Bilan de la première semaine des élections

C’est la première vraie semaine d’élections. Techniquement, c’est la deuxième semaine, mais les politiciens ont fait comme les élèves à la rentrée; ils ont recommencé au milieu de la semaine pour se réhabituer tranquillement à se lever tôt et à se dépêcher à attacher leurs lacets.

Qu’ont fait les partis pendant la fin de semaine? On y reviendra. Mais d’abord, voici en rafale un aperçu des choses…

Le PLQ va essayer de convaincre François Legault qu’il devrait se présenter pour eux à place.

La CAQ va trouver une autre banlieue pour aller promettre qu’un gouvernement caquiste fournirait la piscine hors terre pour tout le monde.

Le PQ va promettre qu’un gouvernement péquiste attacherait les souliers de tous les enfants à leur place.

QS va passer la semaine à ricaner en écoutant Speaking English.

Je vous disais vendredi dernier que les libéraux ont été, contrairement à leurs habitudes, en mode défensif en ce début de campagne. Eh bien ce n’est pas ce week-end qu’ils ont réussi à pénétrer la zone offensive (je fais semblant de connaître le sport, mais j’aime juste le Quidditch).

La grosse histoire du week-end a été la nomination de Gertrude Bourdon comme candidate libérale dans Jean-Lesage, à Québec. PVI, Mme Bourdon est une ancienne infirmière devenue PDG du Centre hospitalier universitaire de Québec.

Le samedi 18 août dernier, La Presse annonçait que Gertrude Bourdon serait candidate pour la CAQ à Québec, après qu’elle ait rencontré les caquistes à plusieurs reprises pour négocier sa candidature. Sauf que Mme Bourdon est ratoureuse : en après-midi, elle est plutôt allée annoncer à François Legault qu’elle ne se présenterait pas… après que l’annonce ait été faite dans les journaux. Coquine, va.

Puis, puisqu’elle aime le drame, mercredi dernier, elle a annoncé qu’elle se présentait finalement pour les libéraux. Elle semblait s’attendre à une réaction du genre : « Wow, trop fort, y’a rien que j’aime plus que des réactions vraiment imprévisibles », mais finalement les électeurs ont trouvé ça un peu girouette.

Philippe Couillard a donc dû passer la fin de semaine à défendre sa candidate, qui était occupée à se mettre le pied dans la bouche sur toutes les tribunes. Après qu’elle ait dit qu’elle n’avait eu que des discussions très informelles avec la CAQ, Martin Koskinen, directeur de cabinet de la Coalition avenir Québec, a publié leurs textos, tel que publiés dans La Presse :

À moins qu’elle pense que « nous » exclut la personne qui dit pas n’importe quoi, ça semble assez clair.

Mais non, Mme Bourdon se dit « piégée ». De la même façon qu’un gars infidèle est « piégé » par sa blonde qui trouve ses textos de bizoune, mettons.

Anyway, selon les derniers sondages, Gertie se ferait battre par la CAQ ET par QS dans sa circonscription.

Se faire battre. Par QS.

À Québec.

Si vous lisez URBANIA, il est très possible que vous soyez un jeune qui habite en milieu urbain. Et si vous avez des enfants, vous devez être le genre de parent weird qui utilise des couches réutilisables.

Alors, ça se peut que les promesses de la CAQ ne vous fassent pas un pli sur la différence. Mais il y a beaucoup de gens au Québec qui habitent en banlieue et qui ont des enfants. Et François Legault CAPOTE sur ce monde-là.

À part partager ses textos avec Gertrude Bourdon, le chef de la CAQ était dimanche à Terrebonne pour annoncer qu’il allait égaliser le taux de taxes scolaires entre les régions, parce qu’en ce moment, il peut y avoir de grandes variations sur le montant de ces taxes dépendamment de la commission scolaire qui vous dessert.

L’ironie, c’est que les maisons devant lesquelles il a fait ses annonces ont vu leurs taxes baisser de 65% et 63% dans la dernière année. Oups.

François Legault a aussi annoncé sa promesse d’offrir la prématernelle pour tous à partir de 4 ans. Si vous avez déjà rencontré des enfants, vous vous dites sûrement que c’est quatre ans trop tard pour les envoyer à l’école, mais bon, ça peut en effet être bénéfique pour l’éducation des plus jeunes.

Le Parti québécois aussi cherche à séduire les familles, assez pour que je commence à penser à avoir des enfants, juste pour que les politiciens viennent dans ma cuisine faire tout ce que je dis.

Anyway.

Le PQ a fait deux annonces visant à soulager le fardeau des familles. La première, c’est que les parents puissent faire acheter les fournitures scolaires de leur enfant par la commission scolaire, plutôt que de prendre le 100$ de subvention fourni par l’État en ce moment.

On va voir c’est qui les péteux qui vont avoir des duo-tangs de Fortnite au lieu d’avoir les duo-tangs standards fournis par l’école.

Ils proposent aussi de construire des cafétérias dans les 30% des écoles qui n’en ont pas encore, pour que tous les enfants aient accès à des lunchs abordables. C’est la cafétéria de mon école primaire qui m’a fait découvrir les pâtes au fromage orange avec des ti-boutes de saucisses dedans, et je leur en voudrai jusqu’à la fin de mes jours.

1. Lisée a également proposé un congé de taxes foncières pour les nouvelles constructions qui installeraient des toits verts sur leurs édifices. Pourtant, Éric Duhaime n’a pas trippé sur cette idée, et ce même s’il a fondé une page qui trippe sur les petits concombres du Québec.

Aussi, il a l’air de trouver que le décrochage des filles, on s’en torche. En tout cas.

Manon Massé s’est elle aussi un peu mis le pied dans la bouche vendredi dernier en déclarant que l’anglais est l’une des deux langues officielles du Québec (c’est faux, la loi 101 stipule que le français est la seule et unique langue officielle au Québec).

Elle s’est vite rétractée, mais ça a amplement donné le temps à ses adversaires péquistes de l’attaquer. Jean-François Lisée y est allé de cette solide remarque : « Mettre les deux langues sur le même pied, c’est mettre les pieds sur la langue française».

Coudonc, il fait-tu du slam, JF?

Gabriel Nadeau-Dubois est également sorti pour rappeler la promesse de Québec Solidaire d’assurer la gratuité scolaire des CPE au doctorat, et c’est sûr que je vais voter le 1^er octobre en tapant sur une casserole en criant : « ON AVANCE, ON AVANCE, ON RE-CULE PAS! »