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Capitaine Levain : rappeler aux Québécois c’est quoi du vrai pain

Portrait éclair d'une famille qui a choisi de vivre selon ses propres principes.

Par
Lucie Piqueur
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URBANIA et Brome-Missisquoi s’unissent pour vous faire découvrir des gens qui font rayonner la région.

« Une alimentation saine, socialement responsable et respectueuse de son environnement », c’est le principe de base de la boulangerie Capitaine Levain. Un principe clair, qui demande de la volonté et du savoir-faire, et auquel Ghislain Despatie et Céline Richard ont choisi de consacrer leur vie. Pour eux, manger intelligemment est un choix de société.

Le début : en Bretagne

Tout a commencé quand les deux amoureux, en quête de sens, ont quitté Montréal pour effectuer un voyage initiatique à vélo, en Europe. De passage chez des paysans boulangers bretons, ils attrapent la piqûre du pain au levain et tout le savoir-faire qui vient avec, dès la culture du blé. Ils rentrent alors au Québec, une poche de grains anciens dans leurs valises. Ghislain passe son DEP en boulangerie, Céline donne naissance à leur premier enfant, et comme une évidence, tout ce beau monde quitte Montréal pour s’établir à la campagne.

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S’implanter en région, c’est commode

Après avoir magasiné un peu, c’est la région de Stanbridge East qui leur tape dans l’oeil : « beaucoup de jeunes, beaucoup d’entrepreneurs, beaucoup d’intérêt pour le bio, et une communauté locale tissée serrée. En plus, chaque année, le boum touristique permet aux petits commerces comme nous de bien s’en sortir. »

Aujourd’hui, un deuxième enfant a vu le jour, et la petite famille vit la belle vie sans compromis dont elle rêvait. La maison que Ghislain et Céline ont achetée possède un fournil attenant pour faire le pain sans s’éloigner de la marmaille. Une petite terre louée leur permet de développer leur culture de grains anciens. Dans pas trop longtemps, ils comptent obtenir leur certification bio, développer un volet éducatif, et établir un partenariat avec un meunier pour moudre leur propre farine. Ils le feraient eux-mêmes, mais avec deux petits de 3 et 6 ans, et presque sept jours par semaine de travail l’été, ils ont décidé de se calmer le pompon.

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Les doutes et l’habitude

Ghislain me l’avoue : au début, ils n’étaient pas sûrs de réussir à accrocher les Québécois avec leur façon de faire. Pour commencer, Capitaine Levain fonctionne presque uniquement par commandes à l’avance. Comme ça, pas de bennes à ordures remplies d’invendus à la fin de la journée. Et puis le pain au levain, ça a beau être beaucoup plus digeste et se conserver plus longtemps, les gens n’y sont pas trop habitués par chez nous.

Les clients doivent aussi réapprendre que du pain artisanal et pétri à la main ne sera pas identique à tous les jours. « On a oublié c’était quoi du vrai pain, au Québec. Le pain industriel, c’est carrément rendu du gâteau. Il y a des oeufs, de l’huile du sucre, des améliorants et des agents de conservation… Et pourtant, c’est au gluten qu’on fait la guerre. » Aujourd’hui, au soulagement de Céline et Ghislain, la réponse est bonne. Finalement, il faut croire que les gens de la région avaient faim de vrai pain.

« On a oublié c’était quoi du vrai pain, au Québec. Le pain industriel, c’est carrément rendu du gâteau. Il y a des oeufs, de l’huile du sucre, de la levure chimique, des améliorants et des agents de conservation… Et pourtant, c’est au gluten qu’on fait la guerre. »

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Alors, heureux de ton move, Capitaine Levain? « Aujourd’hui, il y a juste les bulletins de circulation à la radio le matin pour me rappeler comment je vivais avant. Je pourrais plus m’imaginer retourner en arrière. Moi, je suis assez catégorique sur ma philosophie, ma façon de travailler, mon mode de vie, et y a pas beaucoup d’employeurs en ville qui auraient pu m’offrir ça. L’artisanat, ça donne un pouvoir de création immense. Notre travail est difficile, mais c’est quelque chose qui est passionnel. On est là pour nos enfants. On est très heureux où on est, et ça nous amène à rencontrer plein de monde extraordinaire dans la région, qui ont aussi choisi d’autres modes de vie sans compromis. »