.jpg)
Ces parents boomers qui votent pour le futur de leurs enfants Y
Tous les quatre ans, le fossé entre la génération née dans l’après-guerre et celle ayant vu le jour au tournant du millénaire semble se creuser davantage au moment des élections provinciales.
D’une part, les fameux baby-boomers ont grandi dans un Québec fortement influencé par l’Église catholique, où l’affirmation identitaire et la prospérité économique étaient des enjeux majeurs. D’une autre, les millénariaux se font parler de l’urgence d’agir pour le climat et de slacker sur le modèle de croissance depuis qu’ils ont lâché le biberon. Ces écarts idéologiques se transposent inévitablement au moment de choisir le parti qui nous gouvernera. Du moins, pour la majorité des électeurs et électrices.
Deux parents baby-boomers ont décidé pour la première fois d’écouter les recommandations de leurs enfants et de voter pour un parti politique plus près de leurs intérêts à eux. On a voulu savoir pourquoi.
Donner le pouvoir aux jeunes
Apposer son X sur un bulletin de vote est un devoir auquel Claude St-Gelais répond tous les quatre ans depuis qu’il a l’âge de le faire. « Quand j’avais 18 ans, c’était le Parti libéral de Robert Bourassa qui était au pouvoir. Le PQ commençait à être populaire et beaucoup de jeunes de mon âge adhéraient à ses valeurs », se remémore le père de famille de trois enfants.
Selon lui, les jeunes d’aujourd’hui semblent avoir perdu en quelque sorte leur « ferveur », phénomène qu’il associe au désabusement général envers la classe politique et le manque de représentativité dans les dirigeant.e.s en place. « Je trouve ça dommage, parce que c’est leur avenir qui est en jeu, dit-il. Si ils ne s’en occupent pas, c’est ma génération qui va s’en charger. »
« Cette année, je me dis que c’est aux jeunes de prendre la place. Nous, les baby-boomers, on a eu en masse de temps pour profiter de la vie. »
Au fil des élections, le vote de Claude a oscillé entre le Parti libéral et le Parti québécois jusqu’en 2018, où son choix s’est arrêté sur la toute nouvelle Coalition avenir Québec pilotée par François Legault, un de ses anciens collègues de travail. « À l’époque, je me disais que ça prenait quelqu’un qui vient brasser un peu les cartes et je pensais que c’était une bonne personne pour le faire. Mais cette année, je me dis que c’est aux jeunes de prendre la place. Nous, les baby-boomers, on a eu en masse de temps pour profiter de la vie. »
C’est après plusieurs discussions avec ses enfants, bien au fait des enjeux actuels et intéressés à la politique provinciale, que Claude a décidé de donner une autre chance au PQ et à son chef Paul St-Pierre Plamondon, âgé de 45 ans. Et pourquoi pas Québec solidaire? « C’est un peu trop à gauche pour moi », rétorque simplement l’homme à l’autre bout du fil.
Stimuler l’espoir d’un jour meilleur
Le référendum de 1980, Nathalie s’en souvient comme si c’était hier. « J’avais 16 ans et je faisais du gardiennage ce soir-là pour que les adultes aient la paix en écoutant le résultat. Je me rappelle qu’ils avaient invité des amis vietnamiens chez eux pour la soirée. Quand le NON est sorti, ils pleuraient. Ils n’en revenaient pas qu’on ait manqué notre chance d’avoir un pays d’une manière aussi simple alors que dans leur cas, des millions de personnes sont mortes pour l’indépendance. » Depuis cette soirée marquante, la mère de famille se fait un devoir de se rendre au bureau de vote tous les quatre ans pour exercer son droit démocratique.
Élevée dans une famille où la politique prenait beaucoup de place, sa mère travaillant pour le Parti québécois, Nathalie a décidé de donner son vote à la CAQ aux dernières élections. « J’ai vu le désastre laissé derrière par le Parti libéral, notamment en santé, et je me suis dit que plus jamais je ne leur ferais confiance. Donc j’ai opté pour ce nouveau parti », explique la physiothérapeute retraitée.
Cette année, toutefois, pas question de voter pour la CAQ. « Je trouve que François Legault ne mène pas une bonne campagne et qu’il fait vraiment vieux mon’oncle avec ses préjugés et ses plans de croissance économique à tout prix », commente la Trifluvienne.
« Je trouve que François Legault ne mène pas une bonne campagne et qu’il fait vraiment vieux mon’oncle avec ses plans de croissance économique à tout prix. »
Déjà réticente à appuyer le Parti québécois qu’elle estime trop centré sur l’indépendance et pas assez sur des enjeux de société comme l’environnement, c’est en discutant avec des jeunes de son entourage, dont sa fille de 29 ans, qu’elle s’est mise à s’intéresser à Québec solidaire. « Gabriel Nadeau-Dubois est un jeune chef éloquent et brillant, qui parle à la génération de demain. Donc je me dis que c’est probablement la meilleure voie à suivre. » Nathalie a même proposé à sa fille de voter pour le parti que cette dernière choisirait.
Même s’ils ne votent pas pour le même parti aux prochaines élections, les deux parents s’entendent sur une chose : il y a de l’espoir pour un futur meilleur. « On ne peut pas penser que tout va changer du jour au lendemain, dit Nathalie. Il faut faire des petits pas et voir plus loin que quatre ans parce que si on ne le fait pas, on se retrouve devant un mur comme on l’est actuellement. »
Identifiez-vous! (c’est gratuit)
Soyez le premier à commenter!