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Bruno Haché, joueur de hockey semi-voyant

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Dans le célèbre sketch de RBO «Le hockey des aveugles», les joueurs se fonçaient dedans, swingaient dans le beurre et goalaient à l’envers. Mais qu’en est-il dans la vraie vie? Pour le savoir, Urbania a interviewé Bruno Haché, joueur étoile des Hiboux, une équipe composée de gars atteints d’un handicap visuel. Entrevue mano a mano.

As-tu déjà entendu parler du sketch de Rock et Belles Oreilles?
Ben oui! Je l’ai trouvé vraiment très drôle. D’ailleurs, je recrée souvent la scène où tout le monde tente de frappper tout le monde sur la glace avec mes amis.

Tu l’as déjà vu?!
En fait, je ne suis pas né aveugle. À l’âge de 18 ans, j’ai eu un problème de nerf optique et j’ai commencé à perdre peu à peu la vision. C’est à ce moment-là que j’ai découvert l’existence des Hiboux. J’avais arrêté le hockey à 15 ans au niveau Bantam, mais je n’avais rien perdu de mon coup de patin alors j’ai décidé de m’y remettre et de m’inscrire dans la Ligue.

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C’est quoi la différence entre votre sport et le hockey régulier?
C’est très similaire. La principale différence, c’est qu’on ne joue pas avec une rondelle, mais avec une grosse cannette de V8 peinturée en noire. Sur la glace, on peut l’entendre rouler et patiner vers elle.

Avez-vous des positions bien définies?

Ceux qui voient le moins bien s’occupent des buts. Ils ont moins de surface à couvrir sur la glace et c’est donc plus facile pour eux de se repérer.

Comment font-ils pour arrêter la rondelle?
Il y a le bruit qui les aide, mais il y a aussi les vibrations des joueurs. Disons que lorsque 10 personnes patinent vers toi en même temps… tu le sais assez vite!

Et comment savez-vous lorsque vous avez compté un but?
Les arbitres nous le disent.

Est-il possible d’établir des stratégies de jeu?
Absolument! Le truc, c’est de communiquer. Au lieu de faire des gestes pour se repérer sur la glace, on crie. Et à force de jouer ensemble, on connaît bien les positions de nos coéquipiers.

Et est-ce que ça vous arrive de faire des feintes?

Des fois, on demande à un joueur de l’équipe adverse de nous faire une passe. La plupart du temps, il se rend compte qu’on joue pas dans son équipe parce qu’il s’aperçoit que nous n’avons pas la même couleur de chandail. Faut dire que les maillots des deux équipes sont très évidents : noir et orange.

Y a-t-il de la bataille?

On se bouscule un peu… Mais parfois, sur la glace, on peut subir de bonnes collisions! Quand deux aveugles font un virage sec, disons que ça fait… BANG!

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Avez-vous des fans?
Notre sport soulève une certaine curiosité. Il nous arrive d’être invité à prendre part à des levées de fonds, à jouer avec des célébrités… On a même déjà patiné sur la glace du Centre Bell devant plus de 18000 spectateurs!

Vous avez pas l’impression d’être des bêtes de cirque, parfois?

Pas du tout. C’est un sport pas très connu et c’est une belle façon de faire réaliser au monde que nous aussi, on joue au hockey pour vrai!