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Catherine Potvin : l’illustratrice qui fait du design (et des siestes)

Entre vitrines, merch et menus de restos.

Par
Vanessa Duval
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Vanessa Duval est directrice artistique, designer et rédactrice. Elle a fondé le Studio Couleur Vive il y a quelques années et quand elle nous a proposé de nous faire découvrir, à travers un petit questionnaire, des créatrices et des créateurs qu’elle aime et dont elle admire le travail, on a dit : « ben oui, c’est sûr! Quand est-ce qu’on commence? » Cette semaine, Catherine Potvin est dans sa ligne de mire, une artiste que vous connaissez (et aimez) probablement sans le savoir si vous vous êtes promené dans la métropole dernièrement.

Catherine Potvin est une illustratrice et designer basée à Montréal. Marqué par un esprit parfois ludique et parfois grunge, son travail prend vie à travers diverses techniques d’illustration. Les traits simples, les silhouettes géométriques et les dessins à main levée appuient sa quête de la parfaite imperfection. « On pourrait comparer mon trait à celui d’un enfant qui expose aux beaux-arts » a-t-elle déjà affirmé. Poursuivons sur cette lancée …

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Quels projets as-tu créé, et que pouvons-nous voir à Montréal?

J’ai récemment travaillé aux côtés du designer Simon Langlois pour créer l’identité de la buvette Vinvinvin située sur Beaubien. On retrouve mes illustrations notamment sur les coupes, menus, portes… J’ai aussi une collaboration active à la boutique Betina Lou sur Henri-Julien, où j’ai entre autres réalisé la vitrine et bannières intérieures.

Nouveau de cet été également, la crèmerie Swirl sur Rachel dont j’ai illustré le logo, qu’on peut d’ailleurs apercevoir sous forme de murale à l’extérieur du commerce (par 2 Lettreurs), ainsi que l’icône de la boutique de chaussures Maguire sur Saint-Laurent (Le Billyclub). Sans tous les nommer, mes mandats varient de plus en plus, en passant par des projets domiciliaires (Mondev) à des magazines (Figures de Style). Ça peut également être de réaliser des habillages graphiques (Dominos, Émile Bilodeau, Momenta) ou de la merch d’artistes ou de restaurants (Milk & Bone, Elena).

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Comment décris-tu ton travail à ta mère?

En partant, ma faiblesse numéro un est de décrire mon travail. Je pense que c’est dû au fait que ma carrière d’artiste est assez jeune et qu’en étant qu’autodidacte, c’est difficile de me situer moi-même dans ce que je fais, alors forcément c’est dur de situer les autres. Parfois, j’ai l’impression que mon vocabulaire artistique manque de chair, un peu comme quand on apprend l’anglais dans la rue: on arrive à se faire comprendre, mais on risque de sonner simpliste dans nos références.

Pour ce qui est de ma mère, ça a été plus facile de lui montrer. De voir mes illustrations dans un contexte – par exemple sur le mur d’un commerce – l’a beaucoup aidé à comprendre.

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Comment as-tu su que tu voulais devenir designer graphique?

Ce n’est pas quelque chose que j’ai souhaité. Le monde du design graphique était selon moi un endroit beaucoup trop carré, avec une multitude de règles plates à respecter. Quand j’ai reçu mes premiers mandats, je me suis automatiquement comparée aux nombreux designers de talent qui m’entourent, mais mon travail n’avait rien à voir. Avec le temps, j’ai réalisé que mon manque de connaissances me rend presque exotique aux yeux des clients et leur assure d’avoir une signature bien personnelle. Mais maintenant que j’y pense je ne suis pas vraiment une designer graphique. Je suis une illustratrice qui fait du design, mais aussi des peintures ou des vidéos, puis des siestes pis des fois je vais au dep.

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Personnellement, comment définis-tu le beau?

Je crois fortement que le beau est relatif à son contexte. La belle laideur existe, la laide beauté aussi. Autant qu’un défaut peut totalement faire le charme de quelqu’un ou de quelque chose. Et puis sincèrement, tout dépend finalement de qui regarde ¯\_(ツ)_/¯

En terme d’art, la beauté se définit beaucoup plus de par le sens d’une œuvre que par sa beauté en soi. Disons qu’on a une poubelle. Dans la rue, c’est une poubelle, mais si on la sort de son contexte et qu’on la place dans une grande pièce blanche en face d’un drapeau des States, elle restera certes poubelle, mais l’espace qu’on lui offre la rendra nécessairement plus importante et pleine de sens. C’est un exemple extrêmement banal, mais j’ai la certitude que c’est en isolant un concept qu’on a une chance de le déconstruire et le repenser. Cet exercice est nécessaire pour pousser ses propres limites intellectuelles, voir même à repenser ses barèmes de beauté.

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Une phrase ou une personne qui t’a marquée personnellement ou artistiquement?

L’un des premiers artistes qui a eu tout de suite eu mon attention a été David Shrigley, peintre et sculpteur basé à Londres. J’étais tombée sur l’un de ses livre, Red Book, à Paris, en 2010, et même si j’ai commencé à illustrer seulement des années plus tard, son approche brutale et simpliste a énormément marqué ma démarche.

Sinon, je roule depuis longtemps sur le proverbe « on ne sait jamais ce qu’on ne sait pas ».

Je pense que c’est une phrase que tout le monde devrait avoir dans sa poche. Je me la suis souvent répétée dans mes instants plus confortables, comme pour me dire « non non, il te reste plein de choses à apprendre ». Je crois aussi qu’on est tous une gang de peureux à la base et j’ai réalisé, dans mon cheminement, que plus on sait des choses, plus on se sent en contrôle et moins on a peur.

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