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Vanessa Duval est directrice artistique, designer et rédactrice. Elle a fondé le Studio Couleur Vive il y a quelques années et quand elle nous a proposé de nous faire découvrir, à travers un petit questionnaire, des créatrices et des créateurs qu’elle aime et dont elle admire le travail, on a dit : « ben oui, c’est sûr! Quand est-ce qu’on commence? » Cette semaine, c’est avec l’illustrateur Vincent Tourigny qu’elle s’est entretenue (vous avez peut-être déjà reçu une de ses cartes, qui sait?).
Comment décris-tu ton travail à ta mère?
Mon père était un dessinateur industriel, il a travaillé sur les barrages hydroélectriques. Il rêvait d’aller aux Beaux Arts mais m’a découragé à maintes reprises de prendre cette direction. J’avoue que gagner sa vie en faisant des dessins comme je le fais est une réalité floue pour mes parents. Ils savent pourtant que je travaille, car je les appelle souvent pour qu’ils gardent mon fils!!
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Quels projets créés par ton studio pouvons-nous voir dans la ville?
L’illustration dans l’espace public est souvent éphémère. Chaque saison, on peut voir mon travail sur des vitrines commerciales, principalement dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Depuis un an, je m’amuse également à faire des cartes de souhaits que je distribue dans une quinzaine de commerces sur l’île. Il est possible de boire dans un verre ou une tasse, de porter un chandail ou une casquette avec mes dessins, découvrir mes bonhommes sur la cartographie du Champs des Possibles. L’illustration est sournoise et s’immisce dans le quotidien! Je travaille également avec des agences pour des mandats plus corporatifs.
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Comment as-tu su que tu voulais devenir illustrateur?
Depuis l’école primaire, j’ai toujours aimé dessiner. C’était une forme de refuge même. Adolescent, j’ai été impliqué dans la scène graffiti montréalaise. Après un chemin quand même sinueux, j’ai complété des études en illustration et design. Pendant plusieurs années, j’ai fait de l’illustration ici et là. J’étais terrorisé de me lancer à mon compte mais je l’ai finalement fait!
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Un livre que tu recommandes?
Le roman graphique My Friend Dahmer de Derf Backderf, cadeau de ma blonde. Je l’ai passé à mon père qui me l’a aussitôt redonné affublé d’un post-it jaune avec la mention « Too Creepy » collé sur la couverture! L’auteur y raconte son adolescence dans l’Ohio rural des années 70 alors qu’il était ami avec Jeffrey Dahmer, qui deviendra par la suite un tueur en série malheureusement célèbre. Une histoire fascinante où, à travers le cadre banal de l’adolescence, on assiste à la naissance d’un monstre. Ouvrage autopublié à l’origine, ce véritable « page turner » a été adapté au cinéma par la suite.
Collectionnes-tu quelque chose ?
Je possède 5 vélos. J’aime particulièrement les vélos italiens en acier des années 80-90. Il y a quelque chose de classique et de durable dans l’acier que j’aime beaucoup et que l’on ne retrouve pas dans le carbone. J’aime aussi l’esthétique de ces années-là, les dégradés un peu kitsch des années 90 des Colnago ou les designs épurés des années 80 avec les dérailleurs à friction : beaucoup moins efficaces que les nouveaux dérailleurs mais beaucoup plus l’fun à apprivoiser. Aussi, ça me permet rester en forme!
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Personnellement, comment définis-tu le « beau » ?
Le beau c’est ce qui est agréable à l’oeil pour moi. C’est un peu tricky parce que la notion de beau est relative selon les intérêts, les goûts et surtout le contexte socioculturel dans laquelle elle s’inscrit. Sans surprise, mes goûts personnels ont évolués avec le temps. Plus jeune, j’aimais beaucoup la peinture réaliste et le courant lowbrow. La maîtrise technique n’est plus un critère aussi important dans mon appréciation d’une oeuvre. J’admire les illustrations simples, actuelles, qui s’éloignent du pastiche et gardent une signature visuelle distincte; un équilibre pas si facile à réaliser.
Y a-t-il un sujet récurrent dans ton travail?
Je travaille avec les éléments de la culture populaire et l’humour. J’aime bien quand les gens se sentent interpellés et que mes dessins touchent le plus de monde possible.
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Comment définis-tu ton mécanisme de création ?
Derrière chaque homme il y a une femme! Lol. Ma blonde, Cybèle B. Pilon (aussi travailleuse autonome et artiste) m’aide souvent dans le processus d’idéation, elle me dit aussi quand elle pense qu’un concept marche moins bien qu’un autre. Nous nous entraidons souvent. C’est rare que je n’apporte aucune modification à une illustration ou que je garde le premier jet d’une esquisse. Surtout maintenant avec les tablettes graphiques qui permettent de retravailler l’image assez facilement. Une image simple cache souvent beaucoup de travail.
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