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Ce que je ne comprends pas avec le Grand Prix

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Semblerait-il que le Grand Prix de Montréal soit un intouchable. Comme le Frère André, l’Expo ou René Lévesque, mettons. Ce que je ne comprends pas du Grand Prix? Boah. À peu près toutte, sérieusement.

salamalec
La F1 en général, je ne comprends tout simplement pas. D’abord, précisons : je ne suis pas de ceux qui monteront aux barricades pour dénoncer la tenue du Grand Prix de Montréal, en vertu de X ou Y grand principe de gauche trèstrès-consciencieuse. C’est vrai, dans une optique strictement marchande, le Grand Prix de Montréal a toutes ses raisons d’être et qu’on l’encourage à se perpétuer. Il s’agit effectivement d’une manne de retombées économiques pour la métropole…
bobos
n’autos
banlieucentrique
you feel me
Ce qui me jette par terre, d’année en année, ce n’est pas qu’on l’organise, le foutu Grand Prix! C’est qu’il y ait une demande aussi forte pour en justifier l’organisation! Non seulement on se bouscule aux guichets pour mettre la main sur des billets, mais on cultive quelque chose de sacré et d’inattaquable autour de la F1. C’était de voir Jean Charest couiner ses sermons les larmes aux yeux à l’idée que les étudiants puissent « perturber le Grand Prix »…
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À mon sens, jusqu’à tout récemment, il n’y avait que les « mononcles redneck » et les « gros parvenus » qui s’intéressaient à la F1. Je ne sais trop à travers quelle lentille idéalisante j’analysais le public cible du Grand Prix, mais semblerait-il que j’avais tout faux! Et qu’en plus, ça ne se dit pas, ces affaires-là. Sacrosaint Grand Prix, n’oublions pas.
Récemment, plusieurs personnes de mon entourage m’ont affirmé qu’elles allaient/étaient déjà allées au Grand Prix. Yeux ronds. Mystification. Aucun mépris, simplement l’air vaguement interpellé par une interrogation bovine : Pourquoi?
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Eh bien la réponse semble aller de soi : oui. 320 000 fois plutôt qu’une, même. Et force est d’admettre que sur ces 320 000 personnes, il n’y a nécessairement pas que des « mononcles redneck » et des « gros parvenus »…
Je ne comprends pas les gens. Tout simplement pas. Sans jugement.
J’ai toujours vu le Grand Prix comme une espèce d’institution inaliénable, mais qui existait bien en-dehors de mon champ du réel, ou plutôt de l’horizon de mes intérêts; mêmes vagues et élargis. Le GP, à mes yeux, c’est « l’autre » de bien des choses. Du bon goût, de la pertinence, de la consommation responsable, de l’human interest; du Montréal dont j’ai l’expérience, aussi…
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C’est la sacralisation grotesque du char de course. La consécration du degré zéro de l’intellection, à travers un loisir d’abrutissement, d’outre consommation et de sempiternel retour au même. Soit, je l’accepte. Si ça nous permet de garder nos Bixi, tiens. MAIS-JE-NE-COM-PRENDS-PA-A-A-A-S! Qu’on m’explique, je vous en prie.
Dans un autre ordre d’idées, j’ai trouvé bien rigolo d’entendre les anarcho-pas-contents taxer cet événement de « n’attirer qu’une élite de la société ». Allons donc! Il s’agit du divertissement le moins élitiste de l’histoire du divertissement! Qu’on se le dise, le niveau de raffinement et « d’élitisme » d’un loisir donné est rarement (voire jamais) proportionnel à ce qu’il en coûte pour y avoir accès! Le Grand Prix (la course automobile en général) est précisément le loisir le plus «moyen» qu’on puisse imaginer. Dégradant pour la femme, issu de la décadence néolibérale et de la société de consommation dégénérée, ça oui. Honteusement archétypal du libre marché et de l’empire individuel, ça aussi. Mais élitiste? Jamais. Essayons un peu d’avoir pitié pour l’intelligence et ce qu’il en reste ici bas.
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Sur ce, je vais aller m’imprégner de la fièvre de la F1. J’ai espoir!
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