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Ces quartiers montréalais dont on ne parle pas assez souvent
Si on s’éloigne un peu de nos pantoufles orange et vertes (on parle des lignes de métro ici, la gang) il y a moyen de (re)découvrir des coins de Montréal qui ont un peu moins le spotlight que Rosemont ou Hochelaga. Tour d’horizon de cinq quartiers montréalais plutôt dans l’ombre.
Ahuntsic, la pétillante tranquille.
Prononcé “Aontsick”, ce quartier situé tout au nord de l’île sert de dernier rempart montréalais avant d’arriver dans les sombres et mystérieuses terres lavalloises. Longé par le boulevard Henri-Bourrassa, ce quartier multiethnique accueille autant des familles de nouveaux arrivants que des jeunes en quête de liberté dans un premier appartement. Ou des nouveaux arrivants en quête de liberté. Mais ça, c’est un autre sujet.
Anciennement plutôt très tranquille, Ahuntsic est en voie d’enlever le “très” pour ne garder que le “tranquille.” Plusieurs bars, restaurants et boutiques se sont installés dans les dernières années, si bien que les vendredis soirs sur l’avenue Fleury peuvent s’éterniser jusqu’aux petites heures du matin. Citons notamment le Über Cafbar, le Brouhaha Ahuntsic ou encore le 132 Bar Vintage.
Les brochettes de Shish Kebab marinées se dégustent maintenant shore to shore.
Le parc Ahuntsic est aussi un incontournable pour les petits et grands enfants. Ne manquez pas, d’ailleurs, le 18 juin, le Pow-Wow de l’amitié. Oui, vous avez bien lu. Dans le cadre du 375e de Montréal, plusieurs représentants des diverses communautés culturelles à avoir peuplé le quartier se réunissent le temps d’un après-midi pour fraterniser. Pis juste pour dire qu’on a participé à un Pow-wow de l’amitié, ça vaut le coup.
Verdun, la nouvelle hip
Au sud-ouest de l’île, longeant le Fleuve Saint-Laurent se trouve le discret arrondissement de Verdun. On dit “discret” parce que sans faire trop de bruit, le quartier connait une véritable renaissance depuis quelques années si bien que la population y résidant est complètement en train de changer. Grâce à ses logements abordables et de par sa proximité du centre-ville, Verdun accueille de plus en plus de jeunes familles ou d’étudiants de tous les niveaux à la recherche d’un coin tranquille et abordable pour s’installer. Parce que oui, il fait bon vivre à Verdun.
Si vous n’y êtes pas allé depuis 10 ans, vous allez avoir un choc.
Ancienne “ville sèche” jusqu’à tout récemment, c’est-à-dire qu’aucun bar n’était permis sur son territoire, l’arrondissement fait peau neuve depuis quelques années grâce, entres autres, à l’ouverture du premier établissement à avoir un permis de bar depuis des années: le Benelux. Et comme premier pas, c’en est tout un. La terrasse à l’arrière est une des plus belles sur l’île de Montréal et leur sélection de bière ferait jalouser plusieurs micro-brasseries bien établies. Notons également le restaurant JoBlo qui peur se targuer d’offrir l’un des meilleurs Mac N Cheese à l’ouest de la métropole. Ces deux commerces ont pu profiter de la modernisation de la rue Wellington, l’équivalent verdunois de la rue Mont-Royal. Si vous n’y êtes pas allé depuis 10 ans, vous allez avoir un choc.
En plus d’un nouveau souffle commercial, l’arrondissement peut compter sur un immense parc qui longe l’entièreté de ton territoire, face au fleuve Saint-Laurent. Pour des activités sportives, des pique-niques ou des ballades en amoureux, été comme hiver, c’est l’endroit parfait. Une partie du parc fait face à la très huppée Île-des-Soeurs, si jamais l’envie vous prend d’observer de loin à quoi ressemble une maison de joueur de hockey.
D’ailleurs, c’est dans ce parc que se trouve la Maison Nivard-de-Saint-Dizier qui sera l’hôte d’une activité assez particulière pour célébrer le 375e de Montréal: une compétition de portage. En fait, il s’agit d’une grande fête s’échelonnant sur trois jours pour célébrer la culture autochtone sous toutes ses formes, mais l’idée de porter un gros canot de bois de 12 pieds avec sa gang de chums, ça nous allume le calumet.
Lorsqu’on se donne la peine de sortir de l’axe ligne verte/ligne orange, c’est un tout autre éventail de couleurs et de découvertes qui s’offrent à nous.
Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, la vibrante artère culturo-étudiante.
Bien ancré au centre de l’île, le quartier CDN-NDG (y’a une limite à utiliser les tirets dans un texte…) n’a certainement pas la couverture médiatique et populaire qu’il mérite. Bien connus des étudiants de l’Université de Montréal, du HEC et de Concordia, l’arrondissement accueille une forte faune estudiantine éparpillés un partout dans les divers pavillons. À ces jeunes en quête de savoir s’ajoute une forte proportion de professionnels bien nantis et surtout bien installés dans les magnifiques maisons qui bordent les rues paisibles du quartier autour de l’UDM. Quand de vrais avocats côtoient des étudiants qui souhaitent le devenir, ça doit donner des belles discussions aux cafés du coin.
Si vous avez écouté plusieurs numéros de Sugar Sammy, vous savez déjà que la partie Côte-des-Neiges de l’arrondissement abrite de nombreuses communautés culturelles, dont une forte propension indienne et haïtienne. Plusieurs épiceries avoisinantes sont donc de véritables caves aux trésors pour les amateurs d’épices et d’ingrédients qu’on trouve pas dans la section surgelés d’un IGA, mettons.
Si l’envie vous prend de vous promenez dans les rues de CDN-NDG, vous devez télécharger l’application conçue dans le cadre des festivités du 375e. Elle vous permet d’écouter pendant que vous marchez des balados-diffusions racontant l’histoire du quartier ou des anecdotes en lien avec un lieu devant lequel vous vous trouvez. C’est disponible jusqu’au 31 décembre et ça égaye la promenade d’après-souper avec le chien.
St-Léonard, la (vraie) petite Italie
Pour plusieurs, c’est “le quartier des Italiens.” Historiquement, c’pas faux. Ils sont effectivement plusieurs à s’être installés dans ce coin de l’Est de Montréal dans les années 50 et 60. En 1955, la population du quartier était de 925 personnes. 15 ans plus tard, en 1971, elle s’élevait à plus de 51 000. C’est du boom démographique, ça, mon ami. Et parmi tous les nouveaux arrivants, y’avait beaucoup de familles italiennes. Voilà pourquoi aujourd’hui, personne n’a de difficultés à trouver de bons cannellonis à l’est du boulevard Viau.
La plupart des bars, cafés et restaurants de l’arrondissement sont tenus par des Italiens.
Et l’influence italienne se fait ressentir encore aujourd’hui. La plupart des bars, cafés et restaurants de l’arrondissement sont tenus par des Italiens. Le Café Milano, notamment, ouvert 24h, 7 jours sur 7, fait office d’institution. Bref, si tu cherches un espresso digne de ce nom, tu sais où aller. On est loin des capsules Keurig, ici.
Le 10 juin, la rue Jean-Talon sera le théâtre d’une course de boîtes à savons, organisée pour célébrer le 375e de la métropole. Tous les Montréalais sont invités à se bâtir eux-mêmes leur véhicule pour participer à la course. Comment on dit “À vos marques, partez!” en italien?
Ville St-Laurent, la grande marmite multiculturelle
Discrètement, l’arrondissement de Ville St-Laurent est quand même le plus grand de toute l’île de Montréal, s’étalant sur plus de 43 kilomètres carrés. C’est le plus gros de toute la gang… et on le connaît pas tant que ça, finalement. Comme quoi c’est vrai que c’est pas la grosseur qui compte.
Les barbecues sur des terrasses ont été inventés pour la viande et les légumes du Adonis.
Il s’agit également d’un des quartiers les plus multiethniques de toute la métropole, alors que plus d’un habitant sur deux possède des origines étrangères. Des dizaines de nationalités différentes se côtoient, souvent sur le même tronçon de rue, ce qui doit donner, avouons-le, des scènes de ruelles assez particulières. Quand t’es un petit Samuel de 8 ans et que tu joues au hockey dans la rue pis que ton goaler c’est un Algérien, ton défenseur c’est un Brésilien et ton allier gauche c’est un Serbo-Croate, ça se peut que tu sois plus ouvert à partager ta table à la cafétéria le midi.
Toutes les communautés culturelles sont d’ailleurs invitées à participer à l’activité “Tricotés serré” alors qu’un grand tricot sera assemblé et servira de décorations à un élément du décor public. Des discussions sur le vivre ensemble et le rapprochement interculturel seront abordés. Idéal pour sortir ta grand-mère de 89 ans.
La communauté libanaise est particulièrement active dans ce quartier du nord de l’île, avec notamment l’épicerie par excellence de toute la communauté montréalaise et j’ai nommé: le Adonis. Les barbecues sur des terrasses ont été inventés pour la viande et les légumes du Adonis. L’entreprise qui a d’abord eu pignon sur rue dans Ville St-Laurent a, depuis, ouvert de nombreuses autres succursales à Montréal et aux alentours. Les brochettes de Shish Kebab marinées se dégustent maintenant shore to shore.
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La Ville de Montréal est vaste. Lorsqu’on se donne la peine de sortir de l’axe ligne verte/ligne orange, c’est un tout autre éventail de couleurs et de découvertes qui s’offrent à nous. Enfourchez un Bixi, sautez dans un Uber où prenez simplement une longue marche, mais allez découvrir les arrondissements méconnus de la métropole et découvrir la Grande tournée du 375e! Ça donne un break du Quartier des Spectacles, mettons.
Pour lire un autre texte d’Antoine Desjardins-Cauchon : «Complète la phrase avec le politicien Gabriel Nadeau-Dubois»