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Le centre d’achats du mois : Carré Décarie

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Aux abords de l’autoroute Décarie et aux confins de la prestigieuse Côte Saint-Luc se cache un mystérieux Carré délabré, en partie laissé à l’abandon.

Ce repaire multiethnique a beau détonner des riches quartiers anglophones qu’il laisse entrevoir, il pique la curiosité par son imprévisibilité et ses immenses espaces vides. Visite guidée sélective de ce vacillant Carré Décarie.

À l’entrée, au rez-de-chaussée, le Carré a l’air à peu près d’un centre d’achats normal. Quelque peu défraîchi, oui, mais somme toute normal, avec ses colonnes blanches aux pentures rouges et son effort de verdure.
Rapidement, certains magasins attirent l’attention. Ne serait-ce que pour son nom distingué et sa somptueuse signature, cette grande designer intermondiale mérite une mention spéciale.
Digne représentant d’une époque où le multitasking règne, ce magasin fait trois affaires en même temps : nettoyer, doubler des clés et, surtout, altérer.
Ce qui manquait au Québec : un magasin qui fait de la protection d’enfants.
Compagnie de l’année ?
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Malheureusement pour les investisseurs, le «Centre Médicale Décarie» est déjà loué.
Au fond à gauche, le Cinéma Dollar git avec une stature incroyable. Même après dix ans d’existence, il semble toujours aussi pétulant, malgré la crasse vive de ses toilettes et les taches qui ornent son tapis. Son propriétaire, Bernie, se donne corps et âme pour programmer les meilleurs films «entre-deux» : ceux qui sont pas assez cools pour être encore au cinéma, mais qui sont encore trop nices pour sortir en vidéo. Le légendaire Tommy Wiseau, réalisateur et vedette du pire film de l’histoire, The Room, y a d’ailleurs mis les pieds, plus tôt cette année, pour une représentation spéciale de son œuvre. En bonus, des prix dérisoires (2,50$ l’entrée, 1$ le pop-corn), de l’air climatisé et une ambiance globale SANS PAREILLE.
Partir à l’aventure aux extrémités du Carré est un plaisir à expérimenter. Aperçu des endroits déserts du rez-de-chaussée :
Zoom sur la plante décorative qui, on le rappelle, s’attèle à décorer un couloir vide.
En mettant les pieds au deuxième étage, on comprend assez rapidement que la game vient de changer. Aucun magasin, juste un Centre d’emploi et une variété de bureaux sans grande résonance. Seul attrait : le reflet des néons qui fait shiner les murs blancs.
Wow !
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Descente furtive vers le sous-sol, là où on trouve les bijoux les plus sensationnels du Carré, à commencer par la boutique « la famille » qui, après maintes vérifications, ne vend que des vêtements pour femmes. Assez discriminatoire comme « famille ».
À ceux qui pensaient que tous les Sears du Québec étaient standardisés et faits sur le même frame, vous n’avez jamais mis les pieds ici.
Amateurs de souliers d’été pour femmes, oubliez ça pour cette année.
Malgré l’effort de traduction au moins à moitié fait, va falloir annoncer au Sears que le verbe «seperate» n’existe pas.
Tout comme le verbe «enelver».
Ces fameux tapis dangereux qui, lorsque vérifiés, peuvent blesser les gens.
Au cas où vous ne le saviez toujours pas, un système de télévision possède maintenant les capacités techniques pour surveiller un endroit.
Petit tour à l’extrémité du Carré niveau sous-sol. Un vide resplendissant.
Le clou du spectacle : le bar Jillys. En temps normal, le gars à l’entrée dort, la tête penchée par en avant. Cette fois-ci, vu que c’est le Mundial et que le Brésil joue contre la Colombie, il pète le feu. « Si le Brésil gagne pas, va y avoir une révolution », dit-il à un de ses clients, pas mal certain, anyway, que la FIFA achète les arbitres. Tanné d’être debout à son bar, il s’assoit à une table pour regarder la game, tout en continuant de watcher les nombreuses personnes qui jouent aux machines. « IT’S NOT A FUCKING PARKING HERE !! », hurle-t-il à qui veut bien l’entendre, en référence à un client parti une vingtaine de minutes, qui a eu le cran de réserver sa machine avec une feuille mobile.
Le voici, le voilà.
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Juste à côté se trouve un autre phénomène : le Bistro à Lina. Les nostalgiques de l’Hippodrome s’y donnent rendez-vous pour prendre des paris sur des courses de chevaux. Ça ressemble à la bourse, mais en mieux.
Pour terminer la visite, recueillons-nous devant cette fontaine d’eau décorative qui, vous l’aurez deviné, s’attèle à décorer un espace de repos vacant.
Contemplons également ce bureau avant-gardiste pour cardiologues futuristes.
Avez-vous envie d’aller y prendre un verre ?
Avez-vous envie d’aller y passer votre dimanche après-midi ?
Si oui, rendez-vous au 6900 Décarie pour toujours plus d’aventures. (ou si vous êtes paresseux, CLIQUEZ ICI pour plus de photos).