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Enfant, que rêviez-vous de faire plus tard?

Par
Christophe Jasmin
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Paléontologue, après avoir vu Jurassic Park pour la 126e fois? Jusqu’à ce que vous vous rendiez compte que la paléontologie c’est aussi palpitant qu’un DVD commémoratif de la saison 2011-2012 de Canadien. Joueur de hockey, comme 110% des petits gars du Québec? Jusqu’à ce que vous réalisiez que vos talents de patineur s’arrêtaient là où vos tentatives de freinage commençaient. Vétérinaire parce que, petite, vous étiez une amie-des-zanimaux et vouliez tous les soigner? Jusqu’à ce que vous appreniez que le travail de vétérinaire c’est aussi d’anesthésier des bêtes ou, encore mieux, d’enfoncer son bras loin loin à l’intérieur d’une vache afin d’y extraire un veau pas trop mignon d’à peine 45 kilos.

Moi? Rien de tout ça. Peut-être est-ce à cause de mon prosaïsme inné ou encore par surexposition à Tintin et ses aventures, mais toujours est-il que je rêvais d’être journaliste. Le problème, c’est que j’y rêve encore.

Vouloir être journaliste en 2012, c’est un peu comme un film muet en noir et blanc qui gagne l’Oscar du meilleur film à l’ère de la 3D et du Dolby digital surround sound. Un anachronisme.

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Mais, joie, je ne suis pas seul. Les cohortes d’étudiants en journalisme n’ont jamais été aussi importantes … et les perspectives d’emploi aussi sombres. Et ce, pour deux raisons : l’une économique et l’autre politique.

La première, c’est ce qu’on a appelé la crise des médias. À cause de l’avènement d’internet, les médias traditionnels ont perdu une partie de leur lectorat et de leurs revenus publicitaires. Résultat : les aspirants journalistes ont perdu une partie de leurs possibilités d’embauche, de piges et d’apprentissage (un exemple : la fin des stages à La Presse).

Au moins, pouvait-on se dire, on a toujours Radio-Canada. Ce grand pourvoyeur d’emplois pour la jeunesse journalistique du pays. Ce grand bâtisseur de la culture et de l’identité canadienne sur qui, contre vents et marées, on pourra toujours compter. Mais ça, c’était avant l’arrivée au pouvoir de Stephen Harper et sa bande d’aficionados de la réduction du rôle de l’État.

Deuxième raison, donc : en prévision des compressions budgétaires annoncées par le gouvernement conservateur, la société d’État se voit obligée de se serrer la proverbiale ceinture. Conséquences : non-remplacement des départs à la retraite et suspension des stages d’été rémunérés.

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Bref, vous l’aurez compris, de nos jours l’aspirant journaliste se doit de saisir le peu d’opportunités qui se présentent à lui. Car il y en a peu. D’autant plus qu’il évolue dans un environnement pour le moins compétitif. Révolu le temps où untel se retrouvait dans le journalisme par hasard et finissait par devenir un Foglia ou un Louis-Gilles Francoeur. C’est pourquoi tel tout vendeur de chars usagés qui se respecte, l’aspirant journaliste doit apprendre à vendre. Ou plutôt à se vendre.

Comment? En se faisant des sempiternels contacts, en errant le plus souvent possible dans les couloirs de Radio-Canada, en faisant des piges non rémunérées pour Urbania, en participant à un journal étudiant… et, bien sûr, en bloguant.

Tout ce que l’aspirant journaliste écrit, ce n’est que pour l’ajouter à son portfolio (en espérant qu’un vrai journaliste le lise). Un aspirant journaliste vous demande comme ami Facebook? C’est seulement parce qu’il sait que votre belle-sœur travaille au Voir.

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Au fait, vous trouvez que le blogue est un médium remarquable parce qu’il permet à ces gens, qui ne répondent à aucune considération financière ni professionnelle, de s’exprimer et d’informer?

J’espère que vous aurez apprécié cette publicité.

(Texte originalement paru sur La Citée)