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Chant du cygne et petite main brandie

(je quitte!)

Par
Catherine Ethier
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Mes furieux hommages.

Alors. Comme est un jour venu le temps des cathĂ©drales, vient aujourd’hui le temps de vous dire adieu.

Ce sera raffiné, promis. Marina sur pilotis.

AprĂšs plus de deux ans Ă  vous conter fleurette et faire doucement le grand Ă©cart entre deux VR en cavale, je choisis de danser ici mon dernier menuet pour Ă©viter de vous lasser de mes petits pas pis de mes pieds plats. Ouvrir grand la porte. Laisser entrer l’air et, accessoirement, se geler les aurĂ©oles.

Débuter 2016 sur les hautes. Voilà mon unique souhait.

Mais avant de me faire chanter le cygne, je me dois de remercier les donneux de chances. Les preneux de risques. Les si rares.

C’est que depuis l’obtention de mon numĂ©ro d’assurance sociale, on m’a maintes fois tendu la perche (quand ce n’était pas la pelle, jadis employĂ©e du Tim, pour ramasser ce tas au sol dans les toilettes des dames), cette perche de la premiĂšre chance.

Et croyez-moi, je n’ai pas toujours brillĂ© de mille feux.

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Je me souviens entre autres de ce fantastique et tout premier contrat de gardiennage. Je devais bien avoir 14 ans. Aucune expĂ©rience. Et voilĂ  que cette mĂšre cernĂ©e jusqu’aux miches me confie ses deux enfants pour jouir du privilĂšge de couler un bronze en silence sans que la grande poussĂ©e ne soit interrompue par des petites mains qui tentent de se frayer un chemin sous la porte des WC pour ne rien rater de l’amerrissage. Une soirĂ©e certes fertile, au cours de laquelle, dĂ©semparĂ©e et lumineuse, j’avais autorisĂ© les petits Ă  souper aux betteraves, me peindre le visage en brun et cĂ©dĂ© sous leur professionnelle pression en leur maquillant les bras, Ă  leur demande hurlante, avec de fausses ecchymoses – LA BELLE IDÉE. Et un chef d’Ɠuvre de rĂ©alisme, je m’étais surpassĂ©e – pour finalement consentir Ă  les coucher encore tout habillĂ©s dans le lit de leur mĂšre, le seul endroit qu’ils n’avaient pas encore souillĂ©, toujours couverts de bleus factices, pour mettre fin Ă  leurs cris ultrasoniques. Un succĂšs Ă©clairĂ©.

Hélas, le fruit de mon travail avait reçu un accueil tiédasse au retour de la mÚre.

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Mais jamais je ne m’avouai vaincue. Et continuai surtout Ă  Ă©chouer avec mention Ă  chaque perche tendue.

J’ai d’abord vendu des culottes chez Simons. Et laissĂ© Sylvain Cossette se procurer des jeans de petit jeune en lui certifiant que c’était trĂšs bien (il se lovait, quelques semaines plus tard, dans les bras d’AndrĂ©e. TENEZ-M’EN RESPONSABLE SUR L’HEURE).

J’ai travaillĂ© dans un hĂŽpital. Et imprimĂ© le mauvais nom sur l’étiquette blanche qu’on appose avec cĂ©rĂ©monie Ă  l’orteil des morts, dĂ©clarant ainsi “dĂ©cĂ©dĂ©â€ un autre patient en phase terminale, alors qu’il grouillait encore de semi-vie dans sa jaquette Ă  savourer son blanc-manger. Une petite erreur calme calme calme, surtout dans cet instant bĂ©ni oĂč il a fallu vĂ©rifier quiss’ qui Ă©tait vraiment mort Ă  la morgue.

J’ai ensuite Ă©crit des blocs humoristiques pour Jean-François Baril sur l’émission matinale CafĂ©ine. Je n’ai rien Ă  ajouter sur cet Ă©noncĂ©.

Et finalement, j’ai Ă©crit le pire, le plus niais, prĂ©tentieux et soporifique des billets quand j’ai tentĂ© ma chance sur ce blogue, en octobre 2013.

Un dĂ©nommĂ© (et dĂ©licieux) FrĂ©dĂ©ric Guindon avait Ă  l’époque, gentleman, pris connaissance de mes Ă©crits. Et pour une raison que j’ignore, aprĂšs avoir soulignĂ© la complĂšte vacuitĂ© de mes propos de la plus grande douceur qui soit, il m’avait tout de mĂȘme accordĂ© ma chance. Un remplacement. Qui se transforma en rĂ©sidence de deux ans et quart. Alors que j’aurais mĂ©ritĂ© la trappe de Monsieur Burns. Et qu’on me remit plutĂŽt son gilet (qui me plaĂźt).

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J’ai, ici, beaucoup appris. Me suis libĂ©rĂ©e. Ai, chaque semaine, consommĂ© la plus enivrante des cartes blanches.

Sans cette unique chance accordĂ©e sans compter, mon tĂ©lĂ©roman n’aurait pas eu l’aura de la petite Vanasse. La belle aventure. Je vous en remercie.

Et merci Ă  vous, chers lecteurs.
Merci pour votre enthousiasme. Votre appui. Pour vos railleries et vos rĂ©confortantes bines. Merci, Éric Samson.

AUSSI. Si ça te le dit, CĂ©cile, je continue, un vendredi sur deux, Ă  publier dans le journal MĂ©tro et m’abandonnerai Ă  d’autres projets. Zieute mon Facebook si Ă  mes futurs Ă©crits tu veux t’accrocher pupille.

J’ai hĂąte Ă  la suite. En attendant, je cours rassembler mon Ă©loquence en fuite.

Allez, la maxi bise.

RIDEAU!

***

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