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Ça me donne le goût de vomir

Par
Frédéric Guindon
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Avez-vous déjà remarqué, à la télé, les pubs qui ne servent à rien, si ce n’est de nous manipuler l’opinion? Citron que ça me fâche!

La plus récente que j’ai vue, c’est celle de la minière Osisko. Elle s’ajoute à une liste qui comprenait déjà, de mémoire : celle d’Arcelor Mittal, celle de l’Association Canadienne des Producteurs Pétroliers, celle du Conseil de l’Industrie Forestière Québécoise, et j’en passe.

Tous ces publicitaires ont deux choses en commun : 1-ils sont critiqués par les groupes de défense de l’environnement et 2-ils n’ont rien à vendre au commun des mortels. Un quidam parmi tant d’autres n’ira pas s’acheter une poutre d’acier ou une tonne de nickel entre deux gratteux. Leur message publicitaire n’a qu’un seul but : sculpter à coups de millions de dollars l’opinion publique. Le seul et unique fait que ces industries se payent des pubs qui disent « nous sommes très gentils » prouve, selon moi, qu’elles ont quelque chose à cacher.

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Oui, elles veulent nous faire croire qu’elles sont belles, gentilles, propres, qu’elles sentent bon et qu’elles se soucient vraiment très beaucoup de notre avenir. Pourtant. Richard Desjardins en sait quelque chose. Ce n’est sûrement pas un hasard si l’annonce télé d’Osisko sort quelques jours seulement avant son documentaire « Trou Story » qui, je présume, va probablement tirer à bout portant sur cette industrie aux pratiques et méthodes souvent remises en question.

En fait, Desjardins s’était déjà fait faire le coup en 2000, peu de temps après la sortie de son film « L’Erreur Boréale ». Vous l’avez-vu ce film? Des images filmées à partir d’hélicoptères et de boîtes de pick-up nous montraient clairement l’état pitoyable de certaines grandes forêts nordiques. Deux ou trois mois après son lancement, le Conseil de l’Industrie Forestière Québécoise sortait un message publicitaire qui imitait le « look » du documentaire de Desjardins, mais qui disait exactement la chose contraire : que tout il était beau, que tout il était gentil dans nos superbes forêts rigoureusement gérées.

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« L’Erreur Boréale » a été vue par : les écologistes, les gens curieux, les gens près des milieux médiatiques et culturels, et certains politiciens, j’imagine. C’est vrai que c’est un film qui a eu une portée immense et qu’il a contribué à faire changer la situation en forêt. Mais la pub du CIFQ a été vue par qui? Par des millions de téléspectateurs à heure de grande écoute!

Et c’est là que j’en arrive au point que je trouve aberrant : les moyens dont disposent ces grands lobbys pour « se défendre », c’est-à-dire bien souvent, « nous bullshiter ». Savez-vous combien coûte une campagne publicitaire de la sorte? Non, madame Giroux de la rue Giroux à Laval-des-Rapides, dix mille dollars n’est pas la bonne réponse. Ça se compte en centaines de milliers de dollars, voire en millions. Savoir que ces corporations, en plus de piller nos écosystèmes, dépensent une fortune pour nous jeter de la poudre aux yeux, me donne envie de vomir.

Mais ça créé de l’Emploi! Ah l’Emploi! Qu’est-ce qu’on ferait pas pour ce sacré Emploi? Des mineurs qui creusent le sol avec leur gros Tonka futuriste au gars bien installé dans sa chaise ergonomique à la mise en ondes du réseau TVA, tous sont payés à un certain degré par ses monstres tentaculaires. Je ne peux blâmer le mineur, qui habite dans une région où la mine est souvent la seule opportunité de toucher un salaire intéressant. Mais, en ville, je pense surtout aux agences de publicité, aux boîtes de production et aux diffuseurs. Je rêve du jour où les BOS, Cossette, Sid Lee, Jet Films, La Cavalerie, TVA, Radio-Canada et autres Astral Télé Réseaux de ce monde vont leur dire : « Eille fuck off! On veut pas vous aider à les concevoir/filmer/diffuser vos crisses d’annonces de menteries de marde! »

Je rêve en couleur, je sais.

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Bon, faut que j’aille m’acheter quelques grammes de sable bitumineux puisque ça semble si bon…