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Charles Beauchesne te parle (vraiment) de peste noire pendant 60 minutes

Par
Judith Lussier
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Quand un spectacle du Zoofest s’intitule Charles Beauchesne présente: Charles Beauchesne parle de la peste noire pendant 60 minutes, il est permis de croire qu’on assiste à une figure de style. Choisissez : ironie, hyperbole, allégorie, litote, métaphore, etc. Il n’en est rien, sinon qu’un euphémisme.

Dans Charles Beauchesne présente: Charles Beauchesne parle de la peste noire pendant 60 minutes, Charles Beauchesne te parle vraiment, pendant 60 minutes, de la peste noire, cette pandémie qui, en cinq ans, a décimé près de la moitié de la population européenne. “Vous êtes officiellement ouverts d’esprit”, félicitait son public Charles Beauchesne, qui s’étonnait lundi soir qu’après deux représentations, sa “conférence historico-humoristique” fasse encore salle comble. “Il y a quelque chose de d’étrange à faire de l’humour sur le fait que deux millions de personnes soient mortes au Moyen-Âge”, admet l’humoriste, qui fonde sa légitimité sur la règle non écrite selon laquelle on a le droit de rire du malheur des autres s’il est survenu il y a au moins 500 ans.

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Et du matériel humoristique, cette sombre histoire de l’humanité en comprend beaucoup. On ne peut pas dire qu’il se soit agi de la meilleure gestion de crise de l’histoire : «La leçon que je retiens de mes recherches sur la peste noire est que c’est un excellent exemple de comment on a pu prendre toujours les pires décisions à chaque étape», dit Beauchesne, après nous avoir parlé des docteurs de la peste et des flagellants (de véritables rockstars de la peste qui se fouettaient de village en village, pour exorciser le mal, contaminant d’autant plus les populations).

Charles Beauchesne, qu’on a pu voir à En route vers mon premier gala en 2011, en 2012 et 2013, est un humoriste habile dont le parcours s’est arrêté (il s’est rendu jusqu’en quart de finale en 2011) non pas par manque de talent, mais pour cause de weirdness. Il se décrit lui-même comme “l’humoriste le plus rabat-joie en ville”. Celui qui rappelle – volontairement ou involontairement – Jack dans l’Étrange Noël de monsieur Jack, nous entraîne souvent dans des sentiers glauques jonchés de ronces, comme, par exemple, la peste noire.

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J’aurais aimé garder le mystère au sujet de sa documentation sur la peste – des pages Wikipédia et des documentaires – et préféré entretenir l’idée qu’il s’était rendu en bibliothèque pour pousser ses recherches, mais de toute façon, le contenu est moins important ici que sa façon de l’enrober. C’est donc sans background en histoire, mais avec une inclinaison pour les choses macabres et une parfaite maîtrise de la syntaxe qui contribue au volet humoristique, qu’il nous renseigne sur ce fléau. Ça donne accessoirement le goût d’aller le voir dans un cadre plus traditionnel, en duo de stand-up avec Charles Deschamps.

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