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Granby est le paradis des motels avec des enseignes en néon des années ‘50. De toute beauté, vraiment. Parmi les plus «spectaculaires» : celle de Ben on s’bourre la bédaine, une cantine réputée estrialement pour sa poutine. C’est dans ce resto mythique que nous avons fait notre premier arrêt.
À l’intérieur, on a l’impression que la Banquise meets Nickel’s. Les serveurs portent de chics chemises lignées rouge et blanc et des petits chapeaux rouges qui finissent en pointu. Le menu regorge de jeux de mots fins comme «bourre-bédaines» (hamburger double servi sur pain mouillé), «bourre-lait» (crème glacée) et «bouche-trou» (hamburger simple).
(En passant, chez Ben, on ne dit pas bienvenue, mais «benvenue») Malade.
Ce qui frappe quand on va chez Ben, c’est la bonne humeur des employés et la bonne entente dans le team. On les imagine facilement mettre des coussins-péteurs sur les chaises de la salle d’employés et se donner des claques sur les fesses avec les guénilles quand on a le dos tourné. En plus de cette belle fraternité, il y aussi le service qui frappe les non-initiés. Quand le caissier prend la commande, il demande le nom de chaque client et l’appelle ensuite dans tout le restaurant. «Paul!!! Ta commande est prêteeee!!!» Tellement human comme procédé.
Ça m’a rappelé mon père.
À Plessisville, il y a une cantine crade qui s’appelle le Roi de la Patate. Les caissiers procèdent de la même façon et callent tous les clients. Chaque fois que mon père va manger dans ce resto, il ne dit pas qu’il s’appelle «Germain». Il préfère inventer un nom. Il dit qu’il s’appelle Lestoy, Séraphin, Carmin… Chaque fois, la caissière crie son nom dans la salle à manger et tous les autres clients se retournent avec des yeux remplis de«quissé-qui-peut-bien-s’appeler-Lestoy-crrrisss?» Chaque fois, mon père va chercher son assiette en essayant de contenir son rire devant leur regard en point d’interrogation. Il est drôle comme ça mon père.