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Les célébrations de la Saint-Jean, ça commence ce soir. C’est vrai. On l’avait presque oublié, non? Pourtant, y’a pas si longtemps encore, c’était la grosse affaire.
Pendant des semaines avant l’événement, on se posait LA question : «Heille, man, quessé tu fais à la Saint-Jean?» Pendant des semaines avant, on s’affairait à choisir LA destination idéale pour faire le party. Normal puisqu’il s’agissait du plus gros party de l’année. Celui dont on allait parler pendant des semaines, voire des mois après.
Fallait que ça soit fou.
Et puis la veille, on se préparait. On achetait une cinq à Mongeau (le pusher de l’école) et on remplissait nos bouteilles Naya avec de l’alcool bummé à nos parents : un petit peu de chaque bouteille, pour ne pas qu’ils se rendent compte de quoi que ce soit. Généralement, ça donnait un espèce de mélange d’amaretto, de rhum, de vodka, de peach snapps et de crème de menthe, d’une couleur étrangement brunâtre.
Le jour J, on était excité comme pas deux. On dessinait des fleurs de lys toutes croches sur nos joues avec des crayons bleus, on collait un drapeau sur notre sac à dos acheté au X20 et puis on partit en route vers Québec, en écoutant «Awikatchikaën» des Cowboys Fringants sur repeat pendant deux heures.
Une fois sur place, on marchait pendant une heure pour trouver les Plaines, on écoutait le show à 1000 pieds de la scène, on attendait deux heures quand on voulait aller aux toilettes et on dormait dans notre char à 5 heures du matin. Mais, tout ça, c’était des détails. Parce que la Saint-Jean, c’était le meilleur party de l’année, rien de moins.
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Aujourd’hui, c’est fou comme les choses ont changé. Juste l’idée de faire trois heures de chars pour trois heures de party nous enlève le goût d’aller à Québec. Ça, c’est sans parler de l’idée d’attendre deux heures aux toilettes et dormir dans son char. Tout ça, le road trip, les toilettes chimiques et le lendemain de veille de deux jours, c’est comme si c’était soudainement moins drôle. Non?
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Ce soir, je fête la Saint-Jean chez une amie, dans un party de maison. On va manger des hot-dogs dans des assiettes et boire de la bière dans des verres sur son nouveau deck (c’est vraiment un beau deck). Y’aura personne de saoul pour crier «Paaaarrrrrttttyyyyy» en nous marchant sur les pieds. Ni de drapeau, ni de traces de fleur de lys.
Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai hâte.
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C’est drôle parce qu’on vient tout juste de remettre notre dernier numéro sur l’âge d’or à l’imprimeur. J’ai passé les trois derniers mois à me demander : «Quand est-ce qu’on devient vieux?» Et, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir une partie de la réponse. C’est pas les cheveux blancs qui nous le font réaliser, mais des petits trucs comme ça, qui te renvoient dans la face que les choses changent et que tu fais le party comme une adulte. Comme si la vie me balançait en pleine face : «Tu vieillis, ma vieille, tu vieillis.»