresses de livraison seront près les unes des autres.

Ce qui est plate avec ça, c’est que tu ne peux pas vraiment décider à quelle heure tu termines ton shift. Tu peux te dire que tu termines à 22 h et que t’acceptes cette dernière commande, mais ça se peut que tu finisses vers 23 h 30, et que tu sois très loin de chez toi! C’est très « demande-moi rien, je te demande rien » comme attitude. C’est le travail indépendant poussé à son paroxysme.

C’est quoi ta meilleure anecdote de livraison?
Bonne question, je dirais les deux fois par été où les gens chez qui je vais livrer m’offrent une bière! Sinon, ce n’est pas vraiment une anecdote, mais quand tu es livreur, si quelque chose t’arrive sur ton vélo et que tu ne peux pas continuer, tu peux manger les commandes dans ton sac!

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