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Bientôt une méthode de contraception simple, fiable et sans hormones?

Grâce à l'intelligence artificielle, la machine Eli pourrait révolutionner la contraception féminine.

Par
Jessica Beauplat
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À quand une alternative fiable aux méthodes de contraception hormonale? Pour la prochaine année, si tout se passe comme prévu!

Depuis quelque temps, les femmes semblent ressentir une fatigue par rapport aux effets secondaires des méthodes de contraception hormonales les plus populaires, combinée à une perte de confiance envers ces produits et le corps médical. En d’autres mots, on est « à boutte »!

Pour preuve, une vague de vidéos de femmes retirant elles-mêmes leur stérilet a déferlé sur TikTok au printemps dernier avant de reprendre un peu de vigueur cet automne. Une des vidéos les plus vues de cette tendance jusqu’à maintenant montre une tiktokeuse qui revêt des gants de chirurgie pour faire une courte démonstration de la procédure. Mikkie Gallagher affirme que l’intervention ne lui aurait pris que deux minutes. La vidéo cumule plus de 180 000 mentions « j’aime » et a été vue plus de 2 millions de fois.

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Déjà en 2017, le journal de l’Association médicale canadienne (Canadian Medical Association Journal) constatait « une inquiétude croissante concernant les effets indésirables [des options contraceptives et] une érosion de la confiance envers les prestataires de santé alors que de plus en plus de femmes recherchent des conseils en ligne ».

Toujours selon la revue scientifique, 51 % des femmes qui utilisent une contraception hormonale auraient signalé des effets indésirables. Parmi les effets les plus courants, on parle de prise de poids et de maux de tête. Bref, il y a de quoi en rebuter certaines qui, faute d’options sans hormones, préfèrent se passer carrément de méthodes contraceptives, quitte à utiliser des options beaucoup moins fiables comme le retrait.

Sommes-nous en train de revenir en arrière?

Geneviève Landry, infirmière au Centre de santé des femmes de Montréal, avoue d’emblée ne pas être sur TikTok. Elle a pourtant eu vent de la tendance de ces vidéos virales qui circulent sur la populaire plateforme.

Selon elle, cela témoigne d’un manque d’accessibilité aux soins pour plusieurs femmes qui tentent en vain d’obtenir rapidement un rendez-vous chez le médecin. Il faut effectivement s’armer de patience puisque la COVID a exacerbé les délais d’attente. Or, « souvent, quand les femmes veulent retirer leur stérilet, elles veulent l’enlever maintenant », résume l’infirmière. Ce qui expliquerait que certaines « vont choisir de le faire elles-mêmes ».

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Elle soutient que sa clinique souhaite offrir aux femmes toute l’information nécessaire pour qu’elles puissent prendre des décisions éclairées et que le Centre de santé des femmes favorise une approche féministe.

Sans donner de recommandation en ce sens, Geneviève Landry affirme que le risque d’infection en retirant un stérilet soi-même est « pratiquement nul » et qu’une femme peut le faire si elle se sent à l’aise et qu’elle arrive à toucher les fils qui dépassent du stérilet. « Il ne faut pas forcer s’il y a une résistance », met-elle toutefois en garde.

Une nouvelle méthode pour 2022

Marina Pavlovic, qui s’apprête à commercialiser une méthode de contraception sans hormones qui devrait voir le jour au courant de 2022, n’est pas surprise de voir des femmes prendre leur santé en main, littéralement. Elle déplore le manque d’options contraceptives sans hormones sur le marché, un enjeu qui l’a poussée à créer l’entreprise Eli avec son conjoint Thomas Cortina.

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« Quand la pilule est arrivée, ç’a été une innovation incroyable », souligne-t-elle. Or, il y a eu très peu d’innovation au cours des soixante dernières années d’après la femme d’affaires, qui fait remarquer que la plupart des méthodes offertes sur le marché sont soient hormonales ou invasives.

Son entreprise, qui cumule les subventions de divers fonds internationaux, développe à l’heure actuelle un produit qui permettra aux femmes de déterminer la période du mois où leur ovulation est la plus propice – et par le fait même, la période durant laquelle utiliser une méthode barrière comme le condom pour prévenir la grossesse.

Ce produit risque de révolutionner autant la vie des femmes qui veulent éviter de tomber enceintes que le quotidien de celles qui cherchent à l’être!

La machine Eli est dotée d’une intelligence artificielle pour permettre aux utilisatrices d’obtenir rapidement et de manière automatisée des informations précises concernant leur ovulation et leur cycle hormonal.

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La compagnie québécoise compare son appareil à une Fitbit qui suit les hormones et permet de les évaluer sur le long terme, de manière fiable et efficace grâce à divers calculs poussés.

Au lieu de se piquer ou d’uriner sur un bâtonnet comme c’est le cas avec d’autres produits, Eli fonctionne avec des languettes salivaires. On insère l’échantillon de salive dans l’appareil qui lit les données. Celles-ci sont ensuite analysées et transmises sur le téléphone de l’utilisatrice grâce à une application mobile.

Pour la contraception, mais pas que

À l’origine, le produit se voulait uniquement une alternative à la contraception, mais la jeune entreprise reçoit aussi régulièrement des appels de gens qui suivent des traitements d’hormonothérapie, comme des personnes cancéreuses ou encore des personnes trans.

Marina Pavlovic remarque donc un engouement autant de la part de ceux et celles qui doivent suivre leurs hormones régulièrement que de la part de gens qui ont envie de fonder une famille.

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Car encore une fois, la clé pour trouver la meilleure fenêtre de fertilité se cache dans le cycle hormonal. Et cette fenêtre se referme brutalement avec l’âge.

Pour la première fois de l’histoire, la majorité des naissances au Canada proviennent de femmes qui ont leur premier bébé à 30 ans ou plus. Toutefois, en dépit des progrès sociaux, la fertilité décline encore avec l’âge. Ainsi, 91 % des femmes peuvent devenir enceintes à l’âge de 30 ans contre 77 % dès 35 ans.

Cela explique en partie qu’au Canada, 1 couple sur 6 est touché par l’infertilité, et ce nombre a doublé depuis les années 1980 puisque nous attendons plus longtemps avant d’avoir des enfants.

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Ce nouvel appareil pourrait donc aider à concevoir un enfant plus rapidement, ce qui n’est pas négligeable étant donné que « l’infertilité crée un gros stress », dont les effets sont comparables à recevoir un diagnostic de cancer selon une étude citée par la jeune entrepreneure.

Est-ce qu’on s’en va vers le futur? Peut-être bien que oui!