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Beatfaiseurs du mois : Planet Giza

Le trio vient de lancer son nouvel EP « Added Sugar ».

Par
Hugo Bastien
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Peu de gens le savent, mais le Québec regorge de beatmakers absolument incroyables. Ces forces tranquilles œuvrent malheureusement trop souvent dans l’ombre de l’Internet et de celui des rappeurs et rappeuses de la province. C’est donc pour vous faire découvrir ces talents cachés qu’URBANIA Musique vous présente sa série « beatfaiseur » qui, chaque mois, vous fera découvrir un producteur en plus de vous présenter une playlist de son cru.

Voilà déjà quelques années que le trio Planet Giza œuvre dans la scène instrumentale de la province et malgré le jeune âge des membres du groupe, sa feuille de route est impressionnante. Débutant tout d’abord avec quelques titres à gauche et à droite, la formation a lancé en 2016 son premier EP officiel, Road 2 Pharaon, ramenant au goût du jour un son dansant se rapprochant du soul et du funk des glorieuses années 70 et 80. Ils ont ensuite recréé le même exploit en 2017 avec Détour : Zayad City.

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Ce mois-ci, le groupe complète son triptyque en lançant Added Sugar, un projet dans la même lignée dansante que les précédents. En quelques années, Rami.B, DoomX et leur frontmant Tony Stone ont transformé Planet Giza d’un trio de producteurs underground à un véritable groupe de performeurs. Et c’est justement pourquoi ils sont nos beatfaiseurs du mois!

Vous habitez à trois endroits différents au Québec, comment vous êtes-vous rencontrés?

Rami : Moi j’ai rencontré Tony y a un peu plus que 10 ans, quand on jouait au basket pour la ville de Laval. Et je l’ai revu en 2011 quand on a eu des cours d’été ensemble. Y’est venu chez moi une fois et on a commencé à faire des beats et tout. Et Tony a rencontré DoomX à cause de Rowjay, parce que les deux allaient à la même école et ils étaient amis.

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Une fois Tony est allé chez Rowjay, et DoomX était là alors c’est comme ça qu’on a fini par se connaître les trois.

Tony : Beaucoup de gens pensent aussi que je viens de Gatineau, mais je viens pas de là. J’ai habité à Laval et j’allais à l’école à Montréal. Ça fait juste quelques années que j’ai déménagé là-bas.

Comment avez vous découvert le beatmaking?

Rami : Moi c’est vraiment grâce à YouTube. Je suis tombé sur une vidéo d’un gars qui faisait de la musique avec un MPC. Y’en avait de Pete Rock, de Just Blaze, et je regardais ça quand j’étais petit et ça m’a donné le goût d’essayer. Je devais avoir 11-12 ans dans ce temps-là.

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DoomX : Moi j’ai commencé à 11 ans, parce que j’avais rien à faire et j’avais vu une vidéo d’un producer de Montréal. En voyant ça je me suis dit : Wow, comment ils font ça? J’ai commencé à downloader des trucs, checker des tutoriels, et c’est comme ça que j’ai commencé à faire du beat.

Tony : Moi c’est Rami qui m’a montré, quand j’avais à peu près 14 ans.

Les trois vous êtes producteurs pour le groupe, mais depuis cet album-ci, Tony t’as décidé d’ajouter tes paroles et ta voix sur les chansons. Pourquoi exactement?

Tony : On avait vu que sur le dernier projet, les gens appréciaient vraiment Short Notice, et Ladies Move, qui étaient deux chansons avec vocals dessus. C’était vraiment une décision pour changer la vision que les gens avaient du groupe, c’est-à-dire de passer du statut de « simples beatmakers » à un groupe de « vrais artistes performeurs ».

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Effectivement vous êtes passés de beatmakers à groupe avec un chanteur et Tony, toi t’es comme devenu le frontman du groupe tout d’un coup, comment tu vis ça?

Tony : Ah moi j’adore ça! Si la musique est bonne, j’adore ça chanter et rapper. C’était inévitable que ça arrive un jour ou l’autre dans l’histoire du groupe.

Et est-ce que tu sens une certaine pression par rapport à ton nouveau « statut »?

Tony : Je ressens aucune pression parce que je sais qu’on se fait tous confiance entre nous dans le groupe. On fait juste s’amuser, c’est tout.

Avec votre son vous amenez un vibe très danse, presque disco par moment, ce qui est loin du son trap qu’on est habitué d’entendre aujourd’hui. Est-ce que c’est une volonté d’aller à contre-courant?

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Rami : C’est pas vraiment à contre-courant. C’est juste la musique qu’on fait, point. C’est cette musique-là qu’on aime le plus faire depuis le début.

Quand vous sortez des trucs, Hypebeast en parle, Complex aussi. Pourtant au Québec, ça reste assez calme au niveau couverture médiatique. Avez-vous l’impression d’être boudés? Est-ce que c’est parce que votre musique est en anglais?

Rami : C’est sûr que c’est ça en fait. Mais honnêtement on s’en fout. On s’attend à rien des médias d’ici pour vrai.

DoomX : Si on regarde la musique qui passe dans les médias, ça rien à voir avec notre musique alors on s’attend pas à se retrouver-là.

Et pourtant, c’est pas comme si votre musique était pas accessible. Je veux dire, c’est pas de l’expérimental étrange super hermétique. Au contraire, ça s’écoute suuuper bien.

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Rami : Je pense que c’est peut-être juste le fait qu’ils savent pas on est qui.

Je pense que le plus gros move sur l’album, c’est le feat avec Mick Jenkins. Pouvez-vous me raconter comment c’est arrivé? Comment c’est, de travailler avec une légende comme ça?

Tony : Honnêtement, le travail avec Mick Jenkins a été super organique. On a joué la chanson pour lui, et il a vraiment aimé. Pour la pression, on en a pas vraiment eu, mais de voir travailler un artiste aussi talentueux que Mick Jenkins, ça c’était vraiment impressionnant.

En tant que trio, allez-vous continuer à produire pour d’autres artistes aussi?

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Rami : Hier on a fait un beat avec Kallitechnis.

DoomX : Sinon on a pas vraiment d’artistes avec qui on est train de travailler live, mais ça va venir éventuellement. C’est dans nos plans.

Et comment vous approchez le travail pour les autres versus celui que vous faites sur vos projets à vous?

Rami : Pour nous c’est la même affaire, c’est juste que si on fait une track pour un artiste et qu’il ne la prend pas, on va la garder et Tony va rapper dessus. Y a rien qu’on fait qu’on met à la poubelle. Tout ce qu’on fait sert à quelque chose.

L’album s’appelle Added Sugar, ce serait quoi le sucre que chacun ajoute au groupe?

Tony : Moi I guess que c’est les vocals, c’est sûr. Mais en ce qui concerne la production, quand on fait une track, on travaille toujours les 3 ensemble sur la chanson. On peut tout faire : les drums, la mélodie, etc. C’est pas une recette qu’on fait : c’est un melting pot.

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Rami : En gros, tout ce qu’on peut faire, tout le reste du groupe peut le faire aussi.

Et pour les paroles et les thèmes des chansons, qui décident de ce que Tony va parler?

Tony : Pour les paroles, des fois les gars me disent : parle de ça ou ça, mais souvent ils me donnent plus des suggestions au niveau du mood de la chanson, plutôt que des paroles.

Y a beaucoup de chanson sur l’album qui parlent de relations amoureuses, sexuelles. Pourquoi ce thème-là en particulier?

Tony : Je pense que c’est juste qu’il y a beaucoup de filles dans mon passé… et maintenant aussi haha! Je pense juste beaucoup à ça, j’imagine, haha! Je trouve aussi que la musique se doit d’être réelle, donc j’essaie de rester proche de moi.

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Maintenant que le EP est sorti, c’est quoi la prochaine étape pour Planet Giza?

Rami : Faire des shows, voyager. On va y aller à notre rythme, voir les réactions sur le projet. On travaille sur d’autres petits trucs à côté.

En terminant, nous avons demandé à l’artiste de nous créer une playlist de ses chansons du moment. Voici donc la sélection de nos beatfaiseurs du mois, Planet Giza.

Vous pouvez suivre Planet Giza ici.

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Pour écouter leur musique, c’est ici.

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