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Combien ça gagne, un.e avocat.e? 

Le gros salaire, c’est un mythe ou une réalité?

Par
Léopold Picot
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Je ne sais pas pour vous, mais quand je pense à la profession d’avocat.e, mon esprit s’envole vers Hollywood. De grandes tours de verre, des bureaux immenses, des hommes et des femmes en costume ou tailleur qui préparent le dossier du siècle. Bref, de grandes responsabilités et le style de vie un peu « bourgeois » qui vient avec.

Bon, désolé de vous l’apprendre, mais dans la réalité, c’est pas tout à fait ça. On a contacté trois avocat.e.s de trois domaines différents pour voir à quoi ressemble leur quotidien : une avocate spécialisée dans la protection des données personnelles, un avocat en droit des affaires et une avocate directrice d’entreprise, anciennement avocate en litige.

Le bac d’abord

Avant même de parler salaire, il faut déjà parler études. Les profils sont très variés, mais au Québec, pour être avocat.e, il faut avoir un bac et passer le Barreau. Au minimum, ça représente de 4 à 5 années d’études.

Mais il y a aussi la version de Cynthia Chassigneux. Spécialisée dans la protection des données personnelles (une branche relativement récente du droit), celle-ci a opté de prolonger le plaisir.

« Après cinq ans d’études de droit en France, je suis venue faire un doctorat en cotutelle au Québec. Par la suite, j’ai fait un postdoc en même temps que je faisais mes équivalences pour devenir avocate ici, donc on atteint presque la dizaine d’années d’études », explique l’avocate, sourire en coin.

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Pour ceux qui y songent, sachez que se lancer en droit, ça peut être rapide – ou pas, estime Sophie Gagnon, avocate et directrice générale de Juripop. « Après, quand on a son bac en droit, on rentre tellement rapidement sur le marché du travail… Moi, ce que j’ai fait, c’est que j’ai reporté mon stage du barreau de deux années pour pouvoir acquérir d’autres expériences », explique-t-elle. Pour sa part, Sophie a choisi de travailler en santé publique en Ouganda.

Ce qui est intéressant, avec le métier d’avocat.e, c’est que le droit est tellement large, qu’on peut être dans le public, dans le privé, dans le conseil, devant les tribunaux, rédiger des contrats, ou encore offrir une aide juridique, et dans tous les domaines imaginables. Loris Bénaiteau, par exemple, est avocat en droit des affaires chez Delegatus, et a directement intégré le cabinet montréalais à la sortie de ses études.

Il y a parfois des idées préconçues sur le domaine, comme celle selon laquelle un avocat doit défendre son ou sa client.e à tout prix et sans vergogne, pour obtenir le meilleur contrat possible. Bénaiteau assure toutefois que son travail est plus subtil : « On fait en sorte que les négociations et les contrats commerciaux soient justes et équilibrés pour que ces contrats durent dans le temps et créent de belles relations d’affaires, tout en protégeant les intérêts de nos client.e.s ».

Du simple au triple (ou plus)

Aucun.e avocat.e contacté.e ne se plaint de son salaire. Lorsqu’elle était la seule juge administrative en matière de protection des données personnelles au Québec, Cynthia gagnait entre 160 et 170 000 $ par an. Indépendante depuis peu, elle ne peut pas encore calculer son salaire mensuel, mais affirme en être « très satisfaite ». En plus, elle estime qu’en devenant indépendante, elle a enfin pu retrouver un certain équilibre.

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En passant d’un gros cabinet à la structure Juripop, Sophie croit avoir divisé par deux son salaire. Elle a cependant redonné du sens à son travail : « J’aimais le côté technique du litige, le fait de devenir experte dans un sujet comme l’aéronautique, par exemple, mais défendre des entreprises pour faire plus d’argent ne faisait pour moi pas de sens ».

Désormais, elle travaille à faire modifier le droit, afin qu’il défende mieux les personnes vulnérables, des victimes d’agressions sexuelles aux personnes divorcées.

En revanche, certain.e.s avocat.e.s peuvent gagner beaucoup, beaucoup plus… et d’autres, beaucoup, beaucoup moins.

D’après la dernière enquête du Barreau du Québec en 2019, un quart des avocat.e.s gagnaient moins de 70 000 $ par an, 44 % gagnaient entre 70 000 et 130 000 $, et moins d’un avocat sur dix gagnait plus de 200 000 $.

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En fait, tout dépend de la branche, de l’ancienneté, de l’expérience et du diplôme. Le salaire d’un avocat varie énormément selon la taille du cabinet intégré. Loris, qui n’a pas souhaité révéler son salaire, estime avoir un revenu « tout à fait confortable ». Les tranches suivantes, établies par le site Jurigo, sont ainsi plutôt justes d’après lui.

Pour les avocat.e.s travaillant directement dans des entreprises, ce salaire moyen est plus élevé. Ensuite, tout dépend de pour qui on travaille.

Cela va sans doute t’étonner – ou pas, mais si un.e avocat.e travaille pour des entreprises extractives d’industries fossiles, il ou elle aura un salaire moyen bien plus élevé qu’en travaillant dans une entreprise publique.

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En revanche, il y aura moins d’avantages sociaux et plus de chances d’avoir un nombre d’heures travaillées élevé !

Et l’équilibre de vie?

Et le quotidien d’un avocat? Dans tous les cas, c’est beaucoup d’heures, pas toujours facturées. Cynthia travaille de 8 à 10 heures par jour où elle veille sur l’actualité juridique, participe à des réunions avec les client.e.s, rédige des avis, en plus de préparer des conférences et des articles.

Lorsqu’elle était avocate en litige dans un grand cabinet, Sophie travaillait au moins 45 heures par semaine rémunérées, souvent plus et se voyait parfois forcée de souper au bureau.

Loris, lui, a du mal à estimer le nombre d’heures qu’il passe au travail : « Ça dépend vraiment des semaines, certaines sont plus chargées que d’autres, mais ça reste correct. On s’organise pour avoir des contacts d’urgence si besoin en cas d’absence, pour trouver un équilibre. » Pour l’avocat en droit des affaires, les moments d’urgence sont aussi une contrepartie des honoraires, qui peuvent paraître élevés dans le secteur.

Si on parle beaucoup de salaire, le droit, c’est bien plus que ça.

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Malgré la baisse de son salaire, Sophie est heureuse d’avoir abandonné son poste bien payé dans un des plus gros cabinets de Montréal pour finalement se lancer chez Juripop surtout qu’étudiante, elle avait choisi le droit pour son potentiel de changement sociétal. « On peut avoir une place utile dans la société et aider les gens à comprendre leur droit, à exercer leur droit, tout en contribuant à la réflexion sur l’amélioration du système de justice », affirme la directrice

De quoi renouer, au moins un peu, avec l’image hollywoodienne de l’avocat, pour garder un peu de magie après ce bout de texte très pécuniaire!