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Célébrations d’anniversaire et autres morbidités

Par
Maude Carmel
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Il y a plusieurs types de personnes dans le monde. Ceux qui réutilisent leurs sacs ziplock, ceux qui utilisent l’expression sharp, ceux qui détestent leur anniversaire, et ceux qui adorent leur anniversaire.

Je suis de la dernière catégorie.

Pour moi, l’anniversaire a une odeur magique. Une odeur de chandelles, de Betty Crocker et d’un concentré d’attention sur ma personne.

Symbole éphémère du temps qui passe.

Il me semble qu’elle est belle, cette journée où nos amis et notre famille pensent à nous un peu plus que d’habitude. Il est beau, ce moment sacré où on souffle des chandelles disposées sur un gâteau, symbole éphémère du temps qui passe.

Saviez-vous que dans la Grèce Antique, on allumait ces bougies pour célébrer la déesse de la lune et imiter sa lumière? Et qu’en Allemagne au Moyen-Âge, elles étaient censées protéger le fêté des démons pour l’année à venir?

Saviez-vous aussi que la mélodie générique de Bonne Fête c’est deux professeures aux États-Unis en 1893 qui l’ont inventée pour souhaiter une bonne journée à leurs élèves?

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Mais saviez-vous aussi que selon plusieurs chercheurs, vous avez plus de chances de mourir le jour de votre anniversaire?

Oups, c’est moins le fun là.

Effectivement, une étude au titre léger intitulée “La mort a une préférence pour les anniversaires” a révélée que les gens s’éteignaient 13,8% fois plus le jour de leur anniversaire que le reste de l’année, majoritairement à cause de chutes, de suicides, mais aussi d’accidents cardiovasculaires.

Certains stressent tellement de voir leur âge augmenter qu’ils veulent être certains d’expirer avant leur date de péremption.

Justement, un autre chercheur de l’Université du Wisconsin a quant à lui observé une augmentation de 33% de décès d’origine cardiovasculaire chez les gens de 75 ans et plus dans les 3 jours autour de leur anniversaire, dû au stress et à l’anxiété du vieillissement.

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Ben oui, contrairement à moi et à d’autres, certains stressent tellement de voir leur âge augmenter qu’ils veulent être certains d’expirer avant leur date de péremption.

Je suis partie en recherche active d’individus entre 20 et 29 ans qui méprisent leur journée de naissance.

Et même si on associe ce stress fatal à la population vieillissante, ne vous réjouissez pas trop vite, jeunes gens! Une autre étude américaine stipule quant à elle que le taux de mortalité augmente de 6,7% lors des célébrations de naissances, et que le taux le plus élevé se trouve chez les 20-29 ans!

À la suite de ces choquantes statistiques, j’ai ressenti un appel intrinsèque à pousser l’étude et je suis partie en recherche active d’individus entre 20 et 29 ans qui méprisent leur journée de naissance, afin de connaître les raisons de cet impérieux agacement.

Fait #1: 100% de mon échantillonnage affirmait être le genre de personne à détester les surprises et l’attention prolongée sur leur personne.

“Je trouve ça ridicule de créer une excitation autour d’un événement où je suis le centre d’attention”, raconte Didier, né un 24 novembre.

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“Ça me met mal à l’aise que les gens se sentent obligés de me dire bonne fête ou de me surprendre”, poursuit Angèle, qui aura 22 ans en juin.

Fait #2: la grande majorité de cet échantillonnage était aussi né entre le 1er novembre et le 1er mars.

“Puisque je suis né entre Noël et le Jour de l’An, j’ai développé une indifférence envers mon anniversaire. Je ne me souviens plus la dernière fois que je l’ai fêtée”, dit Guillaume, né un 29 décembre.

“Le 24 novembre c’est plate”, poursuit Didier. “ C’est gris, c’est laid, tout le monde est occupé et c’est toujours la mi ou la fin de session quelque part”.

Est-ce que la haine contre notre propre célébration d’anniversaire pourrait être corrélée à la saison à laquelle nous avons débuté notre existence?

Je dois admettre que si je n’étais pas née un 2 mai, en même temps que les jonquilles, que les terrasses et que les vacances des universitaires, je ne pense pas que je vivrais cette journée avec la même euphorie.

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Donc, pour éliminer cette inégalité terme de sentiment d’allégresse à l’occasion de notre genèse, il faudrait interdire aux québécois de procréer entre juin et février, pour que personne n’ait le malheur de naître entre novembre et mars.

Mais avant d’ériger ce projet de loi, une troisième constatation mérite d’être considérée:

Fait #3: la peur d’être déçu

Il est vrai que la célébration d’anniversaire est devenu un rite tellement ancré dans notre cycle annuel que les attentes sont difficiles à éviter.

“Je finis souvent par me sentir plus seule cette-journée-là que les autres. On dirait que les émotions semblent plus importantes ce jour-là, parce qu’il est “spécial”. Tout est amplifié, les feelings positifs comme négatifs”, dit Gabrielle, née un 23 janvier.

Je trouve que Gabrielle a mis le doigt sur un fait saillant. Combien d’entre-nous, petits ou grands, se sont couchés le soir de notre fête avec une boule dans la gorge parce que des scénarios construits depuis des jours n’avaient pas pris la forme espérée?

Ne jamais naître. Voilà une solution palpable pour éviter morts et déceptions.

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Donc, la meilleure solution pour éviter ces miséreuses déceptions: l’affliction et l’infériorité de certaines dates de naissance par temps froid ET des décès précipités par le stress de vieillir, serait de célébrer nos anniversaire à une date que nous aurions nous-même choisi, ou juste quand ça adonne!

Vous l’aurez deviné, je parle bien ici de l’illustre “non anniversaire” chanté en boucle pendant l’éternelle heure du thé dans Alice au Pays des Merveilles. Lewis Carols, qui avait médité sur ces observations avant moi, avait mis en place ce néologisme pour questionner la pertinence de célébrer notre naissance… en la célébrant un autre jour… pour célébrer le fait que peut-être nous aurions préféré ne jamais naître.

Ne jamais naître. Voilà une solution palpable pour éviter morts et déceptions.

Sur cette note morbide, un joyeux non anniversaire!

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