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Combien ça gagne, un.e exterminateur.trice?
Que ce soit parce que Mimi la souris a fait de votre cuisine son terrain de jeu ou parce que vous avez eu la mauvaise idée de vous approcher trop près d’un matelas abandonné sur le trottoir, si vous habitez à Montréal, il y a de fortes chances que vous ayez déjà contacté un exterminateur.
Aussi appelés techniciens en gestion parasitaire, les exterminateurs ne chôment pas, surtout en ville. Entre les poubelles, la promiscuité des logements quand ceux-ci ne sont pas carrément insalubres, leur intervention est souvent indispensable pour maintenir un environnement sain.
Pour cet article, j’en ai rencontré deux : Justine Paradis, employée chez Abiosphère Extermination, et Dominique Sabourin, copropriétaire d’Extermination SM, afin de discuter formation et salaire.
Un certificat tu obtiendras
Pour exercer en tant que technicien en gestion parasitaire, il est nécessaire de détenir un permis délivré par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Et pour obtenir ce permis, il faut suivre un cours dispensé par la SOFAD (Société de formation à distance des centres de services scolaires du Québec). Aussi, il est désormais obligatoire de suivre chaque année des formations accréditées pour conserver son permis. Autrement dit, il y a moins de chances de se retrouver avec un exterminateur qui confond les coquerelles avec des confettis!
Justine Paradis détient deux certificats. Un qui lui permet de vendre des pesticides et un autre pour les utiliser. Quand elle a commencé en 2015, elle s’occupait de la vente dans la boutique, située sur le boulevard Rosemont à Montréal. Désormais, elle pratique principalement sur le terrain.
Quand elle a commencé en 2015, Justine gagnait 12$ de l’heure. Aujourd’hui, sa rémunération atteint les 31$ de l’heure. Elle se situe donc dans la fourchette haute si l’on se fie aux dernières données du Guichet-Emplois du gouvernement du Canada qui indiquent qu’au Québec, un exterminateur gagne entre 15,75 et 39,83$ de l’heure.
Abiosphère Extermination fournit aussi à Justine un véhicule et finance son cellulaire. Une situation qu’elle trouve très avantageuse, mais qui s’acquiert avec le temps et l’expérience.
Pour sa part, Dominique Sabourin a quitté l’enseignement en 2016 pour créer Extermination SM avec son conjoint. Si elle ne souhaite pas mentionner son salaire, elle considère toutefois être dans une situation plus confortable maintenant qu’elle a fait cette transition.
Pour ce qui est de la place des femmes dans le métier, selon le dernier recensement en 2022, le métier de « préposé à la vermine » comptait 900 exterminateurs au Québec, avec 8,6% de femmes. Dans le Grand Montréal, c’est 400 exterminateurs pour… 4,1% de femmes. C’est donc une fierté, pour Justine, de rendre le métier plus inclusif.
Aimer les gens et les insectes
Du haut de ses dix ans d’expérience, Justine Paradis me parle de son métier avec passion. « Je dis tout le temps qu’il faut aimer les gens pour pouvoir faire ce métier-là, parce que tu aides le client avant tout. » Selon elle, être exterminateur c’est « 60% de psychologie ». Il faut rassurer les clients et les mettre en confiance pour que la collaboration se passe le mieux possible. « C’est un métier que tu ne peux pas faire toute seule. C’est vraiment un travail d’équipe avec les gens sur place. »
Selon Justine, une qualité essentielle pour un exterminateur est d’être passionné par les insectes :
« Notre but n’est pas de tuer tous les insectes, mais de régler une situation qui pourrait devenir problématique pour la santé des humains. »
En une seule journée, Dominique peut rendre visite à entre 6 à 8 clients. Elle fait de l’inspection préventive, de l’extermination, et se rend aussi à la Cour, puisqu’il arrive qu’elle soit convoquée en tant qu’expert témoin, par exemple pour un propriétaire qui a des problèmes récurrents avec son locataire (ça reste assez exceptionnel). En plus d’offrir ses services aux particuliers, elle fait aussi de la prévention et du traitement dans les restaurants et commerces, mais Dominique essaye désormais de limiter ce type d’activité. « On ne fait plus du tout de [passage] mensuel parce qu’on trouvait ça démotivant. Les gens n’écoutaient pas vraiment les recommandations. On revenait le mois d’après et c’était la même chose. »
Ça vole-tu, une coquerelle?
Les deux femmes remarquent toutes les deux la quantité d’idées préconçues qui circulent autour de la gestion parasitaire.
« On a des clients qui nous disent que les coquerelles, ça descend [dans les murs], mais que ça ne peut pas monter. Alors que non, la coquerelle utilise toute la tuyauterie et peut monter en moins d’une minute au troisième étage », m’explique Dominique.
Un manque de connaissances qui témoigne d’un tabou encore très présent d’après Justine :
« Notre but, c’est aussi d’enlever les tabous. C’est pas parce que t’as des insectes chez toi que t’es sale ou que t’es pauvre. C’est pas une classe sociale, c’est pas une situation financière, c’est l’environnement, tout simplement. »
Bien que ces préjugés disparaissent petit à petit, c’est encore difficile d’assumer en réunion d’équipe le lundi matin que t’as mal dormi à cause des coquerelles que t’as passé la nuit à essayer de tuer.
Même si la concurrence est forte dans le milieu de la gestion parasitaire, Justine et Dominique sont confiantes, car elles estiment leur métier nécessaire, surtout dans les grandes villes. Et comme dit Justine : « On a de la compétition au pied carré à Montréal! »