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Vous massacrez, à grands coups de petite politique, le Québec, son Histoire et ses luttes, son peuple. Vous semblez oublier que vous êtes au service de la population québécoise, et non pas le contraire. Vous n’avez été élu que par une poignée de personnes, cela aussi, vous semblez l’oublier.
Être Premier Ministre du Québec, Monsieur Charest, c’est être capable de représenter et défendre avec intégrité et dévouement le peuple, dans sa totalité, et les grandes responsabilités que ce dernier lui a confiées. Être Premier Ministre du Québec, Monsieur Charest, c’est aussi aider le peuple, dans sa totalité, à avoir la force de se bâtir une destinée commune désirée, basée sur le respect des droits fondamentaux et la démocratie. Vous ne faites, Monsieur Charest, rien de tout cela.
La dureté de la Loi 78 est telle que j’en ai le souffle coupé. Vous avez réussi à changer la crise étudiante en un génocide du droit de parole, du droit d’association, du droit de rassemblement, du droit de manifester, du droit d’être un citoyen reconnu, respecté et écouté. Ce sont les fondements de l’État de droit que la Loi 78 vient assassiner. Vous avez stigmatisé le mouvement étudiant et ses associations en les traitant de voyous et de malfrats. En refusant tout dialogue avec ceux-ci, vous les avez exclu, dès le départ, du reste de la société québécoise. Vous les avez limité au carcan de groupe social vermineux. Avec la Loi 78, vous enfoncez le clou des inégalités que vous valorisez de manière claire et définitive, et maintenant, c’est le Québec au complet que vous ghettoïsez en annihilant le droit d’être solidaire les uns des autres. Et ce, vous le faites en accusant les étudiants et leurs associations d’être les seuls responsables de ce gâchis sans nom. Vous utilisez la Loi 78 pour rendre légitime les dérapages des forces policières, pour vous donner un pouvoir démesuré et totalitaire, pour faire du Québec un état où la liberté n’est plus qu’une marque de yogourt, comme disait Falardeau. Cette loi, Monsieur Charest, représente votre profonde incompréhension de la jeunesse québécoise. L’attitude excessivement discriminatoire que vous avez envers celle-ci depuis le début de la crise étudiante est grotesque. Le droit de parole est la base de la démocratie et de la justice. Le trop plein de pouvoir que vous vous êtes octroyé, Monsieur Charest, vous a rendu dangereux et inapte à gouverner adéquatement le Québec.
Je n’ai jamais voté pour ou contre un candidat politique. J’ai toujours voté pour un parti, pour ses ambitions et ses valeurs générales. J’ai toujours voté avec l’espoir de bâtir, avec mes concitoyens, un projet de société basé sur l’inclusion et la reconnaissance, la justice, le droit et les droits, la liberté, l’égalité et la paix sociale. Mais aux prochaines élections, Monsieur Charest, je voterai contre vous, avec tout ce que je possède de colère. C’est un Québec qui aura une difficulté monstre à rebâtir son «vivre ensemble» avec la conviction que c’est réellement possible et non pas qu’une vague idéologie. Tant sur la scène nationale que sur la scène internationale, vous donnez l’image d’un Québec atrophié de sa capacité d’être démocratique et juste.
Vous avez encore la possibilité de mettre fin à toute la violence actuelle, qui n’est plus qu’une violence étudiante, mais bien une violence qui englobe maintenant le peuple québécois au grand complet. Cette violence, dois-je vous le préciser, aurait pu être évitée si vous aviez eu un peu de courage et d’humanisme, au lieu de beaucoup d’arrogance et de mépris. Je vous demande de mettre fin à la tyrannie ambiante actuelle, que vous avez instaurée. En refusant de dialoguer avec les étudiants et leurs associations, vous violez le principe d’égalité des individus en créant une ségrégation active, réelle, totale. Soyez donc un Premier Ministre, enfin, Monsieur Charest.
Je suis en colère, je suis inquiète et ceci n’est pas le Québec que je désire.
Caroline Sirois
Citoyenne, mère, étudiante en immigration et relations interethniques et contribuable.
Illustration: Martine Frossard
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