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Combien ça gagne, un dentiste?

Non, il ne met pas l’entièreté de la facture dans ses poches.

Par
Charlotte Glorieux
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À en croire la quasi-totalité de mes amis et proches dans la mi-vingtaine, lointaine est l’époque où ils ont ouvert grand leur bouche pour présenter leurs belles dents blanches aux spécialistes.

Heureusement pour mes amis, et peut-être pour vous également, le Régime canadien de soins dentaires (RCSD) offre depuis peu l’accès aux soins dentaires gratuits, ou à petits coûts. Pour vous y inscrire, il faut simplement se rendre sur le site du gouvernement du Canada. Vous pouvez même le faire dans un café ultra branché en attendant votre pour over. D’ailleurs, un nettoyage gratuit ne vous fera pas de tort après un été caniculaire passé à enchaîner les lattés glacés.

Bon, maintenant que vous avez toutes les raisons du monde pour (re)prendre rendez-vous avec un dentiste, intéressons-nous à ceux et celles qui manient les instruments de torture buccaux : que se cache-t-il derrière chaque facture pour des soins dentaires? Et surtout, combien ça gagne, un dentiste?

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Parce que derrière chaque nettoyage, il y a un ou une professionnel.le habituellement ultra diplômé.e — et bien rémunéré.e!

« En moyenne, un dentiste qui travaille à temps plein gagne environ 250 000 $ », révèle Dre Julie Lessard.

Une somme qui a de quoi faire rêver — ou grincer des dents.

Attention : ce chiffre se doit d’être déconstruit. Car derrière chaque sourire facturé, les dentistes font face à une panoplie de frais dont vous ignorez sans doute l’existence.

Un sourire qui vaut de l’or

Dre Julie Lessard possède la Clinique Dentaire du Quartier, dans le quartier Montcalm, à Québec. Son équipe compte 20 personnes, dont quatre dentistes. « C’est une grosse clinique », admet celle qui œuvre dans le milieu depuis plus de quinze ans.

Il faut donc rémunérer les membres de ce personnel hautement qualifié. Pour la Dre Lessard, son salaire est versé par dividendes, et chaque mois, elle reçoit un montant différent.

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Les quatre dentistes employés sont, pour leur part, payés « par pourcentage ». « C’est souvent comme ça qu’on commence sa carrière, en travaillant pour un autre dentiste », explique Dre Lessard. Pour ces dentistes, le chiffre magique est de 35 % — il s’agit de la part, en moyenne, que chaque dentiste recevra d’une facture chargée au patient.

À cela, il faut toutefois retirer les frais de laboratoire qui sont souvent conséquents. Dre Lessard explique que si la pose d’une couronne vous est facturée 1 700 $, « le laboratoire me charge des frais qui sont quand même importants, surtout si on travaille avec de bons laboratoires ».

D’après Dre Lessard, après quelques années à œuvrer « à pourcentage », le parcours classique pour un dentiste est ensuite de se faire offrir des parts dans une clinique « parce qu’un dentiste veut vous garder, ou alors, il a une clinique à vendre ».

Elle nuance cependant et précise que ce cas de figure a légèrement changé depuis.

« Maintenant, il y a beaucoup d’entreprises qui achètent des dentistes », explique Dre Lessard.

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« Une grosse boîte va donc gérer plusieurs cliniques pour standardiser un peu le milieu. Il y a beaucoup de bons et de mauvais côtés à cela. Les entreprises sont très agressives sur le marché. »

Ce changement structurel coïncide aussi avec une transformation sur le plan générationnel. Dre Lessard observe que chez les jeunes professionnels, le modèle de la clinique solo s’efface tranquillement au profit d’un équilibre de vie plus assumé — quitte à redéfinir les paramètres du métier. « Ils préfèrent travailler “à pourcentage”, faire moins d’heures, et ils sont bien comme ça. »

Ce dernier point est le plus important, car dans un contexte où la compétition est forte, il ne suffit plus d’être bon avec ses instruments : il faut aussi savoir se démarquer comme entrepreneur.

Savoir vendre ses services

Pour être dentiste et propriétaire de sa clinique, comme Dre Lessard, être bon en affaires est aussi important que de savoir faire un bon nettoyage en profondeur, ce qui décourage la professionnelle :

« Pour être très honnête, je suis plus une dentiste qu’une femme d’affaires. »

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Elle arrive toutefois à en rire : « Si je pouvais juste travailler sur des dents, je serais bien heureuse! »

De nos jours, le métier de dentiste rime donc avec marketing et il faut savoir vendre ses services. D’ailleurs, depuis la venue des réseaux sociaux, le modèle d’affaires a énormément changé.

« J’ai acheté ma clinique il y a 15 ans, puis dans ce temps-là, mes publicités passaient dans les journaux, à la radio. Maintenant, c’est sur les réseaux sociaux. »

À ce sujet, au Québec, la Dre Lessard estime que l’Ordre des dentistes est très sévère comparé aux autres provinces et aux États-Unis. Faire de la publicité est donc hyper réglementé : « Par exemple, si une patiente écrit sur Facebook ou Instagram : “Wow, sourire parfait avec la meilleure, Dre Lessard”, je n’ai pas le droit de le repartager sur mon propre compte. »

On ne finit pas d’apprendre

D’après Dre Lessard, le monde de la dentisterie a énormément changé depuis quelques années. « Les dentistes d’aujourd’hui ont accès à des machines plus poussées à l’université, tandis que dans mon temps, on développait nos films de radiographie à la main. »

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Et ces changements s’accompagnent de coûts. Les futurs dentistes doivent débourser environ 37 353 $ pour se procurer une trousse complète d’instruments lors de leur parcours académique.

Et dans cette profession en constante évolution, Dre Lessard ne lésine pas sur les formations supplémentaires, qu’elle paye au prix fort.

« Si tu veux te perfectionner en suivant, par exemple, un cours d’implant dentaire, c’est 25 000 $, et c’est toi qui payes pour ça! »

Mais pour Dre Lessard, l’amour du métier prend le pas sur les coûts : « On est des passionnés. On a le goût d’en faire plus, d’en apprendre plus. »

L’argent est là, certes, mais il n’est jamais au cœur de la démarche : « La majorité des dentistes ne font pas ça pour les sous. »

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