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Le centre d’achats du mois : Carrefour de la pointe

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Ouvert le 26 août 1976 (du moins selon son site web), le Carrefour de la pointe est un véritable bijou de l’Est de l’île. Toujours prêts à vivre une expérience festive hors du commun, nous avons entrepris un pèlerinage à Pointe-aux-Trembles, quarante ans jour pour jour après l’ouverture.

Retour mémorable sur une soirée riche en célébrations, en compagnie du maître de l’Est et animateur à CISM 89,3 FM, Divan Viril.

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En arrivant, c’est la cohue dans le stationnement.

Pour l’occasion, Wal-Mart a mis le paquet. “Ils ont même débloqué un budget pour se payer des chemtrails”, observe Divan Viril.

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Qui dit anniversaire dit évidemment grosses aubaines. Le géant américain frappe fort avec son gros spécial de 47 cennes sur les bacs en plastique.

L’allée des tapis intrigue notre spécialiste : “On peut voir ici qu’il y a une ÉNORME différence entre le tapis décoratif et le tapis utilitaire. D’après moi, y a une décoratrice intérieure qui est passée ici pour statuer là-dessus.”

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Regorgeant de belles découvertes, la section littéraire du Wal-Mart nous attire.

“Ce livre-là est assez cool, mais y a jamais personne qui a réussi à le finir”, remarque Divan Viril.

En sortant, on emprunte le corridor de gauche pour constater qu’effectivement, les magasins se sont mis sur leur 34 pour ce jour important.

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À tous ceux qui se demandaient ce qu’est concrètement “l’élégance” en 2016, voici un infime aperçu de la réponse.

Concurrent à la course à la direction du PQ, le célèbre Jean-François Fleur de Lysée a mis les bouchées doubles pour courtiser les électeurs de l’Est en ouvrant son propre bureau chef dans leur temple commercial.

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Au moment même où on commençait à trouver que ça manquait d’ornements festifs, le Carrefour de la pointe nous réserve une surprise de taille en offrant à sa clientèle un buffet anniversaire de qualité supérieure.

Après avoir levé les yeux, on remarque que, finalement, cette boustifaille de choix est, en fait, l’initiative personnelle d’une toute nouvelle parfumerie, qui a bien pris soin de faire une faute dans son affiche promo.

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Une place où, bon an, mal an, ça brasse pas mal tout le temps, c’est au Modes Luna.

Bavarde et YOLO dans l’âme, la préposée nous donne rapidement beaucoup de détails sur des moments cocasses de sa vie : “Moi, j’me suis déjà cassé un pouce à 12 places en faisant de la trampoline, pis après j’ai continué à faire mes affaires comme si de rien n’était… À un moment donné, chu allée voir le médecin pis j’ai cogné mon pouce s’a table devant lui. Je lui ai dit que ça me faisait pas mal, et il en revenait pas! On m’a toujours dit que j’devrais aller dans l’armée vu que chu tough. J’y ai pensé, mais finalement, j’ai eu des enfants.”

Sans mots devant cette force surhumaine, nous constatons qu’ici, les signes de piasse sont intégrés dans les virgules.

Une autre démonstration d’audace.

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C’est bien connu : il faut toujours envitrer les objets les moins chers de tout le magasin.

Ce qui est cool, c’est qu’on peut toujours compter sur un magasin de cigarettes électroniques pour rehausser l’ambiance.

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Dans le corridor en face, on découvre le seul cordonnier au Québec spécialisé uniquement en talons hauts.

À l’intérieur, on découvre que, finalement, le magasin diversifie allègrement son offre.

Côté marketing, quoi de mieux que d’annoncer un spécial sur les sacs-bananes en ressortant une vieille crisse de pancarte brochée à moitié cachée par une plante.

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Toujours à la recherche d’une quelconque célébration, nous sommes attirés par la musique dansante d’un commerce qui semble savoir ce qu’il faut : Jeans Experts.

Revenu des toilettes, Divan Viril semble émerveillé : “Ce qui est cool ici, c’est qu’il y a à peu près aucun esti de jeans dans les 30 premiers pieds du magasin.”

Au fond, le magasin se reprend quelque peu en donnant des idées mode qui rappellent en partie le look qu’on pouvait avoir quand notre mère se décidait à nous habiller en 1999.

À quelques mètres de là, le Gravure Bonne Idée émerveille.

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À date, il est le seul à avoir souligné le 40e “anniversaires” du centre commercial.

Un hommage bien senti.

Toutefois, ce n’est pas parce que c’est jour de fête qu’il faut laisser tomber la rigueur.

À cet effet, le Gravure Bonne Idée n’entend pas à rire avec ses reçus de caisse.

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Poli à ses heures, le Gravure Bonne Idée est capable d’amadouer sa clientèle avec un “S.V.P.” et un “merci” lorsqu’il s’agit du bien-être de ses affichettes en plastique.

On y avait jamais pensé, mais voilà un jeu de mots qui aurait pu faire un tabac dans les années 1970.

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Même écrit 8 fois en majuscules, le mot promotion se jumèle difficilement à un CD de Martin Deschamps qui coûte 8,99$.

Il est toujours utile de trainer une paire de ciseaux dans ses culottes, juste au cas où on aurait à découper un coupon d’à peu près un demi-centimètre plus petit que le bout de papier sur lequel il est imprimé.

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Sans surprise, Richard Séguin (alias LE chanteur pointelier emblématique) est au top des ventes dans son bastion.

Autrement, notre boy Raymond Berthiaume tire lui aussi son épingle du jeu avec son Cocktail Lounge.

“Ce qui est l’fun avec Raymond, c’est qu’il a vraiment un œil qui se calice de l’autre”, résume Divan Viril.

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En face, le magasin de variétés La Rouquine regorge de belles découvertes, à commencer par ces roches inspirantes.

“J’ai entendu dire que la clique anti-gentrification venait chercher ses projectiles ici”, dévoile notre spécialiste. “Quand tu te fais démolir ton commerce avec une roche marquée ‘sérénité’ dessus, laisse-moi te dire que tu t’en souviens.”

C’est aussi la place idéale pour s’acheter des persiennes qui font réfléchir.

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Quelque chose qu’on n’avait jamais vu avant : une carte “Prompt rétablissement” dessinée par un gars de Safarir.

Juste à côté, au Bo-Pied, on nous annonce que c’est notre dernière chance d’acheter ces souliers argentés avant que le proprio se tanne de les voir et se décide à les remiser pour de bon dans le back-store.

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En tournant à droite vers le dernier embranchement du centre, on comprend que l’ambiance commence à pogner un autre step.

La frénésie s’est d’ailleurs emparée de la zone V.I.P. du Prince d’Orient.

Du côté de l’animalerie T.D. Zoo, ça brasse bien comme il faut. À l’entrée, on vous incite à faire comme au dentiste et à troquer vos chaussures pour des pantoufles d’occasion.

Ne cherchez plus le python de Verdun : il est ici!!!

“Quand tu réussis à faire une recette avec cet oiseau-là, ça veut dire que t’es un vrai chef cuisinier. C’est de là que vient l’expression ‘cordon bleu'”, nous apprend Divan Viril, historien/linguiste à temps partiel.

Juste à côté du Super C, un magasin attire l’attention par sa mystérieuse devanture orientale.

Ramassis incompréhensible de nourriture asiatique, d’ornements bouddhistes, de totems autochtones, de nappes de Noël et d’annonces louches pour voyantes, l’Amasaki nous prouve que la cohérence n’a pas toujours sa raison d’être.

Dans l’allée centrale, c’est le point culminant. Juste au-dessus des mortiers se trouvent de somptueux téléphones fixes au design mordant.

En sortant, on remarque le teint bigarré du mannequin qui nous a préalablement accueillis.

“Elle a l’air de Britney Spears, mais juste bronzée de la face”, observe notre guide.

Toujours à la recherche du gros party, nous montons au deuxième étage du centre.

Encore une fois, les choses se passent.

Petite trouvaille design très tendance aux toilettes.

Attirés par un chaos sonore progressif, mené par une madame qui semble gueuler avidement dans le micro, nous mettons le cap sur le resto-bar Montaza.

En chemin, on commence à savoir à qui on va avoir affaire.

C’est vendredi, et ça paraît au Montaza. La place est remplie à souhait, et la danse en ligne bat son plein.

À ce jour, on ne sait toujours pas si cette ambiance festive était reliée de près ou de loin au quarantième anniversaire du Carrefour de la pointe, mais reste que des napkins roses soigneusement placées dans des verres à pied, ça ne trompe pas.

Pour être certains de ne pas trop brusquer sa clientèle âgée, les proprios du Montaza ont pris soin de ne plus retoucher à la décoration de la place depuis 2002, année de mise en marché de cette bière discontinuée pas trop longtemps après.

Généralement abordable, le menu de la place dévoile quelques incohérences.

“Pour deux piasses de plus que l’assiette de 12 crevettes, tu peux avoir 20 langoustines…” s’emballe dangereusement Divan Viril, admirateur invétéré de beurre d’ail fondu.

En recevant nos assiettes, notre hôtesse-chanteuse entame une relecture poignante de Purple Rain. La danse en ligne fait ainsi place au traditionnel slow.

Et c’est à ce moment précis qu’on comprend la réalité bien réelle du Carrefour de la pointe… À quoi ça sert de souligner une énième année d’existence quand, de toute façon, le party est pogné solide à chaque vendredi?

Pour ça et bien plus encore, merci, Montaza!

On se revoit le 26 août 2026 pour un 50e des plus prometteurs.

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