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Bye Cinéma Beaubien, on se revoit à la fin octobre

Le directeur Mario Fortin met ses lunettes rouges.

Par
François Breton-Champigny
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Depuis mercredi minuit, trinquer dans un bar, jouer aux machines à sous au casino ou aller au cinéma relève du fantasme irréalisable.

Cette nouvelle n’est pas très surprenante, étant donné que la deuxième vague de COVID-19 est en train de nous ramasser tel un gros bouillon à Old Orchard.

Mais pour certains commerçants comme Mario Fortin, directeur général et président de la direction du Cinéma Beaubien, ces mesures sont incompréhensibles.

On s’est rendu à l’institution montréalaise au lendemain de la fermeture de ses portes pour parler avec M. Fortin du futur incertain de son industrie.

Comme une tonne de brique sur la tête

Jusqu’à lundi 17h29, M. Fortin avait espoir que son commerce échapperait à la fermeture. «On pensait qu’on retournerait aux mesures en place au retour de la première vague, c’est à dire 50 personnes maximum par salle et port du masque obligatoire. On ne s’attendait vraiment pas à écoper comme ça», confie-t-il, visiblement découragé.

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C’est de chez lui que le président a appris que le cinéma passait au tordeur comme les bars et les salles de spectacle. «J’ai eu envie de virer une cr*** de brosse, admet en riant un peu jaune le directeur général. J’ai pensé à toutes les choses à faire dans les prochains jours qui vont me déchirer le coeur».

«J’ai eu envie de virer une cr*** de brosse», admet en riant un peu jaune le directeur général.

Au moment de faire l’entrevue, l’homme qui tient le fort du Cinéma Beaubien prévoyait mettre au chômage la quasi-totalité des employés. Comble de l’ironie, l’homme d’affaires confie avoir engagé 6 personnes de plus au début juillet pour s’assurer que les normes sanitaires étaient maintenues en tout temps.

«J’avais déjà 30% de revenu potentiel maximum et 150% de salaires sur le payroll. Pas obligé d’être un comptable agréé pour se rendre compte que c’était pas soutenable», illustre-t-il.

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Mario Fortin confie qu’il a signé une lettre, avec «un paquet d’autre monde», pour demander des comptes au gouvernement en ce qui a trait aux récentes mesures. «L’appareil étatique est lourd, on est pas les seuls à gueuler. Je doute qu’on aille des réponses à nos questions bientôt», laisse-t-il tomber.

«On était tous prêts à faire des efforts pour respecter les règles sanitaires et endiguer la pandémie. On faisait tout ce qu’on nous disait de faire. C’est donc d’autant plus dur à digérer comme décision».

«On était tous prêts à faire des efforts pour respecter les règles sanitaires et endiguer la pandémie. On faisait tout ce qu’on nous disait de faire.»

Au moment d’écrire ces lignes, le premier ministre François Legault a annoncé en conférence de presse que son gouvernement octroierait une aide de 50 millions de dollars au milieu culturel québécois au cours des 6 prochains mois. La ministre de la Culture et des Communications a par la suite spécifié que son ministère était «en discussion avec les associations de propriétaires de cinéma pour trouver la meilleure façon de les aider».

Une file d’attente pour le comptoir à bonbon anormalement vide.
Une file d’attente pour le comptoir à bonbon anormalement vide.
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«La première fois, les autorités nous disaient que les mesures seraient en vigueur un mois. On a été 110 jours fermés. Est-ce qu’on s’apprête à revivre la même chose? On dirait que personne ne peut répondre à ça» se désole le président.

Une clientèle fidèle au poste malgré tout

Dans tout ce bordel covidien, le directeur général se console au moins d’avoir une clientèle fidèle et emphatique. «Après la conférence de presse de lundi, tous nos billets pour les représentations jusqu’à mercredi se sont écoulés en un temps record. Ça a fait chaud au coeur».

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«On a un énorme capital de sympathie. On a reçu une vague d’amour incroyable. On espère juste que les clients vont être au rendez-vous quand on va rouvrir», témoigne M. Fortin.

Pour aider le cinéma à passer à travers cette crise, le président conseille aux gens de mettre de l’argent de côté pour pouvoir s’acheter des billets ou de se procurer des chèques cadeaux.

Pour aider le cinéma à passer à travers cette crise, le président conseille aux gens de mettre de l’argent de côté pour pouvoir s’acheter des billets ou de se procurer des chèques cadeaux. «Évident, on aimerait ça que les gens écoutent les consignes du gouvernement pour que ce confinement dure réellement 28 jours».

Ça serait effectivement une bonne idée si on ne souhaite pas que dans un futur proche, Montréal ressemble à Londres dans le film 28 jours plus tard.

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