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Claudine Jacques, manifestante pro-choix

Par
Judith Lussier
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Devant la clinique Morgentaler se tiennent simultanément deux manifestations : celle contre l’avortement, et celle pour le choix. Calmement, Claudine tient sa pancarte.

Vous manifestez souvent seule, entourée de plusieurs manifestants pro-vie, faites-vous partie d’un groupe organisé?
Nous sommes quelques personnes à venir manifester de temps à autre, mais à part un groupe sur Facebook, nous ne sommes pas vraiment organisés. C’est plutôt une réaction au groupe anti-choix.

Pourquoi dites-vous «anti-choix» au lieu de «pro-vie»?
Pour moi, ils ne sont pas pour la vie puisqu’ils ne tiennent pas compte de la réalité de la mère. En plus, ces gens-là sont associés à des valeurs de droite. La plupart sont contre les programmes sociaux et contre la contraception. Je me considère plus pour la vie qu’eux.

Qu’est-ce qui vous a incité à manifester?
Quand je les ai vus, j’ai ressenti beaucoup de colère. Comme je ne voulais pas garder ça en dedans, je suis allée à la quincaillerie et je me suis fabriqué une pancarte.

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Ont-ils essayé de vous mettre des bâtons dans les roues?
L’an passé, les anti-choix appelaient la police. Ils disaient qu’on les intimidait, mais comme la police ne voyait pas d’intimidation, ils nous ont laissé manifester.

Aujourd’hui, il semble y avoir une belle cohabitation, malgré vos dissidences. Ça va mieux?
Oui, ce sont des gens qui demeurent civilisés, ça m’a surprise. Des deux côtés, on réalise qu’on n’arrivera à rien avec de la violence ou en se criant des bêtises. On aurait simplement l’air fous.

Vous ne manifestez qu’après 17h et la fin de semaine alors que les pro-vie sont là de 7h le matin à 19h, pendant 40 jours. Pourquoi?

Nous, on a décidé de manifester après les heures d’ouverture de la clinique, pour ne pas intimider les femmes qui viennent se faire avorter, même si on veut leur dire qu’on est là et qu’on les soutient. Mais aussi, on a une vie. Je travaille de 9 à 5 et j’ai d’autres activités.

Qu’est-ce qui vous accroche à cette cause?

Ce qui m’a réveillé, c’est de voir ce qui se passe au sud de la frontière. Au Mississipi, on veut faire passer un projet de loi qui considère la contraception comme un meurtre!

Allez-vous faire la fête, à la fin de leur siège de 40 jours?

Le six novembre il y aura un grand pique-nique pro-choix au parc Lahaie.

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Contre l’avortement, mais…
Un sondage effectué en 1981 démontrait que 24% des femmes ayant eu recours à l’avortement considéraient la chose immorale. C’est l’une des statistiques que l’on apprend dans l’article «The only moral abortion is my abortion» (Le seule avortement moral est mon avortement), qui recense plusieurs cas de femmes ayant eu recours à l’avortement après avoir manifesté contre. L’une d’entres elles serait même retournée piqueter le lendemain.