C’est quoi l’affaire avec Pete Davidson?

Le commun des mortels a commencé à entendre parler de Pete Davidson en 2018, lorsqu’il est soudainement apparu au bras de la chanteuse pop Ariana Grande quelques semaines après la séparation ultramédiatisée de cette dernière avec le rappeur Mac Miller. Le feu a brûlé tellement fort entre les tourtereaux qu’ils se sont fiancés et séparés en l’espace de quelques mois seulement.

L’hiver suivant, Davidson est apparu au bras de l’actrice Kate Beckinsale. Quelques mois plus tard, il était avec l’actrice Margaret Qualley. Puis, avec la top modèle Katia Gerber. Ensuite, avec l’actrice de la série Bridgerton Phoebe Dynevor. Et depuis novembre dernier, il fréquente l’inimitable Kim Kardashian, au grand dam de son ex-mari Kanye West, qui ne gère pas du tout bien la situation.

Les conquêtes romantiques de Pete Davidson ne sont pas la totalité de son personnage public. Beaucoup plus qu’un simple boy toy, il est membre de Saturday Night Live (SNL) depuis 2014 et compte à son actif plus de 145 apparitions à l’émission culte américaine. On l’a aussi vu (ou entendu sa voix) dans plusieurs films comme The Dirt, Angry Birds 2, The Suicide Squad et The King of Staten Island, qu’il a coécrit et dans lequel il joue le rôle principal. Un film que tout le monde semble avoir apprécié, mais dont plus personne ne parle deux ans après sa sortie.

Ah oui! Pete Davidson s’en va bientôt dans l’espace, parce que… pourquoi pas? Après William Shatner, Davidson est la deuxième personnalité publique que Jeff Bezos envoie dans les étoiles sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. Qui est Pete Davidson? Pourquoi fait-il la une de tous les magazines à potins? Est-ce qu’Hollywood essaie à tout prix de nous le vendre? Examinons ce phénomène culturel ensemble.

À la base, Pete Davidson est un humoriste. Il a fait ses débuts au petit écran sur les ondes de MTV en 2013, au troisième épisode de la série humoristique Failosophy. Il n’avait à l’époque que 19 ans. La demande pour son humour noir teinté d’autodépréciation fut quasi-immédiate. Pendant les mois qui ont suivi, on a pu voir Davidson à l’émission anti-masculinité toxique un peu maladroite Guy Code, à la prestigieuse soirée humoristique Gotham Comedy Live, à l’émission de sketchs Wild N’ Out, dans la populaire série Brooklyn Nine-Nine, et finalement à SNL l’année suivante.

Au-delà de son style humoristique acerbe (et pendant longtemps très pré-#MeToo), Pete Davidson incarne une histoire de succès 100 % américaine. Scott Davidson, le père de Pete, était pompier pour le service des incendies de New York. Il est décédé dans l’écroulement de la deuxième tour lors des attentats du 11 septembre 2001 alors que Pete n’était âgé que de 7 ans. Non seulement le décès prématuré de son père a profondément marqué le jeune Pete, mais ça a fait partie de son image publique pendant plusieurs années. Lors des débuts de l’humoriste à SNL, les médias parlaient tout d’abord de lui comme du fils d’un pompier du 11-Septembre.

Bien que Pete Davidson soit indéniablement talentueux, réussir dans le milieu du show-business n’est pas seulement une question de talent. Surtout pas à l’ère des réseaux sociaux, alors que la relation avec l’auditoire est plus cruciale que jamais. Il faut avoir une image. Une histoire forte et unique à raconter. En tant qu’héritier de la pire tragédie ayant frappé les États-Unis dans l’époque moderne, Pete Davidson avait tout le monde de son côté : les producteurs qui y ont vu une mine d’or, les médias, et surtout nous, le public. On veut tous et toutes que le fils d’une victime du 11-Septembre connaisse du succès. Parce que si Pete Davidson est capable de transcender cette immonde tragédie, on la transcende tous et toutes un peu avec lui.

Ce n’est bien sûr pas la seule raison pour laquelle Davidson connaît autant de succès. Il a passé le cap où tout le monde parle de lui en rapport au décès de son père depuis longtemps.

Si Pete Davidson est devenu archipopulaire aujourd’hui alors qu’une partie de l’audience exposée à ses histoires de coeur et de conquête spatiale n’est même pas au courant de sa carrière d’humoriste, c’est parce qu’il est l’une des rares personnes à savoir se servir correctement des médias au XXIe siècle.

Un détail important que Davidson a visiblement saisi, c’est qu’il ne faut pas avoir peur d’être vulnérable en ligne. Parce qu’au-delà des répercussions immédiates et des trolls insensibles, il y a une véritable connexion qui peut se créer avec les gens sur ces plateformes. Il y a des vies qui sont changées, des centaines de milliers de personnes qui se sentent validées et moins seules dans ce qu’elles vivent anonymement. Ces personnes deviennent fans et le demeurent longtemps après que les trolls soient passés à autre chose.

Vous ne vous en souvenez peut-être plus, mais Pete Davidson avait partagé des idées suicidaires dans une publication Instagram quelques mois après sa rupture avec Ariana Grande. Ça a fait les manchettes pour les bonnes et les mauvaises raisons, mais ça a cimenté le personnage public comme étant un gars qui parle candidement de sa santé mentale et qui brise des tabous. Et Davidson a fait plus que sa part à ce sujet depuis qu’il est célèbre.

Il a, entre autres, avoué au New York Times s’être littéralement arraché les cheveux après le décès de son père, dans un élan de détresse. Il s’était également confié à la célèbre émission de radio The Breakfast Club à propos d’idées suicidaires à l’adolescence. L’important à comprendre dans cette démarche, c’est que rien de tout ça n’est cynique. Lorsque Pete Davidson met l’humour de côté et s’exprime sur un sujet qui lui tient à cœur, il le fait avec authenticité et bienveillance.

Pete Davidson, c’est à la fois monsieur Tout-le-Monde et le gars le plus chanceux qui existe. C’est un gars qui vit sa vie sur la place publique en acceptant les hauts et les bas. Il vit ouvertement les mêmes problèmes que plusieurs d’entre nous (mis à part quand il se fait stalker par Kanye West – ça, c’est pas mal unique) même si on le voit aux bras de célébrités qui en rendent plusieurs jaloux. Son existence est la preuve même que tout le monde peut accéder à un mode de vie glamour, mais que ce mode de vie n’est pas la solution à tous les maux de la terre.

Il n’est pas la première ni la dernière célébrité 2.0. Les Taylor Swift, Drake et compagnie ont pas mal inventé le modèle, mais si Pete Davidson est aussi populaire, c’est parce qu’il y avait une place dans le showbiz pour un gars drôle, terre-à-terre et vulnérable à qui tout réussit. Quand on se renseigne sur lui, son succès fait étrangement du bien à lire.