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Chers jeunes qui marquez l’histoire
«Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses», scandait Greta Thunberg lundi dernier au sommet de l’ONU.
Assise devant mon ordinateur, j’écoutais ses mots et je me demandais comment cette jeune femme de 16 ans pouvait porter une telle cause sur ses épaules. À 16 ans, j’étais pas mal plus occupée à être la reine de mon école secondaire, plutôt que celle d’un combat aussi important que la sauvegarde de la planète.
Devant une marée d’hommes en position de pouvoir, elle me semblait si seule à défendre ses idéaux, que certains osent qualifier d’utopistes. «Nous devons prendre ça comme un compliment. Nous avons tellement d’impact, qu’ils essaient de nous museler», a-t-elle pourtant martelé en conférence de presse ce matin.
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Aujourd’hui, impossible de faire la sourde oreille devant le bruit de la métropole qui vibrait sous les pas de près de 500 000 personnes réunies pour lancer un message clair aux dirigeants. Même les travailleur.euse.s perché.e.s dans leurs hautes tours à bureaux qui n’ont pas pu prendre congé s’attroupaient près des fenêtres pour montrer leur solidarité.
À la tête du contingent, Greta était entourée de membres des Premières nations qui marchaient dans le même but: reprendre possession de leur Terre mère. « Peut-être que si elle s’appelait Père nature, vous lui accorderiez plus d’importance», pouvait-on lire sur une affiche.
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Dans cette marche, plusieurs luttes se donnaient la main : capitalisme, patriarcat, éducation, reconnaissance des premières nations. Ces enjeux sont tous exacerbés par le réchauffement climatique, surtout ceux des peuples autochtones, qui sont les premiers à être touchés en perdant leurs ressources naturelles aux prix de nos investissements pétroliers. « Je suis ici pour le caribou, parce qu’il va disparaître », faisait d’ailleurs valoir Daisy Bellefleur porte-parole du Réseau Jeunesse des Premières Nations Québec-Labrador.
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Vous m’ouvrez les yeux
Marchant dans la foule qui s’étendait sur près de 3 km, j’étais convaincue d’être à la bonne place, mais pour la première fois, ce ne sont pas mes cris et ceux de mes amis millénariaux qui résonnaient.
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En 2012, encore au secondaire je m’étais révoltée contre mon futur cégep qui avait voté contre la grève (ils ont d’ailleurs encore voté contre celle pour l’environnement). En 2015, j’étais dans les rues, aux premières loges à crier «À qui la rue, à nous la rue» pour faire entendre ma voix contre les restrictions budgétaires en éducation. Mais aujourd’hui, la rue était à ceux qui la prennent depuis février dernier. Tous ces jeunes, du secondaire principalement, qui se mobilisent chaque vendredi pour faire comprendre aux dirigeants qu’il faut agir maintenant (et même hier) si on veut que ça change.
En vous voyant dans les rues, j’ai mieux compris votre désarroi. J’ai compris votre peur. Et vous avez raison de déranger pour vous faire entendre, n’en déplaise à certains chroniqueurs.
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J’adore les envolées de Dominic Champagne, le porte-parole du Pacte pour la transition, mais c’est vous que j’ai envie d’écouter, parce que vous êtes l’avenir. Votre vision est juste et nous avons beaucoup à apprendre de vous.
Plus tôt cette semaine, Isabelle et Mika du collectif La planète s’invite à l’université me révélaient qu’ils étaient un mouvement non partisan. Comme Greta, ils préfèrent ne pas s’attarder à des individus, mais plutôt à «l’ensemble du portrait». Leur message est clair, «écoutons la science et mobilisons-nous».
«On ne sait pas ce qui va arriver, mais chose certaine le mouvement va être encore plus fort», m’assurait Mika au bout du fil. Malgré les larmes de frustration, des changements qui ne s’opèrent pas assez rapidement, ce sont des sourires que je voyais dans vos visages aujourd’hui. Votre optimisme dans la crise mérite d’être salué.
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Vous êtes les instigateurs de la plus grosse manifestation jamais vue au Québec et vous marquez l’histoire.
Maintenant, ne reste qu’aux dirigeants à entrer dans la parade et à réaliser que s’ils ont marché à vos côtés, ils se sont ainsi engagés à vous écouter.