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Cannabis et «munchies»: deux nutritionnistes se pronnoncent

À quand les recettes de «munchies» sur Trois fois par jour et Ricardo?

Par
Lucie Piqueur
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Si vous lisez ce texte, c’est peut-être parce que, les doigts pleins de poudre orange de crottes de fromage, vous êtes venu.e vérifier si votre grosse fringale post-cannabis était normale. Je peux déjà vous rassurer : vous n’êtes pas seul.e à éprouver les munchies. Comment surfer au mieux sur cette délicieuse sensation? J’ai posé la question à deux nutritionnistes : Fabiola Masri, de Québec, et Priscillia Ross de la clinique Activcoop à Montréal.

Mais que dit la science?

Petite leçon de molécules, pour commencer : selon Fabiola Masri, notre corps sécrète des endocannabinoïdes, molécules qui stimulent l’appétit. Comme leur nom l’indique, ces molécules ressemblent beaucoup aux cannabinoïdes, molécules contenues dans le cannabis. «Quand on fume, même si on a mangé juste avant, notre cerveau va détecter les cannabinoïdes et interpréter ça comme le message “à table!”»

«Il y a des gens qui vont avoir faim, des gens qui vont avoir extra-faim, et d’autres gens qui vont avaler n’importe quoi à porté de leur main. Quand on voit ce comportement-là, ça peut vouloir dire que la personne est en état d’hypoglycémie.»

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Dans certains cas, le cannabis peut aussi faire baisser la glycémie. «Il y a des gens qui vont avoir faim, des gens qui vont avoir extra-faim, et d’autres gens qui vont avaler n’importe quoi à porté de leur main. Quand on voit ce comportement-là, ça peut vouloir dire que la personne est en état d’hypoglycémie, c’est-à-dire qu’il y a une chute de sucre dans son sang. Quand ça arrive, on se sent faible, on tremble quasiment, et on a besoin de manger du sucre.»

Maintenant que le pot est légal, les deux nutritionnistes en entendent de plus en plus souvent parler dans leurs consultations. Les gens sont moins gênés d’aborder le sujet, même s’ils n’ont pas forcément attendu la légalisation pour consommer du weed et faire connaissance avec les munchies. La différence, depuis le mois d’octobre 2018, c’est que la recherche se met en branle, et les professionnel.les de la santé auront bientôt accès à des études pour guider leur pratique. Pour l’instant, un document de référence au nom incroyablement long «Renseignements destinés aux professionnels de la santé : Le cannabis (marijuana, marihuana) et les cannabinoïdes» a été mis à leur disposition par le gouvernement canadien. La seule population qui y est bien étudiée en termes de nutrition, ce sont les patients atteints du SIDA et qui ont un poids insuffisant. Le cannabis permet à ceux-ci d’améliorer leur appétit et favorise leur prise de poids.

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Pour les autres, il ne reste que les anecdotes de chacun et la sagesse populaire.

Selon Priscillia Ross, «pour l’instant il manque vraiment de science. Il y a un gros besoin pour la formation continue. Ce qui s’en vient, en plus, ce sont les produits comestibles dérivés du cannabis. Ça va être encore plus important dans notre profession.»

Ouvrir un frigo vide quand on a les munchies, c’est poche!

«Actuellement, il n’y a pas de recommandations officielles pour le cannabis comme il y en a pour l’alcool. On est beaucoup dans l’essai-erreur, avec ma clientèle.» Avec une cliente, Priscilla Ross a notamment remarqué que sous influence, l’envie, c’était de venir à bout d’un sac de pop-corn. La taille du sac ne changeait rien. La cliente s’est acheté des petits sacs de pop-corn et c’est devenu son snack de référence pour les munchies. «Parce que je ne pense pas nécessairement que les gens vont se mettre à consommer des fruits frais et des crudités sous l’effet du cannabis. Mais des petits sacs de bonbons, des petits sacs de chips, ces affaires-là, je crois que ça pourrait être une avenue raisonnable.»

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Fabiola Masri est un peu du même avis. Si on sait qu’on a tendance à avoir une faim de loup quand on fume, on a tout intérêt à se prévoir des petits snacks à l’avance. N’en déplaise à Lise Ravary, la nutritionniste de Québec a un petit faible pour le hummus. «C’est riche en protéines végétales et en nutriments, et au niveau “apport calorique vs valeur nutritive”, c’est très intéressant!»

«Actuellement, il n’y a pas de recommandations officielles pour le cannabis comme il y en a pour l’alcool. On est beaucoup dans l’essai-erreur, avec ma clientèle.»

Autre suggestion au menu de Priscillia Ross, les boules d’énergie maison. «Si les gens veulent cuisiner leurs munchies maison, c’est une super idée! Je pense à des choses comme, par exemple, des boules d’énergie ou des barres énergies, souvent faites avec de la purée de dattes et des noix. Ça comble les envies de gras et de sucré, tout en étant d’excellente qualité!»

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Fruits, noix, pizza maison ou pas, même lorsqu’on a les munchies, l’intérêt de manger, c’est de se nourrir et d’avoir du plaisir. En attendant que la recherche progresse, profitez donc de ce moment de détente pour apprécier et savourer, encore plus que d’habitude, ce que vous mettez dans votre bouche.