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Ce qu’il y a de «bon» avec la Charte

Parce qu’il faut bien lui dénicher un ‘tit côté « positif »...

Par
André Péloquin
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Comme plusieurs d’entre vous, j’ai signé le fameux Manifeste pour un Québec inclusif. Même que j’y ai apposé mon nom avant le dévoilement de cette désormais célébrissime Charte, trouvant déjà l’exercice inutile et, surtout, exclusif. Puis j’ai lu le document défendu par M. Drainville et cette image des signes ostentatoires interdits et tolérés m’a fait tilter…

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Rassurez-vous, je ne vais pas vous rabâcher le gag sur la grosse croix d’Éric Lapointe (mais je l’utiliserai pour illustrer ce billet, en effet), mais l’image demeure tout de même porteuse de sens : le port du petit crucifix discret par les employés de l’État sera toléré… jusqu’à une taille nébuleuse ou le bijou devient soudainement du « bling de Jésus » ou, pire encore, un outil de prosélytisme, convaincant quiconque le croisant de pratiquer une vie pieuse et d’abstinence jusqu’au mariage. La kippa, qui est souvent à peine visible lorsqu’on discute avec quelqu’un en face à face (donc lors de la plupart de nos correspondances avec des employés de l’État)? Oh non! Danger! Un tel étalage de foi pourrait mener aux drogues dures ou à une autre poudrière du genre.

Des clichés bêtes, d’accord. Mais qui démontrent bien que le document tant attendu est non seulement inutile (les cas d’accommodements religieux font jaser, bien sûr, mais ne sont pas légions, comme en témoignait le rapport Bouchard-Taylor) et exclusif (je vous renvoie à l’exemple du crucifix), mais un brin mal foutu et, surtout, dangereux à en juger les réactions vitrioliques émanant des deux « camps » depuis son dévoilement.

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Et c’est là que, bizarrement, on retrouve un peu de « positif » dans cette Charte des valeurs québécoises. Son effervescence a fait crever un abcès désormais incontournable : y’a pas mal de racistes au Québec!

On repoussait les attaques de Martin Patriquin du revers de la main, on rigolait quand Howard Galganov s’emportait ou, pire, on se coiffait d’oeillères limitant notre point de vue à ceux qui ont le même que nous, mais il n’y a plus moyen d’y échapper depuis l’apparition de la Charte des valeurs québécoises : c’est sur le Facebook du Huffington Post et de TVA, c’est dans les commentaires – bloqués ou non – d’Urbania ou du Voir (j’ai publié un extrait d’entrevue avec Michel Rivard sur mon blogue vendredi dernier… et je vous épargnerai les « perles » que je glisse dans ma corbeille depuis), c’est sur le mur d’une mosquée au Saguenay : un certain Québec est non seulement raciste, mais le porte maintenant comme si c’était des épaulettes!

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Encore hier, TVA et Le Soleil rapportaient cette histoire d’agression dans un centre commercial de Québec. Badia Senouci et son fils se sont fait injurier et cracher au visage par une championne invitant la dame à changer de religion et à retirer son foulard… au nom de la Charte.

Suuuuuuuuuper!

Un certain Québec est raciste et fier, mais il est aussi con comme un balai!

Dites, M. Drainville! Si on mettait votre Charte au rancard et on misait davantage sur un cours obligatoire sur les différentes cultures se côtoyant au Québec? Parce que, visiblement, certaines personnes ont peur et cette crainte de l’Autre est souvent nourrie et entretenue par une incompréhension tristement grave. Poutine et Yom Kippour. Ça ferait un bon titre, non?

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Bien sûr, vous me répondrez que cette agression est un geste isolé… tout comme les quelques événements menant à votre fameux document, tiens donc. Parce que, moué là, j’ai pas envie de vivre dans un Québec où y’a des madames étranges qui s’attaquent aux gens dans un centre d’achat. Pas envie de faire un pays avec des monsieurs louches qui souillent des endroits de cultes. Non, non, M. Drainville. Pas avec mes taxes!

Bref, pour citer un jeune philosophe : « Aweille, Québec, ostie, continue comme ço! »