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Coin musique: on entre chez la comédienne Ingrid Falaise

« J’ai été happée par un je-ne-sais-quoi dans cette chanson, quelque chose d’important, qui réussissait à m’amener à la bonne place avant d’écrire. »

Par
Melissa Maya Falkenberg
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Quand Melissa Maya déménage, deux choses doivent être aussitôt branchées en dépit des montagnes de boîtes : la machine à café et la table tournante. L’animatrice et auteure — qui vient de scénariser un documentaire sur le disque vinyle et qui a un studio d’enregistrement à la maison — a eu envie de rencontrer d’autres freaks dans leur habitat naturel.

Illustration: Marianne Tremblay

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Cette semaine : on entre dans le condo de la comédienne, auteure et conférencière Ingrid Falaise.

Ingrid, j’aimerais d’abord que tu te revois toute petite, enfant. Quel est ton souvenir musical le plus lointain et le plus joyeux?

Mon père, qui joue de la guitare. Mes sœurs et moi, on lui disait toujours : « Papa! Fais Puff! Fais Puff! » Encore aujourd’hui, quand on se voit les trois filles, on chante cette chanson en faisant des harmonies. Je redeviens alors soudainement une petite fille. Une éternelle petite fille.

Mais c’est donc bien beau! J’ai d’ailleurs remarqué la guitare dans le salon quand je suis entrée tantôt… Elle est à qui?

À mon chum. Je me rends compte que j’ai marié un homme qui, finalement, ressemble beaucoup à mon père. Dans les partys de famille, parfois, ils grattent la guitare ensemble. Mon chum est un excellent musicien, mon père s’excuse alors de son « jeu amateur »… Mais c’est juste beau, tellement beau de les voir ensemble…

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As-tu chanté Puff The Magic Dragon à ton gars dans ta bedaine?

Non, mais c’est sûr que mon père va lui chanter quand il va naître. :)

Ingrid adolescente, maintenant… Ses goûts ressemblaient à quoi?

Eh boy. Tsé, quand tu es jeune, tu te cherches et tu essaies bin des affaires, han! Moi, je me suis autant tenue avec « les poils » qu’avec les « yo ». J’ai autant écouté Harmonium et Éric Lapointe que Rage Against The Machine ou No Doubt, en me teignant les cheveux comme Gwen Stefani… Je me souviens aussi de l’époque pendant laquelle on niaisait KC LMNOP, en changeant les paroles. Et quand on faisait et enregistrait du rap dans le sous-sol!

Ha, ha, ha, ha!

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Bref, ça dépendait de l’âge – on vit plusieurs « passes » de 12 à 17 ans! – et des personnes avec qui j’étais aussi. Sinon, je peux dire que j’ai réellement, mais réellement tripé sur Jean Leloup. Et que j’ai visité tous les classiques comme Nirvana et Led Zeppelin.

Ingrid, tes dernières années ont été marquées par l’écriture de deux livres, autobiographiques, dont le sujet est très dur (la violence conjugale). As-tu eu besoin du silence absolu pour écrire? Ou, au contraire, la musique DEVAIT accompagner l’écriture?

Écrire dans un café, où il y a du bruit et de la musique, j’ai essayé… Pas capable! Quand j’écris, j’ai vraiment besoin de silence. Et il m’arrive souvent de porter des écouteurs, sans musique qui en sort, simplement pour me couper du « monde »…

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Même si tu es seule chez vous ou à ta table de cuisine?

Oui. Et je relis chaque mot que j’écris à voix haute.

OK, on oublie ça, mes questions musicales en lien avec l’écriture… (LOL.)

Ne-non! Attends… Je dois dire que, pour « me partir », je mets toujours de la musique. Bon Iver ou Great Lake Swimmers. J’écris le soir, souvent avec un petit verre de vin, et c’est la musique qui m’aide à plonger dans la séance.

Peut-on parler de… rituel?

Tout à fait. Cette chanson de BEYRIES, par exemple, écrite par mon ami Maxime Le Flaguais. Je l’ai écoutée avant CHAQUE séance d’écriture de mon deuxième livre. J’ai beaucoup parlé d’amour dans ce deuxième livre. On arrive sur Terre pour connaître l’amour, l’amour de soi, d’abord. S’ouvrir à nouveau, c’est exactement ce que je vivais. J’ai été happée par un je-ne-sais-quoi dans cette chanson, quelque chose d’important, qui réussissait à m’amener à la bonne place avant d’écrire.

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Wow. Merci de la découverte. Tu sais, des fois je me dis : ça ferait tellement du bien aux auteurs-compositeurs de savoir qu’on les écoute à tel moment précis à quelque part dans le monde, et à quel point telle chanson, qui ne passe pas nécessairement à la radio tous les jours, réussit à toucher une autre personne à ce point…

Voire sauver sa vie, oui.

Il faudrait que les musiciens puissent voir ces moments dans une caméra magique… :) Comme les chansons qu’on choisit pour notre mariage, par exemple, qu’on s’approprie et qui deviennent tellement symboliques. Dis-moi, y a-t-il eu un moment musical important à ton mariage?

Tu sais, moi, mon artiste préféré de tous les temps, c’est Charles Aznavour. Mais du côté anglophone, je CAPOTE sur la voix de Ray Lamontagne. Et, crois-le ou non, je connais quelqu’un qui chante encore mieux que lui. C’est Ken, le chum de Julie Bélanger, à qui j’ai demandé de chanter To Love Somebody pour la première danse. Ken, il est méga réservé. Il a fini par me dire : « Écoute, c’est sûr que je vais vomir avant de la faire, mais c’est un honneur que tu me le demandes ainsi, alors je dis oui. » Un moment magique…

Pour terminer, Ingrid, la chanson de liberté la plus puissante au monde selon toi?
Pour terminer, Ingrid, la chanson de liberté la plus puissante au monde selon toi?
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The Air That I Breathe, qui me rappellera pour l’éternité ma reconstruction. C’est ma chanson de guérison. Imagine. Tu viens d’arriver en thérapie, c’est le premier matin. T’es dans ton petit dortoir. Les thérapeutes viennent réveiller tout le monde avec cette chanson, en tapant dans les mains. T’es brisée, ça te tente pas. Puis, les jours passent. Et c’est cette mélodie qui commence chaque nouvelle journée que tu dois affronter. Ses mots sont si représentatifs– no cigarettes, no sound, no books –, on nous avait réellement tout confisqué à notre arrivée (même mes disques de Charles Aznavour qui m’apaisaient tant!) pour qu’on se retrouve chacune uniquement avec soi-même. Avec tout ce dont on avait besoin, au fond: l’air pour respirer, et, s’aimer… Ce sera, pour toujours, aux autres filles qui étaient là et à moi, notre chanson de guérison.

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