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C’est quoi l’affaire avec l’expo de Yayoi Kusama?
Depuis quelques semaines, beaucoup de personnes de mon entourage publient des photos d’elles dans une impressionnante salle en miroir pleine de globes lumineux, qui semblent se multiplier à l’infini.
Cette pièce lumineuse, qui fait mouche sur Instagram, est l’une des installations phares de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, dont l’exposition est actuellement présentée à la Fondation Phi pour l’art contemporain, à l’occasion du quinzième anniversaire de l’institution.
Yayoi Kusama, Taylor Swift ou Ed Sheeran : même combat!
Depuis l’annonce de l’événement au printemps dernier, c’est la folie furieuse. Il n’y a déjà plus de billets pour voir l’exposition gratuite en août, mais de nouveaux billets seront libérés tous les 15 du mois, jusqu’en janvier. Pour espérer mettre la main sur une entrée, il faut s’abonner à une infolettre pour recevoir l’alerte annonçant l’offre de billets pour le mois suivant.
Selon mes sources, quand on se connecte sur le site à l’heure dite, on est 6 000e sur la liste d’attente et l’on n’est pas du tout assuré.e de mettre la main sur un billet. En d’autres termes, Yayoi Kusama, Taylor Swift ou Ed Sheeran : même combat!
C’est quoi l’affaire avec Yayoi Kusama?
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Qui est Yayoi Kusama?
Yayoi Kusama, considérée comme l’une des artistes contemporaines les plus populaires au monde, est née en 1929 à Matsumoto, au Japon. Ne vous cassez pas la tête avec le calcul mental : elle est aujourd’hui âgée de 93 ans.
à 93 ans,Kusama a grandement contribué à l’histoire de l’art et demeure une figure incontournable de l’art contemporain.
Au cours des sept dernières décennies, elle a réalisé des peintures, des sculptures, des installations, des œuvres graphiques et des films, tout en explorant la performance, la mode, le design, la littérature et l’installation immersive, comme le prouvent ses célèbres Infinity Mirrored Rooms [Salles de miroirs infinis], que j’ai eu l’immense chance d’expérimenter.
Grâce aux médias sociaux et à la renommée internationale de l’artiste, les œuvres de Yayoi Kusama attirent l’attention d’un large public, novice comme initié, aux quatre coins de la planète depuis une dizaine d’années.
Au fil de sa pratique, Yayoi Kusama s’est toujours intéressée à l’immensité du monde cosmique et à la place que nous y occupons, « un concept empreint d’inquiétude et d’émerveillement », peut-on lire en ligne.
Kusama a grandement contribué à l’histoire de l’art et demeure une figure incontournable de l’art contemporain.
Comment ses œuvres résonnent-elles aujourd’hui? « En cette époque difficile et tumultueuse, particulièrement marquée par l’isolement et l’incertitude des deux dernières années, ses œuvres s’avèrent une source de calme et de réconfort », affirme l’équipe du Phi.
Souffrant de problèmes de santé mentale, l’artiste vit par choix dans un hôpital psychiatrique japonais depuis 1977.
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Des lumières qui résonnent
Après Toronto en 2018, c’est au tour de Montréal d’avoir la chance d’accueillir les créations pop art de Yayoi Kusama. Il s’agit de la première exposition individuelle de l’artiste au Québec.
Quand on arrive à l’expo, on découvre d’abord de grosses citrouilles à pois en bronze. Ça peut paraître un peu absurde, mais selon les panneaux explicatifs, celles-ci « rappellent l’amour de Yayoi Kusama pour la nature et son enfance rurale ».
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On découvre ensuite deux salles d’observation avec miroirs ainsi qu’une sélection de toiles tirées de la dynamique série My Eternal Soul [Mon âme éternelle]. Cette série de peintures, toutes plus colorées les unes que les autres, devait compter 100 œuvres, mais l’artiste en a finalement peint environ 800.
Manifestement, Yayoi Kusama entretient une fascination pour la répétition, l’infiniment grand et l’infiniment petit. Aussi accessibles qu’hypnotisantes, les toiles de l’artiste ont quelque chose d’à la fois naïf et lucide. Je reste devant celles-ci un moment, fascinée par les couleurs, les formes et les textures.
Se perdre dans l’infini
On arrive enfin devant les portes des fameuses Infinity Mirrored Rooms [salle de miroirs infinis], dont DANCING LIGHTS THAT FLEW UP TO THE UNIVERSE [Un ballet de lumières envolé dans l’Univers], une oeuvre de 2019 qui donne son titre à l’exposition.
Celles-ci font partie de la vingtaine de salles de ce genre imaginées par l’artiste japonaise qui circulent dans le monde.
Il y a quelque chose qui touche au sublime, à l’infini et au sacré dans le travail de Kusama.
On nous annonce alors que chaque visiteur.euse peut seulement passer 45 secondes dans chacune des deux salles. Et quand je dis 45 secondes, ce n’est pas une de plus : un employé du Phi, muni d’un petit sablier, vous chronomètre. Entre nous, j’ai trouvé ce délai trop court pour m’imprégner suffisamment de la beauté de l’installation.
Toujours est-il qu’une fois dans la salle, on se retrouve immergé.e dans une multitude de miroirs et d’ampoules lumineuses, évoquant un ciel étoilé. C’est absolument magnifique. Magique, même.
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Comme l’a affirmé Cheryl Sim, directrice générale et conservatrice de la fondation Phi à l’émission Le 15-18, « c’est un moment qui peut être réconfortant, mais qui peut aussi nous donner le sentiment de nous connecter à quelque chose de plus grand que nous ».
Il y a effectivement quelque chose qui touche au sublime, à l’infini et au sacré dans le travail de Kusama.
Like-moi
On ne va pas se mentir, un des attraits de l’expo de Yayoi Kusama est de pouvoir avoir SA photo dans l’une des Infinity Mirrored Rooms. Ça fait beau sur Instagram et ça attire les mentions J’aime. Je dis cela sans jugement, ayant moi-même succombé à la tentation du selfie.
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Et si ces photos, qui brillent autant qu’elles impressionnent, étaient une porte d’entrée sur l’art contemporain?
« Si les gens viennent parce qu’ils sont attirés par ces salles de miroirs et veulent avoir leur moment Instagram, c’est OK », affirmait humblement Cheryl Sim au 15-18. « L’exposition est là pour partager la profondeur de la pratique spirituelle de Kusama, mais aussi son côté pop, car ses œuvres sont brillantes, colorées et vivantes. Ça fait vibrer! »
C’est quoi l’affaire avec Yayoi Kusama? Comme l’a si bien dit Cheryl Sim, les œuvres de la fascinante artiste « entrent par l’œil, mais pénètrent l’âme ».