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Chérie, j’ai pimpé la citrouille

Quand décorer une citrouille devient de l'art éphémère, vingt fois plutôt qu'une.

Par
Hugo Meunier
Hugo Meunier
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Une dizaine de citrouilles traine contre le mur dans le couloir de la résidence de Marilou Filiatreault et Benoit Delorme, dans le quartier Rosemont à Montréal. Une vague orange, comme en ont rêvé Jagmeet Singh et sa bande, dans sa version végétale.

Le soir de l’Halloween, il y aura le double de décorées pour le plaisir des centaines de visiteurs qui se présenteront à leur porte, dont plusieurs viennent expressément pour voir leurs créations. Pour le plaisir du couple aussi, qui est derrière cette espèce de Petit Bal des citrouilles dont ils sont les seuls artisans depuis une dizaine d’années.

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Voisin et admirateur de leur travail, j’ai voulu savoir comment ils en étaient venus à élever la décoration de citrouilles au rang d’art. « De l’art éphémère », nuance Marilou, qui m’a aussi invité à apporter ma propre citrouille pour une leçon privée. Cool, je n’avais toujours pas découpé mes traditionnels yeux en triangle au-dessus d’une bouche avec des dents pointues-croches.

Pas question de rater cette occasion en or et en fibre alimentaire de step up ma game de cucurbitacées.

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Ce qui frappe en entrant chez Marilou et Benoit, c’est d’abord le mur complet de la cuisine recouvert de photos de leurs trois enfants dans des parcs.

L’autre étrange hobby de la famille.

«On est rendu à 165 parcs en trois ans. L’objectif est de se rendre à 200», explique Marilou, devant le mur de cadres mettant en vedettes les acrobaties de Benjamin, Danaé et Samuel dans tous les espaces verts de la Ville. «Le parc Goncourt à Anjou est celui qui torche le plus», affirme sans détour l’hôtesse de la maison, qui documente chaque expérience dans un cartable. «Notre prochain défi sera de faire tous les skate parks», enchaine-t-elle, devant le regard enthousiasme de Benjamin.

Mais bon, revenons à nos citrouilles.

Les modèles de 2017

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Marilou et Benoit habitaient le Plateau lorsqu’ils ont commencé à décorer leurs premières citrouilles. «On avait vu une dame qui en avait une cinquantaine chaque année au coin Marquette et Laurier. On a commencé de notre bord et on a eu la piqure», raconte Marilou, une intervenante psychosociale.

Sur le Plateau, le couple calculait environ 800 visiteurs annuellement. «Le mot se passait et les enfants revenaient avec leurs parents, se prenaient en photos devant les citrouilles. On était comme pogné dans un engrenage!», lance dans un éclat de rire cette sculptrice de courge, bien heureuse d’être victime d’un tel succès.

Opération graines de citrouille

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Mais tout était à recommencer en déménageant dans Rosemont il y a quelques années, dans un secteur dont les habitants affichent un profil sociodémographique plus âgé et nettement moins Halloween friendly. «On est passé de 800…à 200 visiteurs. Avec nos citrouilles, on a remonté ça à environ 500», estime Marilou, qui s’attend à un record cette année après avoir récolté près de 300 likes sous une récente invitation sur le site des parents de Rosemont.

C’est sans compter les millions de lecteurs d’URBANIA, chez qui la simple mention « pumpkin spice » provoque une décharge de plaisir avant même que le mot « latte » n’ait pu être prononcé.

«Sculpter des citrouilles ne demande aucun talent [me voilà rassuré], juste de la patience et du power bras», résume humblement Marilou.

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Une semaine avant l’Halloween, le couple découpe ses citrouilles jusqu’aux petites heures. Sans rien leur enlever, ils trouvent des croquis sur différents sites, qu’ils découpent ensuite avec précision à l’aide d’outils qu’on peut trouver un peu partout. Truc de pro DIY : les petites scies sont importantes, puisqu’elles seront utiles pour compléter le gros du travail.

«Sculpter des citrouilles ne demande aucun talent [me voilà rassuré], juste de la patience et du power bras», résume humblement Marilou, qui consacre entre une et cinq heures d’efforts par citrouilles. Plus que pour une citrouille classique, moins que pour gosser le carrosse de Cendrillon.

Mon fils Victor, artiste en herbe de la citrouille.

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Pour sélectionner les personnages de leur citrouille, le couple s’inspire sinon des tendances de l’heure. Cette année, les visiteurs auront droit à Dumbo, Scar (du film Le Roi Lion), Fortnite et le Joker version Joaquin Phoenix.

C’est Marilou qui en fait le plus, mais Benoit a développé ses propres spécialités, comme cette citrouille de Spiderman qui lui avait pris 10 heures et celle en hommage à une star décédée durant l’année.

«Je n’ai toujours pas trouvé mon modèle de mort cette année», souligne Benoit, qui m’entraine dans son sous-sol me montrer une étape cruciale de la décoration : plonger les citrouilles dans un bassin rempli d’eau de javel pendant une nuit.

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Une façon de les empêcher de pourrir, mais aussi de leur donner du lustre.

Et leur motivation dans tout ça? Simplement faire plaisir, résume Marilou, ajoutant à la blague que c’est Benoit qui est le principal bénéficiaire du street cred puisqu’elle va faire du porte-à-porte avec les enfants.

«Je pense qu’on aime autant l’Halloween que Noël», laisse-t-elle enfin tomber.

Bref, si vous voulez donc voir le fruit de ces efforts, ça se passe sur la 18e avenue dans Rosemont, entre Dandurand et Rosemont.

Grâce aux précieux enseignements de Marilou et Benoit, je suis pour ma part reparti de là avec une citrouille qui fera l’envie de l’avenue Orléans.

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