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« Cachez ce sein que je ne saurais voir » disait chose-là. Depuis sa création, on ne peut pas nier l’effet d’attraction de cet élément de l’anatomie féminine; il peut nourrir, exciter, provoquer et même tuer. Dans le dernier cas, la partie intime est confisquée à sa propriétaire et on prie tous les saints — pun intended — pour que le mal disparaisse. C’est ce qui est arrivé à Elisabeth, l’héroïne de la BD Betty Boob de Vero Cazot (scénario) et Julie Rocheleau (dessin).
«Si tu ne peux plus me regarder, je ne veux plus te voir !»
Le couperet est tombé : c’est le Big C. Elisabeth se réveille à l’hôpital un compagnon de guerre en moins. Elle est résignée à son sort et est reconnaissante de ne pas y avoir laissé sa peau. Le retour à la maison est moins réjouissant qu’il aurait dû l’être : son chum n’a plus d’attirance pour elle et éprouve de la répulsion pour son corps. Comment accepter sa nouvelle condition si elle ne peut plus compter sur l’amour enveloppant et absolu de l’être cher ? Elle n’a eu d’autre choix que de lui boucler sa valise et de le foutre à la porte. Tant pis pour le support… so long you, wimp.
« Si tu ne peux plus me regarder, je ne veux plus te voir ! »
Il lui reste encore sa job pour chasser le cafard, mais pour combien de temps ? Travailler chez Trobbon Pourtoy — temple de la vanité à outrance vouant un culte à des standards de beauté hors d’atteinte pour le commun des mortelles — ne fait qu’accentuer son mal-être. Comme édicté dans son contrat, les vendeuses de ce prestigieux magasin se doivent d’avoir deux seins pour y bosser. Alors, on lui montre la porte parce qu’elle refuse de s’équiper d’un nouveau modèle doté d’une technologie de pointe, avec téton rétractable. Il y a pire dans la vie : elle pourrait perdre sa perruque et sa dignité du même coup.
Voir tous ces corps exhibés, tous beaux, tous imparfaits, lui donne envie de célébrer le sien.
Une poursuite effrénée à travers la ville la mène à une troupe de burlesque qui la prend sous son aile. C’est une révélation, une épiphanie, une résurrection ! Elle trouve enfin un peu de répit et le courage de passer à autre chose. Voir tous ces corps exhibés, tous beaux, tous imparfaits, lui donne envie de célébrer le sien.
« No body is perfect, Elizabeth »
Ainsi naît Betty Boob, la nouvelle sensation. Son étoile s’illumine et elle devient une vedette instantanée ; tout le monde en raffole. Elle fait exploser l’internet et son nom est sur toutes les lèvres — même celles de son ex. Mais il est trop tard, car l’effeuilleuse uniboobiste embrasse celles de Nino, performeur musclé de la bande ayant un micropénis, mais un énorme cœur : l’organe le plus important.
Quoi qu’on en pense, les seins sont là pour pour de bon. On leur confère beaucoup de pouvoir, ce qui offre son lot de possibilités quand vient le temps de s’en servir. Alors, aussi bien en faire ce que vous voulez sans qu’on porte de jugement sur vos actions. You do you boo. You do you.