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Cinq fruits et légumes anciens qu’on aimerait revoir à l’épicerie

Aimeriez-vous goûter au radis Queue de rat ou à la Grosse Blonde paresseuse?

Par
Stéphanie Forcier
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URBANIA et IGA s’unissent pour vous faire découvrir un pan délicieux de notre patrimoine.

PIMENT PÉNIS.

(On dit souvent que les premières lignes sont cruciales pour retenir l’attention du lecteur, alors voilà, je pense que je l’ai.)

Et, je continue : salsifis, concombre Tante Alice, pomme de terre crotte d’ours, tomate mémé de Beauce.

Non, ce ne sont pas les paroles d’une toune des Denis Drolet, mais plutôt des variétés de légumes et de fruits anciens qui gagneraient à être plus connus.

En regardant une des capsules de la série Les Racines du toit, on y apprend que 75 % des variétés de semences de notre patrimoine ont disparu.

PAR-DON?

Non seulement l’Amazonie est-elle en train de brûler, Old Orchard Beach est-elle en train de devenir Old plastic Beach, en plus, notre garde-manger disparaît insidieusement.

Tout va bien.

Actuellement, 16 entreprises québécoises se sont donné comme mission de préserver le patrimoine de semences en s’assurant de sélectionner et d’assurer une descendance de graines pour l’éternité.

À ces gardiens de notre biodiversité, mon écoanxiété vous dit merci!

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Les trippeux d’histoire ont de quoi s’amuser puisque chaque semence dite ancienne ou patrimoniale recèle des pièces d’anthologies de notre culture.

En voici cinq que j’aimerais beaucoup voir apparaître sur mes prochaines listes d’épicerie :

Le radis Queue de rat

Déjà je suis conquise, parce que lorsque j’entends « queue de rat », ce qui me vient en tête est plutôt un phénomène qui appartient au domaine capillaire qu’un légume de la famille des brassicacées.

(D’ailleurs, j’attends impatiemment que ce nom figure dans le palmarès des pires prénoms. « Alors, les amis, aujourd’hui on accueille un nouveau visage parmi nous : Brassicacée Gagnon. On lui fait une place dans notre cœur et on laisse sa p’tite couette de cheveux tranquille, compris? »)


Sources : Terre promise et Wikipédia.

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Contrairement à son homologue rouge bien connu, le radis Queue de rat, originaire d’Indonésie, ne produit pas de racine et se mange par l’extrémité de la plante.

Le radis rouge, bien que fort populaire sur les étals d’épicerie en été, n’aura jamais inspiré de coupe de cheveux. #influenceur #wokeuplikethis #queuederatdontcare

La Grosse Blonde paresseuse

J’avais des appréhensions en googlant ces trois mots. Assise dans un endroit public pour écrire ces lignes, je craignais de me retrouver à deux clics du dark Web ou devant un billet d’humeur de Richard Martineau.

Source : La Société des plantes.

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Fidèle aux épithètes qui lui ont été attribuées, cette laitue croquante détonne par son format qui remplit assez vite un Smart Pot et ne monte pas vite en graines, contrairement à ses consœurs.

Elle a été sélectionnée en 1854 par le célèbre grainetier français Vilmorin.

Question rapide comme ça : les fonctionnaires de Revenu Québec réagissent comment quand ils lisent « grainetier » sous la case Profession?

Le maïs canadien blanc

Source : Terre promise.

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Oui, ça ressemble au nom d’un restaurant de touristes dans le Vieux-Québec où des castors empaillés côtoient une paire de raquettes en babiche tressée, mais l’histoire derrière le maïs canadien blanc est presque aussi émouvante qu’un épisode de Claire Lamarche.

Voici ce qu’on peut lire à son sujet sur le site Internet de Terre promise :

Antoine D’Avignon était un passionné des légumes anciens. Précurseur au Québec dans la sauvegarde des semences du patrimoine, il a récolté, cultivé et partagé plusieurs variétés qui, aujourd’hui, auraient été oubliées sans lui. Lors d’une entrevue médiatisée à la fin des années 1990, il lance un appel à tous : le maïs québécois que nos grand-mères cultivaient n’existe plus. Personne ne fait plus pousser du maïs à farine. Après l’entrevue, une dame téléphone à la station de radio pour dire qu’elle avait en sa possession des semences de maïs à farine cultivé dans sa famille depuis des lustres.

Et c’est ainsi qu’elle a partagé avec Antoine son précieux trésor. Puis cet été là, Antoine en parle à son amie qui le prie de lui en donner quelques graines. Hésitant, car il en a très peu, il finit par lui laisser 6 semences. Celle-ci les cultive et les multiplie, puis en fait de la farine pour ses crêpes.

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La dame en question a ensuite contacté la propriétaire de Terre promise, autrefois employée de Semences du patrimoine. Parle parle jase jase, le maïs canadien arrive sur le sujet et elle lui en envoie par la poste (un colis normal, tsé).

EN PLUS, Antoine avait donné des graines à un AUTRE ami qui a encore en possession ladite enveloppe. Sur cette enveloppe, apparaissent un nom et un lieu : Anita Fournier, Nicolet.

Gens de Nicolet, si vous connaissez cette dame ou sa descendance : svp contactez l’entreprise Terre Promise afin que les graines de maïs canadien blanc qu’auraient pu avoir Mme Fournier puissent y être rapatriées.

La cenelle (prononcée ch’nelle)

J’ai fait appel à la mémoire de mon aïeule pour ce dernier en lui demandant « Tsé, dans ton temps, quand Jacques Cartier est débarqué en bateau avec Greta Thunberg, est-ce qu’il y avait un fruit ou un légume en particulier qui n’existe plus vraiment? »

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Des étoiles sont alors apparues dans les yeux de ma grand-mère : « Oui, des ch’nelles. »

Et mon père de renchérir : « OH OUI : LES CH’NELLES! »

Tous deux vivaient un moment dont j’étais clairement exclue.

« Te souviens-tu, avec Guy, quand on allait en cueillir? Ah pis les tartes aussi qu’on faisait! »

Ce fruit de l’aubépine (15 $ que 95 % d’entre vous ont atuellement l’air de Bobépine en tête) arbore une robe d’un rouge éclatant. Le fruit est cueilli à l’automne, préférablement, après les premières gelées. Il est affectueusement surnommé « poire à cochons » parce que, jadis, il faisait le bonheur de ces bêtes.

Après, une lecture approfondie sur ce fruit, j’en ai conclu qu’il ne fait pas l’unanimité puisque son goût « rappelle celui de l’urine », MAIS, selon le frère Marie-Victorin, les fruits de l’aubépine d’une variété qui pousse près du lac Champlain ont une pulpe qu’on peut qualifier de succulente et fortement appréciée.

Give ch’nelle a chance.

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D’ailleurs, je suis certaine qu’on peut retrouver le parfum Chnel no 5 en vente au marché aux puces de Bromont.

Source : Gastronomiac.

Le melon d’Oka

Ce melon a longtemps été dans l’ombre du melon de Montréal et pourtant, son goût est nettement meilleur puisqu’il est plus parfumé (1-0 Oka).

Sa chair et sa couleur s’apparentent davantage à celle du cantaloup. Il a été conçu au début du siècle dernier par un père trappiste d’Oka, autrefois directeur de l’Institut agricole du même endroit. À la fermeture de l’école, en 1962, le melon disparut… puis fut retrouvé à l’île Bizard, où il a d’ailleurs repris racine.

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Des travaux sont actuellement en cours (sur pas mal de routes du Québec) ET pour faire ajouter le melon d’Oka à l’Arche du goût de l’organisme Slow Food.

Source : Jardins de l’écoumène.

Recette pizza sucré — salée de Lyne Bellemare, artisane semencière

Tranches minces de melon d’Oka

1 c à soupe d’huile d’olive

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1 pâte à pizza déjà prête ou faite selon votre méthode maison

3 c à soupe de pesto

100 g environ de fromage de type mozzarella ou un fromage du Québec

1 c.à soupe de miel liquide

1 c. à soupe d’amandes effilées

1 poignée de roquette sauvage

Coupez le melon en lamelles
Le badigeonner d’huile d’olive.
Le faire saisir sur le gril une dizaine de secondes
Étalez la pâte à pizza et badigeonnez-la de pesto
Mettre le fromage râpé et versez le coulis de miel par-dessus
Enfournez de 15 à 20 min selon votre pâte.
Servez chaud
Ajoutez les amandes et les feuilles de roquette
Savourez

Sur ce, je vais aller tester le commis des fruits et légumes pour lui demander si la Grosse Blonde est en promotion cette semaine!

Ah et pour ceux et celles qui aimeraient en savoir davantage sur le piment pénis… c’est par ici.

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