Le discours ambiant et l’acceptabilité sociale ont pas mal changé depuis que Yvon Deschamps est monté sur scène pour nous parler de son ami noir qui lave son char. Question d’apprécier le chemin parcouru, voici 7 moments de l’humour québécois qui ont fait rire votre parenté aux éclats… et qui vous vaudraient aujourd’hui une cancellation avant même que vous ayez eu le temps de dire « À L’HÔPITAL GÉNÉRAL DE MONTRÉAL ».
Rock et Belles Oreilles – Noël à travers le monde, 1986
De leur propre aveu les maîtres de l’humour baveux, Rock et Belles Oreilles propose une rétrospective des traditions de Noël autour du monde… et réussit l’exploit assez impressionnant d’être à la fois antisémite et islamophobe en l’espace d’un seul gag. Mention spéciale aux commentaires du type « On peut pus rien dire!11 » et « Chantale est belle en Japonaise ».
Rock et Belles Oreilles – L’hôpital général de Montréal, 1988
En consultant notre entourage pour récolter des blagues qui nous font sourciller en 2025, la gang de Guy A. Lepage était pas mal seule sur ce pacing assez peu convoité.
Dans cette parodie de l’émission de téléréalité Caméra 88, le futur animateur de Tout le monde en parle interprète un « junkie, nécrophile, schizophrène, naturopathe » qui se rend à de multiples reprises « À L’HÔPITAL GÉNÉRAL DE MONTRÉAL » pour y subir de multiples chirurgies afin de devenir un homme, une femme, une lesbienne et, ultimement, une voiture. Sous la vidéo, des commentaires du type « c’est même plus un sketch, c’est la réalité », démontrent que ce type d’humour a été aussi utile à la cause des personnes trans que la campagne électorale de Pierre Poilievre.
Patrick Huard – Farme ta yeule, années 1990
« Quand ta blonde conduit, farme ta yeule! » Monument de l’humour misogyne et des jokes de « Moi, ma blonde… », ce monologue de Patrick Huard est gravé au fer rouge dans l’esprit des mononcles qui se feront un plaisir de le réciter par cœur pour prouver qu’ils sont corrects pour prendre leur char après une caisse de 24 et trois ou quatre verres de caribou. Point positif : ce monologue ne serait responsable d’aucun carton jaune ou rouge dans une future édition de LOL : qui rira le dernier.
Jean-Michel Anctil – Râteau, années 1990-2000
Affublé d’un imperméable surdimensionné, d’un dentier grotesque et d’un chapeau d’aviateur, Jean-Michel Anctil interprète un homme atteint de déficience intellectuelle pour livrer des observations candides sur le monde qui l’entoure. Bien sûr, de nos jours, se moquer de personnes ayant un handicap physique ou mental ne passe plus, mais nous aussi, on a tendance à se demander « c’est qui le cave? » quand il est question de voyager aux États-Unis.
Rock et Belles Oreilles – Les Outgames, Bye bye 2006
En 2006, André, Bruno, Guy et Yves sont sortis de leur retraite pour rendre hommage à notre tradition bien québécoise de représenter les hommes gais avec la délicatesse d’un chiro sur TikTok. Dans la lignée de Christian Lalancette, le sympathique coiffeur de Chez Denise et Jean-Lou, le sympathique coiffeur de La petite vie, le quatuor défile, poignets savamment repliés, dans le stade olympique vêtu de cuir, de paillettes et de plumes, des costumes qui donneraient l’air d’un mécanicien de la Beauce à Mona de Grenoble.
Mike Ward – Le petit Jérémy, tirée du one-man show Mike Ward s’eXpose 2013
Mike Ward détient plusieurs records, mais celui de l’humoriste qui a passé le plus de temps en cour pour expliquer une blague ne lui sera sûrement jamais ravi. Après avoir eu gain de cause en Cour suprême, Mike Ward a affirmé regretter les conséquences de cette blague, incluant une dépression, et qu’il y penserait désormais deux fois avant de se moquer d’une personne handicapée. Jérémy Gabriel, lui, est toujours bien vivant.
Guy Nantel – Droits et libertés, 2017
« Les femmes sont pas capables de comprendre le concept d’une joke. Elles sont pas rendues à ce stade-là de l’évolution. »
Lors de son one-man show hautement controversé, Nantel a multiplié les blagues misogynes, fait l’apologie du viol des travailleuses du sexe et a fini par se faire traîner en cour par la victime de ses moqueries. Comme quoi, certains hommes préfèrent écrire un one-man show plutôt qu’aller en thérapie.