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Ah, le premier juillet! Pendant que nos amis dans le ROC célèbrent (ou pas) la Confédération, la plupart d’entre nous sont plutôt en train de s’enfiler des bières au soleil, ou d’aider nos amis à déménager. Parce qu’au Québec, la fête du Canada, c’est notre fête de fin (ou de début) de bail!
Et quand on voit ces grands gaillards qui passent leurs journées à monter et descendre des escaliers étroits en colimaçons du Plateau, on se pose tous la même question: combien ça gagne, un déménageur?
J’ai donc appelé Mathieu, déménageur pour une entreprise de la Rive-Sud, qui a accepté de répondre à toutes mes questions.
Salut Mathieu! Depuis combien de temps es-tu déménageur?
J’ai commencé il y a six ans, quand je sortais du secondaire. Je n’étais pas convaincu que les études supérieures seraient pour moi, et je me suis dit que ça serait pas mal de faire un peu de cash. Mon ami travaillait pour une compagnie de déménagement et m’a demandé si j’étais intéressé.
Savais-tu dans quoi tu t’embarquais?
«Ce que les gens ne savent pas trop, c’est que les déménageurs comptent surtout sur le pourboire des clients.»
Pas du tout, haha! Je suis arrivé, la patronne m’a regardé et m’a demandé quand je pouvais commencer. Ils ne m’ont pas posé de questions, je n’avais même pas de CV. En même temps, c’est un domaine où les gens ne font généralement pas long feu. C’est très demandant physiquement et mentalement, puis les salaires ne sont pas très élevés.
Justement, à quoi peut s’attendre quelqu’un qui commence, côté rémunération?
Je suis certain que ça doit avoir augmenté aujourd’hui, surtout avec la pénurie de main-d’œuvre, mais quand j’ai commencé, je gagnais un dollar de plus que le salaire minimum.
Par contre, ce que les gens ne savent pas trop, c’est que les déménageurs comptent surtout sur le pourboire des clients. Les gens voient le travail qu’on fait et se disent que le salaire doit être bon, mais c’est vraiment une job de service. Et après on doit séparer les tips avec les autres membres de l’équipe.
Y a-t-il un profil type du déménageur, ou est-ce un mélange assez hétérogène de gens?
«Tu peux faire trois, quatre déménagements dans la même journée, et travailler sept jours par semaine.»
De mon expérience, je te dirais que c’est souvent des gens pour qui c’est un premier emploi, ou qui sont entre deux jobs. On a énormément de jeunes, qui font ça un été pour se faire un peu d’argent et profiter de la force que leur donne la jeunesse. Et de l’autre côté, il y a aussi des gens pour qui c’est une forme de réinsertion sociale. Comme je te disais, ils ne sont pas très regardants sur le passé des gens, ce qui me plaît. Beaucoup des chauffeurs sont des gars qui sont sortis de prison et qui n’auraient pas pu trouver de travail ailleurs, parce que les gens ont des a priori.
Qu’est-ce que tu préfères, dans ton travail?
Mes collègues, surtout. Ils sont toujours de bonne humeur, on a développé une belle complicité. Aussi, j’aime me pousser et être persévérant. Surtout lorsque j’étais plus jeune, je voulais être le meilleur dans tous les aspects de mon travail. Je voulais transporter les trucs les plus lourds, faire les plus longues heures…
Et ce qui te déplait le plus?
Autant que j’aime l’aspect physique du métier, ce n’est pas toujours évident! Surtout l’été, les déménageurs ont très peu de repos. Tu peux faire trois, quatre déménagements dans la même journée, et travailler sept jours par semaine. J’ai même déjà eu un shift qui a duré 23 heures, sans pause-déjeuner!
Quel est le meuble ou l’item que tous les déménageurs détestent transporter?
«Un bon client, c’est celui qui est *vraiment* prêt à déménager!»
Ce n’est pas si commun, mais c’est sans doute les pianos. Il y a une fois où on était quatre en train d’essayer de monter un piano au troisième étage d’un immeuble. C’était si lourd que nos sangles de levage ont déchiré sous le poids du piano. Deux d’entre nous sont tombés avec, et un des gars est resté coincé en dessous. On a dû le laisser dans les escaliers pendant une heure, avant de se résoudre à le redescendre et dire aux clients de trouver quelqu’un d’autre pour le faire.
Qu’est-ce qui fait un bon client, lorsqu’on est déménageur?
Un bon client, c’est celui qui est *vraiment* prêt à déménager! Ceux qui ont fait leurs boîtes, les ont identifiées et savent où elles devraient aller dans le nouveau logis, qui ont des bouteilles d’eau à disposition pour les gars qui les déménagent.
Il n’y a rien de pire que quand c’est ton troisième ou quatrième déménagement de la journée, que tu arrives chez le client et que les boîtes ne sont pas faites. Parce qu’après, tu n’as pas le choix de les aider à les faire. Et ce sont souvent les mêmes qui se plaignent que ça prend trop de temps, et qui ne laissent pas de pourboire! C’est très ingrat, comme métier…
C’est comment, être déménageur un premier juillet?
Oh bordel… c’est horrible! Ce sont des jours où tu commences vers 7h le matin et tu ne termines pas avant 10h ou 11h le soir. Par contre, c’est souvent ta journée la plus payante!
Qu’est-ce que tu peux offrir comme conseil, à tous ceux qui déménagent aujourd’hui?
Si vous faites affaire avec des déménageurs, par pitié, assurez-vous d’avoir fait vos boites. Et c’est aussi valable si vous faites ça seuls avec vos amis. Le plus important, c’est d’être préparé, organisé, d’avoir un plan clair et un horaire.
Une fois qu’on a tout ça de réglé, déménager devient beaucoup plus facile!